arch/ive/ief (2000 - 2005)

DHKC 297: La résistance des peuples ne finit pas!
by DHKC Wednesday April 16, 2003 at 01:03 PM
dhkc@post.com 00 32 2 280 22 28 190, rue Stevin 1000 Bruxelles

Communiqué du DHKC concernant la "chute de Bagdad".

Date: Le 13 avril 2003 Communiqué: 297

Les pays peuvent être occupés;
La résistance des peuples ne finit pas!

QUE LES ENNEMIS DES PEUPLES NE SE REJOUISSENT PAS;
QUE LES AMIS DES PEUPLES NE S'ATTRISTENT PAS!
QUE CEUX QUI FONT LA FÊTE OU CEUX QUI DESESPERENT PARCE QUE ‘BAGDAD EST TOMBEE!' NE SE PRECIPITENT PAS!

Attendez, l'Histoire n'a pas encore donné son verdict!

Attendez, cette guerre n'est pas une guerre de trois ou cinq jours, ni une guerre qui se limite à l'Irak.

Attendez, l'effondrement des empires a commencé au moment où ils semblaient être les plus puissants.

Attendez, le monde verra, l'histoire écrira; l'Empire américain se mettra à genoux face aux peuples en résistance!

Bagdad est tombée! L'Irak est sous occupation. Les proaméricains font des bonds. Ils se servent de leur "victoire" pour humilier le peuple irakien. Leur frénésie propagandiste sur "l'invincibilité" de l'Empire américain les met en transe. Bagdad est tombée! L'Irak est sous occupation. Est-ce vraiment la "victoire" de l'Amérique? Les médias de l'Amérique et de ses collaborateurs cherchent à tout réduire à la "chute de Bagdad" et à "l'écroulement des statues".
Ce qui est plus important que les pronostics sur la durée de résistance de Bagdad ou que la destruction des statues de Saddam, c'est le fait que l'Irak soit occupée. L'occupation de l'Irak constitue un pas supplémentaire dans le plan impérial américain d'asservir les peuples. Le bombardement médiatique que l'on connaît aujourd'hui sert précisément à faire oublier cette réalité.
La chute de Bagdad n'a pas réussi à faire oublier la résistance d'Oum Qasr, ni les combattants fédayine qui ont fait une bombe de leur corps, ni les milliers d'Irakiens tombés durant la résistance, ni ceux qui continuent à tirer sur les yankees, ni encore les maudissements que les peuples du monde entier profèrent à l'encontre des Etats-Unis d'Amérique.
Quelle qu'aie été la durée de la résistance, le peuple irakien n'a pas accueilli ses envahisseurs avec des fleurs. Telle est la réalité. Durant l'occupation, le sang de milliers de patriotes a été versé. L'histoire n'a jamais retenu la victoire d'envahisseurs sur des terres où le sang a été versé.
Que veut dire la victoire? Qu'est ce que la défaite? La réponse à cette question repose dans les profondeurs de l'histoire.
Ceux qui concluent à la victoire et la défaite après trois ou cinq jours se trompent. Ils finissent toujours par changer leur analyse "au jour le jour". Ils se mettent dans tous leurs états: du mépris à l'étonnement, de l'extase au désespoir. Ces impulsifs doivent savoir que les peuples, qu'ils soient sans cesse assassinés ou soumis à l'occupation, n'acceptent jamais la défaite.
Depuis 1991, l'impérialisme américain tente d'intimider les peuples du monde avec ses bombes "imparables" larguées en Irak, en Yougoslavie, en Afghanistan, puis une nouvelle fois en Irak. Cependant, face à lui, il y a toujours les peuples et ces peuples n'ont jamais été impressionés outre mesure. Au contraire, plus l'Amérique fait montre d'injustice, d'iniquité et de terreur et plus le ressentiment, la résistance et le combat des peuples grandissent. Cette résistance va s'accroître et va graduellement devenir plus conséquente. Ce n'est pas seulement notre désir. C'est aussi le processus historique qui oblige.


Les impérialistes peuvent-ils apporter la "liberté"?

