arch/ive/ief (2000 - 2005)

Depuis l'hôtel Sheraton, où ils séjournent, ils ont été témoins des combats de l'autre côté du Tigre, dans la partie occidentale de la ville. Mais, dans l'après-midi, boutiques et magasins ont de nouveau ouvert leurs portes, les autos sillonnaient à nouveau les rues et la vie normale reprenait tout simplement son cours, même si c'était de façon plus réduite. «Dans nos quartiers, les troupes irakiennes de résistance demeurent bien visibles en rue», dit Geert. «Certains circulent quasiment en pavoisant, agitant le drapeau irakien, comme après une victoire en football. Nous avons entendu plusieurs réactions de haine à l'égard des troupes américaines.»

Mais la vie en ville n'en est pas facilitée pour autant. «Désormais, l'ascenseur de notre hôtel ne fonctionne plus non plus, et nous logeons au dixième», «Un ami à nous, de l'Association des Amitiés irakiennes, a connu un moment de panique: sa famille habite à proximité de l'hôtel Mansour, et là tout près, un missile américain a détruit quatre maisons. Malgré le danger, il s'y est rendu en vitesse.»

«Un journaliste américain ‘conforme', pensant que j'étais un collègue, m'a raconté une histoire inquiétante», raconte encore Geert. «Des soldats américains ont fusillé deux Irakiens qui s'étaient rendus! Il en a vu des images, mais il sait pertinemment qu'elles ne passeront jamais sur CNN. Sur les images, on voit les deux soldats irakiens les mains sur la tête. Ils vont se coucher sur le sol. Des GI se dirigent sur eux et les flinguent de sang-froid, sans autre forme de procès!»

Du fait des combats très violents, aujourd'hui, il a été impossible de rallier les hôpitaux. Toutefois, Claire et Colette sont allées brièvement en reconnaissance en ville, pendant que Geert et Harrie entreprenaient des démarches afin de pouvoir avoir un entretien, demain, au ministère irakien de la Santé publique. Ils veulent y régler la remise des 80 kg de médicaments et de matériel chirurgical que Harrie et Claire ont amenés à Bagdad. Un véritable exploit, quand on apprend que Johan Depoortere, de la VRT, n'a pu rallier aujourd'hui l'Irak par la même voie, c'est-à-dire par la Syrie. L'attitude conséquente de solidarité de Médecine pour le Tiers Monde avec le peuple irakien a certainement beaucoup à voir là-dedans.