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Merci président Bush
by Paulo Coelho(posted by Guido) Sunday March 16, 2003 at 02:20 PM

D'un des romanciers les plus célèbres du monde, Paulo Coelho, auteur notamment de « L'Alchimiste », une lettre ouverte d'éloge au président Bush. Traduction par Bernadette, posting autorisé par l'écrivant.

Merci, grand leader George W. Bush.

Merci d'avoir montré à tous quel danger Saddam Hussein représente. Si tu ne
l'avais pas fait, beaucoup d'entre nous auraient oublié qu'il a utilisé des
armes chimiques contre son propre peuple, contre les Kurdes et contre les
Iraniens. Hussein est un dictateur sanguinaire et une des expressions les
plus claires du mal dans le monde d'aujourd'hui.

Mais j'ai d'autres raisons de te remercier. Au cours des deux premiers mois
de 2003, tu as montré au monde beaucoup d'autres choses importantes et, pour
cela, tu mérites ma gratitude.

Et, en me souvenant d'un poème que j'ai appris enfant, je veux te dire
merci.

Merci d'avoir montré à tous que le peuple turc et son Parlement ne sont pas
à vendre, même pour 26 milliards de dollars.

Merci d'avoir révélé au monde le gouffre qui existe entre les décisions
prises par ceux qui sont au pouvoir et les souhaits des peuples. Merci d'
avoir montré que ni José María Aznar ni Tony Blair n'accordent la moindre
importance ni le moindre respect aux votes qu'ils ont reçus. Aznar est
parfaitement capable d'ignorer le fait que 90 % des Espagnols sont contre la
guerre, et Blair reste impassible devant la plus grande manifestation de ces
trente dernières années en Angleterre.

Merci d'avoir contraint Tony Blair à soumettre au Parlement britannique un
dossier fabriqué écrit il y a dix ans par un étudiant, et à le présenter
comme une « preuve accablante obtenue par les services secrets
britanniques ».

Merci d'avoir permis à Colin Powell de se couvrir de ridicule en montrant au
Conseil de sécurité de l'Onu des photos qui, une semaine plus tard, ont été
publiquement contestées par Hans Blix, le chef des inspecteurs en
désarmement en Irak.

Merci d'avoir adopté ta position actuelle et d'avoir ainsi fait en sorte
que, à la séance plénière, le discours contre la guerre du ministre français
des Affaires étrangères, Dominique de Villepin, ait été salué par des
applaudissements – chose qui, à ma connaissance, n'était arrivée qu'une fois
dans l'histoire de l'Onu, après un discours de Nelson Mandela.

Merci aussi parce que, après tous tes efforts pour promouvoir la guerre, les
pays arabes, habituellement divisés, ont été unanimes pour la première fois
lors de leur réunion au Caire la dernière semaine de février dans leur
condamnation de toute invasion.

Merci pour tes paroles affirmant que « l'Onu a maintenant une chance de
démontrer sa pertinence », une déclaration qui a poussé même les pays les
plus réticents à prendre une position opposée à toute attaque contre l'Irak.

Merci pour ta politique étrangère qui a poussé le ministre britannique des
Affaires étrangères, Jack Straw, à déclarer qu'au XIXe siècle, « une guerre
peut avoir une justification morale », lui faisant perdre toute crédibilité.

Merci d'avoir essayé de diviser une Europe qui lutte pour son unification ;
cet avertissement n'est pas passé inaperçu.

Merci d'avoir accompli quelque chose que très peu encore ont réussi à faire
ce siècle-ci : rassembler des millions de personnes sur tous les continents
pour lutter pour la même idée, même si cette idée est opposée aux tiennes.

Merci de nous faire sentir une fois de plus que, si nos paroles ne sont pas
entendues, elles sont du moins prononcées – cela nous rendra plus forts dans
l'avenir.

Merci de nous ignorer, de marginaliser tous ceux qui s'opposent à ta
décision, parce que l'avenir de la Terre appartient aux exclus.

Merci parce que, sans toi, nous n'aurions pas pris conscience de notre
propre capacité de mobilisation. Cela ne sert peut-être à rien cette fois,
mais ce sera très certainement utile plus tard.

Maintenant qu'il n'y a plus moyen, semble-t-il, de faire taire les bruits de
bottes, je voudrais dire, en citant les paroles qu'un roi européen du passé
a adressées à un envahisseur : « Que ta matinée soit belle, que le soleil
brille sur les armures de tes soldats, car dans l'après-midi, je te
déferai. »

Merci de nous avoir permis – armée d'anonymes qui remplissons les rues dans
une tentative d'arrêter un processus déjà en cours – de nous sentir
impuissants et d'apprendre à dominer ce sentiment et à le transformer.

Profite de ta matinée et de toute gloire qu'elle pourrait encore t'apporter.

Merci de ne pas nous écouter et de ne pas nous prendre au sérieux, mais
sache que nous t'écoutons et que nous n'oublierons pas tes paroles.

Merci, grand leader George W. Bush.

Merci beaucoup.


Autorisation>>>From :
"Paulo Coelho" <paulocoelho@visualnet.com.br>
To :
"pannekoek guido" <pannekoekrobert@hotmail.com>
Subject :
Re: Thank you, President Bush
Date :
Sat, 15 Mar 2003 22:44:04 -0300

Of course.
Best
Paulo
Em Saturday, March 15, 2003 às 07:36:47 PM, pannekoek guido Escreveu:
> hi,>
> would it be possible to post your letter to Bush on our website?>
> visit our site at http://archive.indymedia.be>
> greetings, Guido
>