[Le Raconteur Belge] Guerre en Irak: l'Appel de juristes de droit international (extraits) by Vincent Decroly Wednesday May 07, 2003 at 11:21 PM |
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[Le Raconteur Belge]
Guerre
en Irak L'Appel
de juristes de droit international (extraits) "Le
déploiement militaire des Etats-Unis et du Royaume-Uni aux frontières
du territoire irakien, ainsi que la recrudescence de leurs attaques
aériennes contre certaines parties de ce territoire, montre que
celui-ci est menacé d'une guerre généralisée. Sur
ce dernier point, les soussignés rappellent qu'il n'existe pas
de conception d'un " nouvel ordre mondial " qui permettrait
un recours unilatéral à la force au bénéfice
de certains Etats pour prétendument garantir le respect du droit
international. L'un des grands acquis du XXe siècle est précisément
la mise "hors la loi" de la guerre, en particulier par la
Charte des Nations Unies sur la base de laquelle les principes fondamentaux
suivants ont été élaborés :
- la menace ou l'emploi de la force sont interdits et les Etats sont
tenus de régler pacifiquement leurs différends ;
- une guerre d'agression constitue un crime contre la paix ;
- la légitime défense suppose l'existence d'une agression
armée préalable ; la " légitime défense
préventive " n'est, par conséquent, pas admise en
droit international ;
- le Conseil de sécurité dispose de la responsabilité
principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales.
Le déclenchement unilatéral d'une guerre généralisée
contre l'Irak (
) constituerait une rupture de la paix et un crime
d'agression qualifié comme tel par le droit international ; ce
crime engagerait la responsabilité non seulement des Etats concernés,
mais aussi des individus qui, volontairement et en connaissance de cause,
ont participé à sa perpétration. Toute participation
à une telle guerre aux côtés des Etats-Unis, y compris
toute aide sous quelque forme que ce soit apportée aux Etats-Unis
par des gouvernements tiers ou une organisation régionale, constituerait
aussi une violation du principe du non-recours à la force.
Depuis plusieurs mois, la plupart des médias se borne à
rapporter sereinement ces faits en les accompagnant, le plus souvent,
de commentaires techniques sur les forces en présence, les meilleures
conditions météorologiques, les plans d'invasion, les
armes et autres moyens utilisés, la durée de l'opération,
les réactions de l'armée irakienne, etc. On s'intéresse
également aux aspects économiques du problème :
quels seront les effets d'une guerre éventuelle sur l'économie
? Seront-ils bénéfiques ou néfastes - en particulier
pour l'Occident - sur les marchés des matières premières,
sur les cours boursiers, sur la croissance ? Parfois, quelques considérations
éthiques ou humanitaires émaillent le propos. En revanche,
le droit, en particulier le droit international, est à peu près
totalement absent de la réflexion.
Les juristes soussignés regrettent, d'une part, cette banalisation
d'une guerre annoncée et, d'autre part, cette indifférence
à l'égard de la dimension juridique (dans ce qu'elle a
pourtant de plus élémentaire) des relations internationales.