En treize ans, toutes les théories farfelues sur l'impérialisme apparues depuis 1990, se sont écroulées. Face à nous, comme l'a défini Lénine, il n'y rien d'autre qu'un capitalisme monopolisé parasite, pourri et expansionniste. L'Empire américain, c'est la domination mondiale sur le plan économique et politique des monopoles impérialistes.
Des suites des attentats du 11 septembre, le terme "d'Empire" a pris un sens plus ostensible, ce qui a forcé les apologistes de la théorie de "l'impérialisme (qui) a changé" ou de celle qui affirme que "désormais, dans un monde monopolaire, les interventions des USA et de l'UE sont destinées à apporter les droits de l'homme et la démocratie dans ces pays", à fermer leur clapet.
Les apologistes de ces théories veulent raviver celles-ci avec le "succès" des Américains en Irak. Or, au contraire, les massacres et l'occupation de l'Irak signifient de manière flagrante la faillite de ces théories.
La liberté instaurée en Irak est une liberté qui assassine. C'est une liberté qui pille les ressources nationales de l'Irak. Cette situation est tellement notoire que même la presse impérialiste en fait un sujet d'humour et de dérision.
Dans cette situation, ceux qui affirment que "l'occupation de l'Irak va ouvrir la voie à des développements démocratiques dans la région" doivent s'interroger sur ce qu'ils font et sur qui ils veulent rendre service.
Peut-on parler de démocratie sous une occupation ouverte ou secrète par l'impérialisme? Là où l'on plante le drapeau de l'Amérique aux prix de massacres et au prix d'une occupation, peut-on réellement parler de développements démocratiques?
Si oui, alors l'Empire américain est légitime! Les occupations perpétrées par l'Amérique sont légitimes!
Si c'est le cas, si l'Amérique a effectivement apporté la liberté à l'Irak, ces ‘théoriciens' doivent défendre que de tous temps, les interventions américaines "ont servi à ouvrir la voie aux développements démocratiques". Si c'est la cas, alors, il leur faut soutenir l'occupation par l'Amérique de tous les pays où elle a installé des régimes fascistes et anti-démocratiques!
Alors ceux qui défendent cette opinion doivent défendre l'Empire américain de manière inconditionnelle et sans aucune hésitation.
Puisque l'Amérique sème la démocratie à tous vents, puisque l'on ne peut atteindre la liberté que sous le drapeau américain, puisque les "dictatures" ne peuvent être renversées qu'avec l'aide de l'Amérique, ceux qui militent au nom de la "gauche", du "nationalisme" ou de la "défense de la cause kurde", doive défendre ouvertement l'Empire américain comme le fait admirablement Ertuðrul Özkök. Il n'y a pas de sens à murmurer que l'Amérique instaure la démocratie et de dire à demi voix "non à la guerre".
Au nom de la gauche, dire "si vous n'agissez pas, ils vous font agir" (si vous n'exécutez pas leurs demandes, ils vous y forcent) en montrant l'Irak à l'oligarchie, s'avère être une attitude inacceptable pour toute personne qui raisonne selon des principes de gauche, pour la conscience et le bon sens. Au nom de la gauche, considérer que l'Amérique va ouvrir la voie à la démocratie n'a rien à voir avec les idées de gauche.
Les apologistes de ces théories, qu'ils soient "opposants irakiens" ou nationlistes kurdes comme Barzani et Talabani ont tous un point commun. Ils veulent être le pouvoir au prix du sang des peuples, au prix de l'occupation de pays entiers! Ces luttes pour le pouvoir sont menées au nom de l'Amérique.
Comme si hormis eux, il n'y avait pas des centaines de peuples et de pays qui existaient. Comme si le monde n'existait pas. Pour eux, il n'y a qu'eux. C'est cela le nationalisme. C'est l'expression même de l'étroitesse de l'horizon du nationalisme ainsi que de son égocentrisme. Cette mentalité soutient, au nom de ses intérêts, un Empire qui signifie pour les peuples tyrannie, exploitation et humiliation.
Le "nationalisme turc" n'est-il pas du même accabit? Au nom des "intérêts de la Turquie", n'a-t-on pas approuvé l'assassinat des peuples d'Irak?
Les collaborateurs appelés "opposants irakiens", les collaborateurs comme le duo Talabani-Barzani qui acceptent d'être des soldats de l'Amérique et ceux qui légitimisent ces politiques seront maudits par les peuples. Tout le monde peut en être sûr. Peut-on dire que ceux qui adoptent une telle politique sont, dans cette guerre, du côté du peuple?


Comment les révolutionnaires doivent-ils analyser la situation?

