10 mars Monsanto traîné en justice par 13 décontaminateurs by Des prévenus Monday March 03, 2003 at 03:47 PM |
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Le 7 mai 2000, près de Namur, 200 personnes participaient à la première décontamination d'essais d'OGM en Belgique. Ce 10 mars 2003 à 9h s'ouvre le procès de 13 participants à cette décontamination publique. Rassemblement ce lundi 10 mars à 8h30 devant la Gare de Namur (ou à 9h devant le Palais de Justice pour les retardataires) afin d'assister à la première audience du procès.
Le 7 mai 2000, près de Namur, 200 personnes participaient à la première décontamination d'essais d'OGM en Belgique. Une dissémination volontaire dans l'environnement de betteraves et de maïs transgéniques, que réalise Monsanto dans un centre expérimental à Franc-Waret (Fernelmont), est interrompue sur deux hectares par arrachage à mains nues des plants manipulés.
Ce 10 mars 2003 à 9h s'ouvre le procès de 13 participants à cette décontamination publique. Mais le contexte d'arrêt généralisé des mises en culture d'OGM en Belgique et la « personnalité » de l'accusation – Monsanto – laissent planer peu de doute sur le principal intérêt des audiences qui s'annoncent : braquer enfin les projecteurs sur les manigances de la multinationale américaine et sur son rôle dans la promotion des technologies transgéniques en matière agricole.
Rassemblement ce lundi 10 mars à 8h30 devant la Gare de Namur (ou à 9h devant le Palais de Justice pour les retardataires) afin d'assister à la première audience du procès introduit devant la 10me chambre du Tribunal correctionnel. Un petit-déjeuner accueillera les participants.
A une date ultérieure, audience consacrée à l'audition de témoins qui éclairent nos motivations. Parmi eux un agriculteur canadien, Percy Schmeiser, poursuivit par Monsanto pour « vol de technologie ».
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Quel crédit accorder à Monsanto et à ses semblables semencières lorsqu'elles prétendent s'engager dans des combats contre la « Faim dans le Monde » ou contre l'utilisation accrue de produits chimiques ?, phénomènes dont… leur activité est la principale cause.
Le « pedigree » de la Monsanto Chemical Company est explicite. Depuis sa création à la fin du XIXme siècle, la multinationale américaine s'est toujours distinguée par la toxicité de ses activités, produisant entre autres l'Agent Orange pour l'armée américaine, lors de la guerre du Vietnam. Avec les OGM (80% des OGM du monde appartiennent à Monsanto) – et particulièrement avec les moins hypocrites d'entre eux, la gamme des « Terminator », la multinationale, autoproclamée leader des « Sciences de la vie », s'attaque à cette fâcheuse caractéristique des êtres vivants : leur faculté de se reproduire librement. Les plantes visées subissent une stérilisation par modification génétique, ce qui contraint les fermiers à racheter des semences chaque année aux sélectionneurs professionnels. Ce mécanisme, inauguré avec la production des « variétés hybrides », instaure une dépendance des paysans inédite dans l'histoire de l'agriculture. Les semenciers produisent aussi les herbicides et les pesticides auxquels 70% des OGM agricoles sont rendus tolérants.
L'introduction du génie génétique dans l'agriculture participe d'une fuite en avant technologique dans une agriculture toujours plus industrialisée, déshumanisée et uniformisée, et approfondit un mouvement mondial de recul de la souveraineté du Sud envers le Nord, des paysans envers l'industrie, des citoyens envers les marchés, de la politique envers l'économie.
Dernier avatar d'une science qui, depuis Descartes, s'est donné pour objectif de nous rendre « comme maîtres et possesseurs de la Nature », les biotechnologies tiennent pour un progrès la réduction des êtres vivants à un mécano physico-chimique aux rouages interchangeables à volonté. Au croisement de logiques techno-scientifique (de maîtrise), technocratique (de contrôle) et marchande (d'appropriation), la biologie moléculaire est d'autant moins capable de se détourner par elle-même de postulats théoriques dont la faillite est pourtant complète : le modèle un gène-une protéine, l'irréversibilité de l'enchaînement ADN/ARN/protéine etc.
Le 7 mai 2000, les 200 personnes qui ont manifesté leur refus tant de Monsanto que des expérimentations ou des commercialisations d'OGM ont rappelé pratiquement que la société du « tout génétique » n'est pas le seul scénario possible. N'en déplaise aux propagandistes de « l'Homme programmé », aucun gène ne prédispose au fatalisme et à la passivité.
Ce procès nous donne l'occasion de réitérer notre interpellation, et de la partager avec vous.
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Photos et compte-rendu du Festival de résistance aux OGM : http://sbb.collectifs.net
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Rappel du contexte et de la procédure
* Festival de résistance aux OGM
La décontamination du 7 mai 2000 clôturait le Festival de résistance aux OGM. Dans la matinée, Isabelle Stengers (professeure de philosophie des sciences à l'ULB) avait animé un débat où intervenaient Paul Lannoye (député européen vert), Marc Vanoverschelde (paysan du Mouvement d'Action Paysanne), René Riesel (éleveur de brebis en Lozère) et Jean-Pierre Berlan (directeur de recherches à l'INRA). La majorité des participants s'est ensuite rendue à Marchovelette, localité située à quelques km de Namur, d'où s'est élancé vers le centre d'expérimentation de Monsanto à Franc-Waret un cortège coloré et dansant, entraîné par la musique du groupe « René Binamé et les roues de secours ». Peu après l'arrachage, Monsanto décidait de fermer deux de ses quatre implantations en Belgique, au nombre desquelles le Centre de disséminations de Franc-Waret.
* Les préventions
Sur la base d'une plainte déposée par Monsanto, 13 des 200 participants à la décontamination sont arbitrairement choisis, pour être inculpés :
- de « violation de domicile »,
- d'avoir « méchamment coupé ou dévasté » des cultures de colza, d'orge de printemps et de blé d'hiver,
- d'avoir « méchamment ravagé » des semis de maïs et de betteraves.
* Les exigences de Monsanto
Monsanto réclame 137 500 euros (soit 5.131.000 Fb) en dommages et intérêts, sans justifier le moins du monde l'ampleur de ce montant. Que du contraire, puisque certaines des dépositions de travailleurs de la multinationale indiquent que les plants piétinés… n'étaient pas génétiquement manipulés.
* Moyens de défense
Nous estimons que notre intervention est une application conséquente d'un principe de précaution trop souvent vidé de son sens car invoqué pour légitimer de nouvelles disséminations de transgènes, sous couvert d'« expérimentations ».
Notre conscience nous imposait de mettre un terme à cette transformation du monde en laboratoire. Face aux lacunes des autorités, c'est un acte de salubrité publique que nous avons là accompli. Nous avons exercé notre devoir de responsabilité à l'égard d'un environnement menacé et de pratiques agricoles millénaires en péril.
Ajoutons que, comme c'est trop souvent le cas en cette matière, Monsanto ne semble pas même s'être embarrassé d'un semblant de respect des procédures officielles : les champs de betteraves et de maïs décontaminés le 7 mai 2000 n'avaient pas reçu l'autorisation légale requise avant la date de leur mise en culture.