Une alternative à la guerre: "union pour la paix" by JURIST (trad: yannindy) Tuesday March 11, 2003 at 03:46 PM |
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Les USA cherchent à marginaliser l'ONU. Il y a une solution.
Une
alternative à la guerre: "union pour la paix". Ces derniers mois, l'administration
Bush a ouvert la voie à la guerre, malgré les objections de certains de ses
alliés. Et malgré les efforts des Nations Unies. Il semble maintenant
inévitable que les USA, avec quelques autres pays, s'engage sous peu dans un
conflit armé en Iraq. Mais, pour les populations du monde qui ont peur de cette
guerre, il reste un espoir. Cet espoir réside dans un mécanisme peu connu des
Nations Unies qui, malgré que celles-ci soient marginalisées par les USA, a
néanmoins la possibilité d'arrêter cette guerre. En 1950, le conseil de sécurité a imaginé une procédure pour empêcher
que les blocages entre pays n'empêchent les Nations Unies d'effectuer sa
mission de "maintien de la paix et de la sécurité internationale".
Le conseil a adopté la résolution
377, appelée très justement "Union pour la paix" à
l'unanimité, et avec l'appui important des Etats-Unis. Union pour la paix indique que, si le conseil de sécurité ne peut maintenir
la paix à cause d'un manque de consensus de la part des membres permanents
(France, Chine, Russie, Angleterre et USA), et qu'il y a "une menace pour
la paix, une rupture de la paix ou un acte d'agression", l'Assemblée
Générale "devra examiner le cas immédiatement". La manière dont
"Union pour la paix" est formulé permet même de l'utiliser si la
résolution d'une guerre en Iraq devait être acceptée par le conseil de
sécurité (si un membre s'abstient, par exemple). L'Assemblée Générale doit se réunir sous 24 heures pour examiner le
problème, et peut recommander des mesures collectives aux membres des Nations
Unies, y compris l'utilisation de la force, pour "maintenir ou restaurer la
paix et la sécurité internationales". Cette résolution "Union pour la paix" a été utilisée 10 fois
depuis 1950. Les USA ont été les premiers à l'utiliser. Suite à la
nationalisation du canal de Suez par l'Egypte en 1956, l'Angleterre et la France
ont attaqué et occupé une partie du canal. Les résolutions de cessez-le-feu
étaient systématiquement bloquées par les vétos français et anglais. Les
USA se sont alors adressés à l'Assemblée Générale, appelant à un
cessez-le-feu et un retrait des forces en présence. Une réunion d'urgence a
été tenue dans le cadre de "Union pour la paix", et la résolution
US a été renforcée et votée par l'Assemblée Générale. Devant ce
mouvement, il a fallu moins d'une semaine à la France et à l'Angleterre pour
se retirer. "Union pour la paix" a aussi été utilisée par les USA pour
arrêter l'intervention soviétique en Hongrie en 1956. L'URSS utilisait en
effet son véto contre toute résolution du conseil de sécurité dénonçant
cette intervention. Une fois de plus, une session extraordinaire fut tenue, et
l'URSS fut sommée d'arrêter son intervention en Hongrie. Dans l'impasse dans laquelle le conseil de sécurité se trouve à l'heure
actuelle dans la crise irakienne, "Union pour la paix" peut et doit
être utilisée. L'Assemblée Générale devrait tenir une session pour
considérer les actions à entreprendre contre la menace pour la paix que
représente une action militaire étatsunienne contre l'Iraq sans aval de l'ONU
(comme indiqué plus haut, l'Assemblée Générale pourrait aussi agir dans le
cas où le conseil de sécurité, sans unanimité de ses membres, autorisait une
guerre qui serait une "menace pour la paix et la sécurité
internationales"). L'Assemblée Générale pourrait exiger qu'aucune action
militaire envers l'Iraq ne soit prise sans l'autorisation explicite du conseil
de sécurité. Elle pourrait exiger que les inspections puissent se dérouler
jusqu'à leur terme. Il semble peu probable que les USA et l'Angleterre
ignoreraient de telles résolutions. Un vote par une majorité des pays du
monde, particulièrement s'il était quasi unanime, rendrait une action
unilatérale beaucoup plus difficile. "Union pour la paix" peut être invoquée par six ou sept membres
du conseil de sécurité, ou par une majorité de membres de l'Assemblée
générale. Cela donne une vraie possibilité d'action à ceux qui s'opposent à
la guerre. Les peuples du monde entier pourraient faire pression sur leurs
gouvernements pour déposer une telle motion. Cet effort pourrait devenir un
effort mondial pour, selon les termes de la charte des Nations Unies,
"sauver les générations futures du spectre de la guerre".
Michael Rather est président du " Center for Constitutional
Rights" à New York. Jules Lobel est professeur de droit international et
des droits de l'homme à l'Université de Pittsburgh . 10 Février 2003 © JURIST.
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Par
Michael Ratner
Centre des droits constitutionels
Jules Lobel
Professeur de droit de l'Université de Pittsburgh.