Il ne subsiste plus un seul doute quant aux intentions et aux méthodes de l'Empire américain.
Les forces, les nations, les Etats, les organisations qui n'acceptent pas complètement la capitulation face à l'impérialisme entrent d'une manière ou d'une autre dans la ligne de mire des Etats-Unis. Ces derniers vont tenter par tous les moyens, économique, politique, militaire, pour obtenir leur soumission.
Les peuples confrontés aux pressions de l'Empire n'ont qu'une seule alternative: résister par tous les moyens stratégiques et organisationnels contre l'impérialisme.
En dehors de cela, ceux qui espèrent être épargnés en négociant avec l'Amérique ne comprendront que trop tardivement qu'il sera trop tard. Le monde donne un tableau suffisamment cinglant à ce sujet. Les pays arabes qui n'ont pas fait montre d'une attitude ferme face à l'agression contre l'Irak, les organisations kurdes ou arabes qui ne se sont pas opposées à cette agression connaîtront le même sort. C'est inéluctable.
La tâche des révolutionnaires est de défendre L'UNITE ET LA FRATERNITE ENTRE LES PEUPLES. A une époque où l'Empire américain publie des listes noires dans lesquelles il aligne ses cibles UNE A UNE, où il tente de dominer par des massacres, il est plus impératif que jamais de se ressasser et de faire appliquer l'unité, la solidarité et la fraternité entre les peuples.
Dès le début, nous l'avons clairement affirmé: nous sommes du côté du peuple irakien sans la moindre hésitation. Nous défendons la résistance national irakienne de manière résolue. Encore une fois, nous sommes aux côtés de l'Irak. Dire "Nous sommes tous Irakiens!", c'est lutter contre ceux qui assassinent le peuple irakien et qui occupent ses terres.
Clamer "non à la guerre", ou "nous sommes Bagdad", puis légitimiser l'occupation de l'Irak et les envahisseurs est une attitude qui n'a rien à voir avec les intérêts du peuple.
Les peuples peuvent changer la face du monde en combattant l'impérialismet et les pouvoirs qui lui sont inféodés. Les guerres nationales d'indépendance vont immanquablement regagner en importance parmi les peuples.
Il faut envisager la lutte avec un contenu anti-impérialiste, anti-oligarchique et dans une perspective de révolution ininterrompue. Les luttes non abordées avec ce contenu ne peuvent obtenir le recul, l'affaiblissement et la destruction de l'impérialisme. Un paradoxe oppose aujourd'hui le nombre impresssionant de gens qui paradent dans les rues du monde entier à l'inconséquence des forces d'opposition en général. La raison de ce paradoxe est l'absence de cette prise en main de la lutte sous l'angle cité plus haut. Il n'existe en effet d'autre voie de libération que celle que rendent possibles la destruction des pouvoirs oligarchiques puisant leur force de l'impérialisme sur base de l'unité de tout le peuple, l'instauration de l'indépendance et de la démocratie et l'avancée vers le socialisme à travers la liquidation du capitalisme selon la conception de la révolution ininterrompue.
Il n'est pas possible pour les peuples de s'appuyer sur une autre alliance, ni une autre force. Les Etats tels l'Union européenne, la Chine ou la Russie, qui se présentent comme des "opposants à la guerre" ont eu une attitude manifestement hypocrite. Il est clair pour les peuples que ces entités ne sont pas des alliés "fiables". Ces Etats n'ont fait qu'observer les massacres et l'occupation de l'Irak. L'état d'observation de l'UE, la Russie et la Chine avait l'air d'être une approbation plutôt qu'une véritable opposition. Il s'agit de la même attitude que celle observée durant l'agression US contre la Yougoslavie et l'Afghanistan. Maintentant, ces puissances tentent de bénéficier d'un morceau du gâteau irakien et d'être partenaires dans le pillage des ressources de l'Irak.
Les peuples ne parviendront à la libération que par leur force, leurs organsiations et leur combat.
Les opinions qui prétendent que "le monde a changé" ou que "nul ne peut désormais résister à l'Amérique" sont des opinions concoctées dans les quartiers-généraux impérialistes. C'est là que sont formés les Talabani, Barzani et consorts. Ce sont précisément les idées que l'Amérique veulent imposer aux peuples.
Les peuples voient qu'accepter cela revient à accepter la famine, la misère et l'humiliation en tant que nation. Ils continueront à voir cela. Les peuples refusent la soumission depuis des millénaires et ils continueront à la refuser.
La mission des révolutionnaires n'est pas de théoriser la capitulation mais d'organiser la résistance.


Est-ce que le peuple irakien a été vaincu? Non!

