arch/ive/ief (2000 - 2005)

"Honte à vous, Monsieur Bush. Honte à vous !" Monté sur scène sous les appaudissements d'une salle debout, le réalisateur, récompensé pour "Bowling for Columbine", a très vite transformé la traditionnelle séance de remerciements des lauréats en une violente diatribe contre le président George W. Bush.

"Nous vivons à une époque où nous avons eu des résultats électoraux fictifs", a poursuivi Michael Moore, en référence à l'élection controversée de George W. Bush fin 2000. "Nous vivons à une époque où un homme nous a envoyés à la guerre pour des raisons fictives".

"Nous sommes contre cette guerre, Monsieur Bush. Honte à vous, Monsieur Bush. Honte à vous! Le pape est contre vous, vous êtes fini", a conclu sous les sifflets d'une partie de l'assistance du Théâtre Kodak le cinéaste américain, célèbre pour ses positions antimondialisation.

A peine descendu de scène, Michael Moore a justifié devant la presse sa "sortie" contre celui qu'il a appelé le "squatter" de la Maison Blanche. "Je suis un Américain et on n'abandonne pas sa nationalité lorsque l'on pousse la porte du Théâtre Kodak", a expliqué le cinéaste. "Ce qui est magnifique dans ce pays, c'est que vous pouvez y dire ce que vous pensez".

"Agiter la menace que Saddam Hussein va vous tuer ou me tuer ce soir, c'est ça la fiction. La réalité, c'est parce qu'ils (les Irakiens) disposent des deuxièmes réserves mondiales de pétrole", a encore dénoncé Michael Moore.

Au-delà de sa diatribe anti-Bush, le cinéaste s'est félicité de voir Hollywood "se lever et applaudir" son film "qui parle de la façon dont nous sommes manipulés par la peur qui est agitée par la Maison Blanche ou par l'Amérique des grandes entreprises, pour créer une culture de la violence, sur le territoire des Etats-Unis comme à l'étranger".

Habitué de la provocation, Michael Moore s'était déjà fait remarquer en février lors de la cérémonie des Césars du cinéma français, où il avait été récompensé du César du meilleur film étranger. Il avait alors remercié la France pour son opposition au recours à la force dans la crise irakienne.

"La meilleure définition d'un allié ou d'un ami est ce que vous dit cet ami ou cet allié si vous commettez une erreur. Merci de nous avoir montré la voie", avait-il lancé sous les applaudissements.

Le film "Bowling for Columbine", qui dénonce la culture des armes aux Etats-Unis, a également obtenu le prix du 55ème anniversaire du dernier festival de Cannes.