G8 : Les positions d'Attac by Attac-France Thursday May 08, 2003 at 03:08 PM |
Texte sur le G8
Nous dénonçons les conséquences des politiques instaurées et imposées par un directoire de gouvernements qui prétendent gouverner la planète. Ces politiques ont des conséquences désastreuses pour tous les peuples. Nous voulons affirmer la responsabilité des dirigeants de ces pays dans cet état de choses.
28/04/2003 de proposition
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Nous dénonçons les conséquences des politiques instaurées et imposées par un directoire de gouvernements qui prétendent gouverner la planète. Ces politiques ont des conséquences désastreuses pour tous les peuples. Nous voulons affirmer la responsabilité des dirigeants de ces pays dans cet état de choses. Nous voulons affirmer que des politiques alternatives peuvent être mises en place immédiatement, qu'un autre monde, plus juste est possible. Nous voulons affirmer que ce directoire est illégitime, que les chefs de gouvernement des huit pays les plus riches et les plus puissants, réunis dans le G8, n’ont aucun mandat pour gouverner le monde ; nous exigeons la dissolution du G8.
Nous ne voulons plus d’un monde injuste
- Nous ne voulons plus d’un monde où les droits élémentaires de l’ensemble des habitants de la planète (alimentation, éducation, santé, culture, énergie, information, accès à l’eau, au logement, à un travail décent, à la retraite, etc.) ne sont pas respectés.
- Nous ne voulons plus d’un monde fondé sur les inégalités croissantes entre les citoyens d’un même pays, et entre les pays.
- Nous ne voulons plus d’un monde de discriminations à l’égard des femmes, des peuples indigènes, des migrants, des jeunes, des syndicalistes, des personnes handicapées.
- Nous ne voulons plus d’un monde qui sacrifie les générations futures par le gaspillage des ressources non renouvelables et la destruction des milieux naturels
- - Nous ne voulons plus d’un monde fondé sur la marchandisation généralisée, la banalisation du vivant et la réduction de la diversité, l’appropriation privée des biens publics, la restriction de l’espace publics et l’inégal accès aux droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels.
- Nous ne voulons plus d’un monde fondé sur le déni des libertés individuelles et collectives, l’intolérance, le réarmement moral, la criminalisation des mouvements sociaux et citoyens.
- Nous ne voulons plus d’un monde fondé sur la loi du plus fort et le terrorisme d’État qui organise l’insécurité généralisée, et dont la “ guerre sans limites ” est le plus récent et le plus criminel développement.
Nous mettons en cause la responsabilité politique des dirigeants des pays du G8
- L’injustice qui caractérise cet état du monde n’est pas une fatalité, elle est la conséquence des politiques économiques et sociales que les dirigeants du G8 ont imposé ; ils en portent la responsabilité politique première, avec les dirigeants des pays qui les ont accepté.
- Les dirigeants des pays du G8 ont donné tous les pouvoirs économiques et financiers aux marchés financiers et aux transnationales, instaurant ainsi une dictature des actionnaires et des créanciers et en subordonnant à leurs intérêts tous les pouvoirs publics.
- Les dirigeants des pays du G8 ont remis en question la décolonisation à travers leur gestion de la crise d’une dette dont ils sont largement responsables, et à travers l’imposition de l’ajustement de chaque société au marché mondial.
- Les dirigeants des pays du G8 ont accentué les inégalités à un niveau jamais connu, favorisé la concentration des richesses, encouragé les paradis fiscaux, l’impunité financière et les facilités aux capitaux maffieux, remis en question les mécanismes de redistribution des richesses et les systèmes fiscaux, démantelé les services publics, remis en question les statuts salariaux et la protection sociale, précarisé le travail, réduit les salaires, réglé les crises financières par l’accroissement vertigineux de la pauvreté, du chômage et des exclusions.
- Les dirigeants des pays du G8 ont vidé de leur contenu les institutions internationales représentatives de l’ensemble des pays en s’érigeant en directoire de la planète.
- Les dirigeants des pays du G8 ont érigé les institutions financières internationales, particulièrement le FMI et la Banque mondiale, en gendarmes de l’ordre mondial néolibéral.
- Les dirigeants des pays du G8 ont subordonné, à travers l’Organisation mondiale du commerce, tous les droits fondamentaux au droit des affaires, et ont, au nom de la concurrence, laissé libre cours aux agissements des oligopoles.
- Les dirigeants des pays du G8 ont mis en place, notamment avec l’Otan, un gigantesque appareil militaire impérial dont ils ont délégué le commandement aux États-Unis. Cet appareil menace de frapper tous les pays et toutes les forces politiques et sociales s’opposant aux intérêts dont ils sont les porte-parole.
Nous réclamons dans l’immédiat d’autres politiques
- Le monde n’est pas condamné à subir les ravages de la mondialisation néo-libérale qui s’oppose à la mondialisation solidaire dont nous nous réclamons. De nombreuses propositions existent pour rendre, sans attendre, ce monde moins injuste.
