Le Dr Van Moorter: «Aujourd'hui, dans un hôpital civil : 2 morts et 30 blessés" by Bert De Belder Wednesday April 02, 2003 at 03:07 PM |
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Journal de Bagdad, 1er avril, 21.45 h, le Dr Geert Van Moorter par téléphone satellite.
«Depuis ce matin jusque tard dans l'après-midi, le Dr Colette Moulaert et moi-même sommes restés à l'hôpital al-Yarmouk. Durant ce temps, une trentaine de blessés ont été admis, une bombe était tombée dans le proche voisinage. Je me trouvais aux urgences et, moi-même, j'y ai vu deux tués, outre nombre de patients qui avaient été blessés par des éclats de bombe.
Le personnel de l'hôpital commence déjà à nous connaître. Alors que les autres Occidentaux, des journalistes, généralement, doivent se contenter d'une simple visite accompagnée, nous, de notre côté, pouvons côtoyer librement les médecins. Un chirurgien orthopédiste m'a fait venir dans son cabinet de consultation et m'a demandé mon avis sur quelques-uns de ses patients. Nous avons échangé nos connaissances sur les façons de combattre la douleur. C'est tout autre chose que le soutien psychosocial que nous apportons la plupart du temps…
Quand vous commencez à connaître un hôpital de l'intérieur, vous vous rendez vite compte de ce qu'il y manque : nombre de calmants, des antibiotiques… Mais, au cours d'une conférence de presse, j'ai entendu le vice-président, Ramadan, répéter que l'Irak n'avait nullement besoin d'aide humanitaire. Ce qu'il faut avant tout, c'est mettre un terme à l'agression américaine et aux sanctions et débloquer les comptes irakiens. L'Irak est trop fier pour tendre la main en vue de recevoir de l'aide humanitaire. Ca se comprend très bien.
Toutefois, les autorités irakiennes en matière de santé acceptent avec reconnaissance l'aide des organisations qui, en premier lieu, travaillent à supprimer les causes de la souffrance du peuple irakien – la guerre d'agression des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne – et qui témoignent leur solidarité avec la résistance du peuple irakien, comme Médecine pour le Tiers Monde.
Ai-je encore le temps de raconter une anecdote sur les inspections d'armes? Aujourd'hui, nous avons rendu une brève visite à l'université d'el-Mustansiriya, qui a été bombardée cinq jours durant. Et vous savez quoi? Cette même université a été passée au peigne fin par les inspecteurs en armements et déclarée vierge de toute arme! Et pourtant, elle a constitué une cible de choix pour les Etats-Unis! Et ça vous étonne que les gens, ici, disent que ces inspections d'armes n'ont servi qu'à identifier des cibles de guerre?»
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