La résistance va continuer sous diverses formes. C'est déjà ce qu'indiquent les affrontements qui se poursuivent à Bagdad et en d'autres coins de l'Irak. La faiblesse de la résistance est un autre sujet de discussion. C'est une discussion dont tous les peuples, les révolutionnaires et les patriotes pourront tirer des leçons.
On peut aborder divers sujets comme le fait que le régime de Saddam a eu, durant un certain temps, de bonnes relations avec l'impérialisme. On peut arguer que ce régime a opprimé son peuple. Il est évidemment impossible pour un régime qui règne par la tyrannie et l'oppression, qui piétine la démocratie, la volonté populaire et le droit de parole ou de décision, d'éduquer sa population avec des sentiments patriotiques.
Néanmoins, il ne faut pas oublier que l'on parle d'un peuple qui pendant des années a été assassiné par des bombes ennemies, un peuple dont les maisons et les magasins ont été détruits, un peuple condamné par l'ennemi à la faim et à la misère. Si le peuple irakien a été rendu impuissant, c'est avant tout à cause de l'Angleterre et de l'Amérique. Personne ne doit oublier cela.
Le développement de la résistance du peuple irakien sous un tel régime constitue certes un désavantage. Peut-être que ce peuple connaîtra l'une ou l'autre trahison. Mais il ne faut pas douter que la résistance continuera et que l'indépendance sera acquise. En Algérie, l'occupation française a duré 132 ans. Dans cette guerre de libération, on a recouru à toutes les moyens, y compris les partis légaux et les méthodes réformistes. La période de lutte armée n'a duré que dix ans. En prenant les armes, les patriotes algériens ont raccourci leur chemin menant à la victoire. Tôt ou tard, les masses apprennent par leurs propres expériences. A court ou à long terme, en Irak, la résistance se réorganisera. Ce qui est sûr aussi, c'est que le peuple irakien n'acceptera jamais l'occupation américaine.
La réalité de l'Irak, ce n'est pas la poignée de collaborateurs figurants que l'Amérique a fait monter sur scène pour qu'ils fassent leur show d'abattage des statues. Les forces américaines et britanniques ont encouragé les pillages. Cela permet aux impérialistes de dire que les Irakiens sont des sauvages primitifs. Les occupants veulent ainsi humilier le peuple irakien. Ensuite, ils montent eux-même sur scène en tant que "libérateurs civilisé". La réalité de l'Irak, ce n'est pas cela. La réalité de l'Irak, c'est celle qui est représentée par ceux qui résistent contre l'occupation et qui ont le coeur rempli de colère contre les occupants.
En outre, ceux qui disent, "Comment se fait-il que l'Irak n'a pas résisté... c'est que Saddam les a vraiment fini", feraient mieux de voir la réalité de notre pays. Qu'ils voient comment, dans notre pays, notre peuple est pris dans un étau. Voyez comment on parvient à imposer les programmes du FMI qui condamnent notre peuple à la faim et à la misère. Voyez avec quelle arrogance, la collaboration avec l'Amérique se poursuit dans notre pays. C'est la réalité du peuple lorsque celui-ci est désorganisé et lorsqu'il vit sous la répression. C'est pour cela que l'impérialisme et leurs collaborateurs, ou tout domination de classe qui opprime le peuple cherchent à le désorganiser, à l'écraser par la répression et la terreur: de manière à empêcher toute révolte contre la faim ou l'occupation...
Les révolutionnaires tentent de changer cette situation. Cependant, à ce sujet, il y a un paradoxe qui mérite d'être énoncé: ceux qui se plaignent que le peuple irakien n'a pas suffisamment résisté, sont pour la plupart des gens qui traitent les révolutionnaires (qui tentent d'organiser et de mobiliser le peuple dans la résistance contre l'impérialisme et le fascisme) de terroristes. Un peuple dont les révolutionnaires sont écrasés, éliminés, assassinés est un peuple désarmé et déboussolé face à l'impérialisme et au fascisme.
La lutte du peuple irakien va se développer sous la direction des patriotes et des révolutionnaires. Cette lutte peut être perdue sur un front ou dans une position. Elle recommencera en d'autres endroits. Une fois que les semences de la résistance sont jetées, celles-ci, de quelque manière que ce soit, fleurissent. La résistance continuera.
Les révolutionnaires et patriotes de notre pays ne doivent pas oublier un seul instant que la plus grande solidarité avec le peuple irakien consiste à hausser, dans notre pays, le combat contre l'Empire américain qui occupe l'Irak et contre ses collaborateurs.

Devrimci Halk Kurtuluþ Cephesi