- Nous réclamons, dans l’immédiat, l’annulation de la dette des pays du Sud, déjà payée plusieurs fois, la récupération, par les peuples, des détournements et de la corruption en dépôt dans les banques internationales.
- Nous réclamons, dans l’immédiat, l’interdiction et l’élimination des paradis fiscaux, judiciaires et bancaires, et la levée de l’impunité de la criminalité, y compris dans sa dimension financière internationale.
- Nous réclamons, dans l’immédiat, la mise en œuvre du programme d’urgence, préconisé par le PNUD, permettant d’assurer l’accès de la population mondiale aux services essentiels de base (sécurité alimentaire, eau, assainissement, éducation, santé, énergie domestique).
- Nous réclamons, dans l’immédiat, la mise en œuvre d’un système international de redistribution des richesses, et particulièrement l’instauration d’un système de taxes globales, dont la taxe sur les transactions financières plus connue sous le nom générique de taxe Tobin, et les écotaxes, et leur affectation au financement du développement, en commençant par l’accès pour tous aux droits fondamentaux.
- Nous réclamons, dans l’immédiat, l’adoption du protocole additionnel sur les droits économiques, sociaux et culturels, préparé par la Commission des droits humains des Nations unies, et qui prévoit l’universalité des droits, leur justiciabilité et la création d’instances de recours pour les citoyens victimes de violation de ces droits
- Nous réclamons, dans l’immédiat, la reconnaissance des formes de démocratie participative, complémentaire de la démocratie représentative dont le respect doit être réaffirmé, permettant de fonder le changement sur l’engagement des citoyens.
- Nous réclamons, dans l’immédiat, la subordination des règles de l’OMC aux normes de l’Organisation internationale du travail (OIT), ainsi que des traités, conventions et accords internationaux sur l’environnement, l’exclusion des biens communs globaux (éducation, santé, culture, eau, etc.) des règles de l’OMC.
- Nous réclamons, dans l’immédiat, un moratoire dans la négociation de l’Accord général sur le commerce des services (AGCS) tant que n’aura pas été conduite une évaluation, publique et contradictoire, de l’ensemble de cet accord et de son application par secteurs ; en attendant, nous demandons la suspension de toute nouvelle négociation, ce qui implique le refus de toute les “ offres ” de libéralisation.
- Nous réclamons, dans l’immédiat, le respect des accords internationaux sur l’environnement.
- Nous réclamons, dans l’immédiat, l’interdiction des organismes génétiquement modifiés (OGM) dans le domaine de l’agriculture et de l’alimentation, aussi longtemps que la preuve scientifique de leur innocuité n’aura pas été apportée.
- Nous réclamons, dans l’immédiat, l’obligation de consulter directement les peuples concernés pour la ratification des programmes imposés par les institutions internationales, des accords régionaux et des traités de libre-échange, par exemple la Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA), l’ALCA en espagnol.
Nous affirmons la possibilité d’un autre monde plus juste
- Ces propositions sont susceptibles d’une application immédiate. Elles ne sont possibles que dans le cadre d’un changement de politique. Celle-ci n’est ne peut résulter que d’une mobilisation massive des peuples se nourrissant de la prise de conscience des injustices globales, et intimement liée à l’espoir d’un autre monde plus juste possible.
- L’émergence d’un mouvement planétaire de résistance à la mondialisation néo-libérale, d’émancipation des peuples et de refus de la guerre impériale est indiscutable. Il incorpore chaque jour de nouvelles forces sociales et citoyennes. Il progresse dans les opinions publiques, de plus en plus hostiles aux politiques néolibérales et favorables aux alternatives portées par le mouvement social et citoyen mondial.
- Cette évolution pèse déjà sur l’évolution de certains pouvoirs. On a pu le voir avec l’opposition à l’OMC de l’Afrique du Sud, du Brésil et de l’Inde sur les médicaments génériques ; avec la place des mouvements populaires dans l’évolution politique au Brésil, en Equateur, au Venezuela, en Corée du Sud ; avec les positions de l’Allemagne, de la France, et de la Belgique sur la guerre américaine annoncée.
- Le G8 n’a aucune légitimité pour exercer son directoire sur le monde. Même si certains de ses dirigeants ont été démocratiquement désignés pour diriger leur pays, aucun n’a reçu de mandat pour diriger le monde. C’est pourquoi nous nous opposons à l’existence d’un directoire formé par les chefs d’État ou de gouvernement des pays les plus riches et les plus puissants du monde, de surcroît presque tous anciennes puissances coloniales. La disparition du G8 ne présente aucun danger pour le monde ; les régulations qu’il a imposées ne peuvent être considérées comme positives : toutes auraient pu être prises dans le cadre des Nations unies. Nous nous opposons aussi à toute proposition de “ relookage ” du type G15, G20 ou G28, qui sont seulement des directoires censitaires rendant encore plus difficile la nécessaire redéfinition d’un système international qui fasse progresser la démocratie mondiale.
C’est pourquoi,
Nous contestons la légitimité du G8 et nous exigeons sa dissolution.