[Le Raconteur Belge] Ventes d'armes: Mexique 2000 by Vincent Decroly Wednesday May 07, 2003 at 11:02 PM |
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[Le Raconteur Belge]
Ventes
d'armes Mexique
2000 Louis
Michel, Jean-Claude Van Cauwenberghe et Serge Kubla s'offusquent de
l'idée d'un débat parlementaire
Le
27 avril 2000, Louis Michel, ministre des Affaires étrangères,
annonçait publiquement la livraison de 500 P90 et de munitions
produits par la Fabrique Nationale (FN) de Herstal à la police
mexicaine. Un mois plus tard, le 24 mai, les autorités mexicaines
annulaient cette commande, suscitant la colère d'un Louis Michel
qui abandonnait, l'espace d'un instant, son costume de grand chevalier
blanc, promoteur d'une politique étrangère éthique,
pourfendeur des dictateurs (l'affaire Pinochet), et défenseur
de la démocratie (l'arrivée de l'extrême droite
au pouvoir en Autriche) Que
s'était-il passé ? Entre l'annonce de l'octroi de la licence
d'exportation d'armes et le retrait de la commande du Mexique, la polémique
a enflammé l'hémicycle parlementaire. Dans un premier
temps, face aux réactions d'indignation, le ministre libéral
a suspendu la licence afin de vérifier la destination exacte
des P90, des armes " capables de perforer 48 couches de kevlar,
soit 5 gilets par-balles, à 150 mètres de distance (1)
" et qui devaient servir, selon les autorités mexicaines
à la lutte contre le narcotrafic ! L'administration
des Affaires étrangères, par laquelle passe le dossier
avant d'arriver sur le bureau du ministre, avait signalé à
ce dernier que la situation de conflit interne régnant au Mexique
contrevenait aux exigences du Code de conduite européen en matière
d'exportation d'armes. Selon ce code, les Etats membres sont invités
à n'autoriser que les ventes d'armes qui satisfont à certains
critères, dont l'absence de tensions ou de conflits armés
ainsi que le respect des droits de l'homme. Mais contre l'avis de l'administration
et d'Amnesty International, qui réclamait l'interdiction de cette
vente, Louis Michel a octroyé la licence d'exportation. D'ailleurs,
pour Monsieur Kubla, ministre libéral wallon de l'économie,
ce pays est " parfaitement fréquentable (2)
". Il est vrai que son fils n'est pas un jeune indigène
opprimé du Chiapas (3)
"
Que le même vice-Premier ministre PRL [Louis Michel] s'indigne
aujourd'hui du capotage de la transaction (
), on ne peut que s'en
étonner. Il rejette par là les conséquences possibles
d'une transparence qu'il a lui-même initiée. Il refuse
par là le prolongement potentiel sinon logique de principes moraux
dont il aime par ailleurs se prévaloir (4)".
La transparence, le débat, le ministre est pour
si cela
sert de décoration. Si des parlementaires, par contre, font le
travail pour lequel ils ont été élus et en viennent
à contester les décisions du ministre, là, on dépasse
les bornes : " Le risque était grand de perdre ce marché.
Les parlementaires ne sont pas exemptés de mesurer la portée
de certains comportements fondés uniquement sur l'émotion
ou des discours faciles ou réducteurs. Les effets diplomatiques
et économiques du refus de prendre en compte les différentes
facettes et les implications de ce genre de dossier conduisent inéluctablement
à porter préjudice aux intérêts économiques
et sociaux de notre pays (5)
", affirmait Louis Michel, suite au retrait de la commande
par le Mexique. Le Ministre ne décolérait pas. Il accusait
clairement le jeudi 25 mai les parlementaires de s'être livrés
à une surenchère partiale et irresponsable. Le chef de
la diplomatie belge menaçait aussi pour l'avenir d'user "
totalement de ses prérogatives fondées sur (sa) responsabilité
pleine et entière en la matière ". Pour
Jean-Claude Van Cauwenberghe, Ministre-Président du gouvernement
wallon, et socialiste à ses heures, " il n'est pas normal
que des parlementaires flamands perturbent notre capacité d'exportation
(6) ". On ramène, de manière simpliste,
l'affaire à la question Nord/ Sud. Mais Mr Van Cauwenberghe est-il
le mieux placé pour juger, son gouvernement étant l'unique
actionnaire de la FN de Hertsal, entreprise publique à 100% depuis
son rachat en 1997 au groupe français GIAT ? Laissons
le dernier mot à Serge Kubla
Pour cette éminence
du parti libéral, " la politique de ventes d'armes ne
se discute pas sur la place publique, par nature (sic). Et il
ne faut pas se laisser empiéter par des ONG qui veulent politiser
le dossier ". Pour le contrat mexicain, "il y a eu
une fuite, puis l'action des ONG et un débat parlementaire. Il
faut changer de méthode, dit le ministre, mais "sans
brimer la démocratie" (7),
ajoute-t-il. Vous voyez une contradiction dans ces propos ? Allons,
allons, mauvais bougre, va ! *** Notes: (1)
La Libre Belgique, 28 avril 2000. (2)
L'Echo, 26 avril 2000. (3) La société qui gère
la FN est la SOGEPA. Fin 2001, Serge Kubla a remanié les sociétés
de participation autour d ela SOGEPA, en en créant une nouvelle,
la FWPMI. dont l'un des administrateurs s'appelle ... Laurent Kubla.
et Laurent Kubla, c'est le fils de Serge Kubla. Voir "La Wallonie
une jeune démocratie". (4)
La Libre Belgique, 26 avril 2000. (5) Le Soir, 26 avril 2000. (6) La
Libre Belgique, 2è avril 2000. (7) Le Soir, 8 juin 2000.