arch/ive/ief (2000 - 2005)

Internationalistes turcs à Bagdad
by DHKC International Sunday April 06, 2003 at 11:56 AM
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Cihan Keskek est un chanteur du Groupe de musique révolutionnaire et internationalement connu: Grup Yorum. Eylül Iscan est membre de l'association stanbouliote de la jeunesse. Ils ne sont pas partis en tant que "boucliers humains" mais comme des internationalistes venus partager les souffrances du peuple irakien et lui porter assistance dans sa résistance contre l'occupation impérialiste de leur pays.

Internationalistes t...
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Article publié dans l'hebdomadaire "Ekmek ve Adalet" (pain et justice) du 30 mars 2003, numéro: 54

Sous les bombes, les boucliers humains de Bagdad racontent : Chaque nuit, nous les passons sous les bombardements...'
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"Dans ce site, nous sommes sept personnes: Un Américain, un Britannique, un Espagnol, un Irakien venu d'Autriche et nous, trois Turcs: Cihan, Eylül et Ethem. En ce moment, nous ne pouvons pas vous donner un chiffre exact mais selon nos estimations, il devrait y avoir près de 50 boucliers humains répartis dans plusieurs sites. Nous vous aimons tous. Notre moral est élevé. Nous sommes venus ici parce que nous le voulions. Nous savions ce qui pouvait nous arriver. Ne vous en faites pas pour nous. Nous allons très bien. Nous ne faisons que notre devoir..."

De temps en temps, nous avons l'occasion de contacter Cihan Keşkek et Eylül Işcan même si cela reste très difficile. Parfois, quand on leur parle, on entend le bruit des explosions et des sirènes. La télévision Halkın Sesi TV (http://www.halkinsesi-tv.com) a réalisé une interview avec Cihan Keşkek et Eylül İşcan (uniquement en turc). On peut les joindre par e-mail également. Ci-dessous, nous vous faisons parvenir certains des e-mails qu'ils nous ont envoyés.

"20 mars 2003 – Vers 04.00 du matin. Nous nous sommes réveillés avec les premiers bombardements. A 07.30: le pilonnage a cessé. Pendant toute la journée, nous sommes restés ici. Nous n'avons pas pu aller en ville. Par ici, il n'y a pas grand monde dans le rue. Les magasins sont généralement fermés. Les taxis se font rares. Aujourd'hui, un responsable irakien, Monsieur Hachimi est venu nous rendre visite. Il nous a demandé s'il nous manquait quelque chose. Il est venu en tenue militaire. Il nous a fait savoir qu'il était chargé de s'occuper de nous mais qu'en même temps, il était soldat. Ensuite, la télévision irakienne est venue. Elle a interviewé Cihan et Ethem.
Vers 20h00, les bombardements et la riposte ont repris. Cela a duré assez longtemps. Le pilonnage était intense. On pouvait apercevoir les bombardements. Nous sommes montés sur le toit pour essayer de prendre des photos. L'une des douilles de la DCA irakienne est tombée dans notre jardin. Nous avons appris que près de 15 Irakiens ont perdu la vie durant cette attaque. Durant la journée, un groupe d'Espagnol anti-impérialiste (ne faisant pas partie du groupe des boucliers humains) ont mené une action.
21 mars 2003 : après le petit-déjeuner, la télévision irakienne est venu faire une interview avec nous. Nous nous sommes ensuite rendus à l'Hôtel Palestine. Là, nous avons fait une interview avec un journaliste suédois et avec la télé turque Show TV. Nous sommes ensuite retournés à la raffinerie. Le soir, Kanal 7 a fait une interview avec Cihan durant les bombardements... En ce moment, il y a la file devant internet. Je dois vous quitter. A plus tard...
23 mars 2003 – Dès le matin, nous nous sommes rendus, Cihan, Ethem et mois à l'hôtel Palestine afin d'envoyer nos e-mails et rencontrer d'autres amis pour programmer une réunion à propos d'une probable occupation de la ville par les Américains, à propos d'un bombardements des sites où se trouvent les boucliers humains et à propos du programme des jours à venir.
Durant notre rencontre à l'hôtel, les bombardements se sont poursuivis. L'un des avions de chasse qui menait les bombardements est tombé tout près du pont qui jouxte le centre de presse. Après une battue de 30 minutes menées conjointement par la population et les soldats, les pilotes ont enfin été retrouvés.
Nous avons appris qu'aujourd'hui, 5 boucliers humains sud-africains se sont installés dans les containers se trouvant dans le site où l'on se trouvait. Comme chaque soir et chaque nuit, les bombardements se sont poursuivis. Jusqu'aux petites heures.
24 mars 2003 – 12h00 : la réunion que nous avons reporté la veille a pris fin. Nous avons tiré plusieurs conclusions. Les voici :
- Dresser la liste de tous les boucliers humains pour nous et pour les médias.
- Nommer un responsable pour chaque site afin de faciliter la communication.
- Se réunir chaque jour.
- Nous avons élu deux numéros de téléphone qui serviraient en cas de bombardement de l'un des sites : l'un se situe à la centrale électrique de Daura, l'autre se trouve dans notre site.
- Nous avons également trouvé unanimité dans l'idée de continuer les actions de sensibilisation.
- Il est maintenant 14h30. Nous venons de ressentir les vibrations de trois explosions énormes qui ont retenti à proximité de l'hôtel. Tout à l'heure, nous allons retourner à la raffinerie...