Peace Race Bagdad - Day 6 by Jan Friday February 21, 2003 at 11:02 PM |
Jan@steun.be |
Amar parle de son expérience à Sadam City - le match de football qu'il a organisé avec plus d'ambiance qu'un Anderlecht-Standard - et le poème en arabe qu'il a recu d'un habitant.
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Amar - Saluer tous les gens qui aiment la paix
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La journée 6, celle qui rejoint par essence le cadre de mon travail de rue. Saddam City, avec ses 2.000.000 d'habitants est le quartier le plus pauvre de Baghdad. On ne compte plus les nombreux déchets ménagers sur les routes, les espaces de jeux, les abords des écoles. Les canalisations des égouts bouchées renforcent l'odeur nauséabonde. Les enfants jouent aisément dans cette atmosphère purulente. Leur sport populaire : le football se joue sur des terrains empierrés et bondés d'immondice. Parfois, les carcasses de bus ou de voitures leur servent de support pour faire de l'escalade.
Ce matin, nous avons visité trois écoles dans Saddam City, dont une qui a été entièrement désaffecté. Nous avons eu moins de chance que la veille étant donnée que cette fois-ci, la police nous a escorté du fait que le chauffeur ignorait les adresses. Cela, a quelque peu altéré notre arrivée dans ces écoles. Saddam City est à Bagdad ce que Droixhe est à Liège: Déterminé, je décide de partir en solo dans ce fameux quartier nauséabond.
Apres le dîner, je quitte l'hôtel avec un ballon sous le bras en direction de Saddam City. En appellant le taxi, deux petits enfants âgés de neuf ans, m'accostent pour me demander de l'argent et mon ballon. Leur pauvreté ne fait nul doute. Sur ce, je leur propose de m'accompagner à Saddam City pour y jouer au ballon avec d'autres enfants. Ravis, Jeannk et Ali grimpent à l'arrière du taxi. Sur place et après une demi-heure de marche, nous trouvons un terrain inoccupé par le foot.
En quelques minutes, le terrain presque vide s'est transformé en une cour de récréation réunissant plus de cinquante jeunes de tout âge. Très vite, je demande de composer deux équipes de cinq dans lesquels participaient mes deux acolytes. Après une longue rencontre très mouvementé et bonne enfant, je décide de jouer au foot avec les adolescents tout en confiant mon appareil photo à un jeune qui s'empressa de le mettre en sécurité chez lui.
Que de fous rires… A plusieurs reprises, nous arrêtions le match. Car, j'intriguais les esprits de ces jeunes Irakiens. "Qui êtes-vous ?, d'où venez-vous ?, pourquoi êtes-vous venu ? , comment avez-vous atteri chez nous dans cette place ?". L ambiance est plus forte et plus émotionnel qu'une rencontre : Standard-Anderlecht.
Après plusieurs heures de jeux, un grand frère me prend par la main et me tire de ce bain de foule afin de mieux me connaître. Devant moi, des parents, grands-parents sont à leurs tours intrigués. Très vite, un parent m'invite chez lui à prendre ma boisson préférée, le chaï (le thé ). Pendant plus de deux heures, j'ai eu droit a faire la connaissance de toute la famille. Pour la première fois depuis mon séjour en Irak, cette tranche de population s'est intéressée au mode de vie des Belges.
Nous avons reçu la visite de plusieurs personnes dont le futur marié. Malheureusement, j'ai du décliner l'invitation de ce dernier étant donné notre retour au bled ( au bercail ou fi baladi). Trente personnes devant moi, je ne peux résister à leur faire un petit spectacle de magie. Je sortis de mon sac un jeu de cartes et deux bouts de cordes. L'enchantement fut total. Je prends un maximum de photo de jeunes.
Une personne âgée me refuse le droit de le photographier. En réalité, les hommes sont coquets. J'ai du simplement attendre qu'il se fasse beau. Un autre moment d'étonnement fut celui de la prise de photos pendant la prière. Les personnes âgées me demandaient sans cesse de les prendre en photo. Que d'émotion et de rire…Les verres de chai défilent les uns après les autres. Un poulet frites sauce irakienne nous est servi. C'est le panard.
Saïd, 26 ans me propose de boire un verre de thé chez lui avant de me raccompagner à l'hôtel. Un thé, cela ne se refuse pas… L'accueil fut comme d'habitude très chaleureuse. Le père de Saïd me fait une petite leçon sur la situation du pays. Ne connaissant pas l'Arabe littéraire, je n'ai pu comprendre que très partiellement via mon arabe dialectal. Le père très ému de ma visite se mis à m'écrire un message de paix. Je lui ai dis que cette lettre sera encadrée et mise dans mon salon.
Traduction de la lettre (merci à Sim, Jan et Dia):
Abat l'Amérique,
Ennemi de toutes les nations.
Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux.
Nous sommes heureux de ta visite,
nous voulons saluer le peuple belge très accueillant,
et par le peuple belge, saluer tous les gens qui aiment la paix dans le monde,
et aussi tous ceux qui aiment la liberté.
Merci frère Majid AMAR pour ta visite et par toi, je voudrais faire passer les salutations de notre Président Saddam HUSSEIN en Belgique.
Signé: Abdkridi FADEL le 20/02/2003
Question que je vous pose à vous, très cher lecteur : Où sont passé mes acolytes Medhi et Ali ?
Réponse : Rassurez-vous, ils m'ont toujours accompagnés. Ils ont bu et mangé à mes côtés. Saïd s'est arrangé avec son voisin pour nous ramener en face de l'hôtel (mes acolytes et moi.) Dans mon enfance, j'ai pu vivre un scénario semblable à celui des deux enfants. Il y a vingt ans d'ici, le personnage « Majid » n'est autre que celui qui deviendra très vite mon Oncle; Jean-Marc FLAMENT est un exemple pour moi. Jusqu'à encore aujourd'hui je lui suis toujours très reconnaissant. Merci Tonton.
Je débarque à l'Hôtel à 20h. Juste à temps pour participer avec toutes les délégations à un folklore Irakien. Magalie nous a admirablement clôturé cette soirée et par la même occasion ce séjour en chantant une chanson qui vaut la peine d'être écoutée. Chanson espagnole Bello Ciao traduite par Tom, le polyglotte.
La chanson parle d'un jeune qui un matin, se réveille, regarde par la fenêtre et remarque que son village est occupé par une armée offensive. (Comme aujourd'hui, les Américains face aux Irakiens ). Il dit à sa belle qu'il va partir avec par les partisans pour mourir. Et quand je mourai, je voudrais être enterré dans l'ombre d'une fleure qui se nourrit de mon sang, qui sera rouge comme mon drapeau et où il sera écrit la liberté.
Avez-vous une idée de l'heure qu'affiche ma montre ?
Il est 6h30 du matin et je n'ai pas encore dormis. Tout à l'heure, je retournerai avec plusieurs jeunes de notre équipe pour dire au revoir à mes frères irakiens de Saddam City.
Avec l'aide de Dieu, Inchallah, ils rentreront tous dans la paix.
Amar
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Christophe - La vérité sort de la bouche des enfants
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Pendant que nous étions quelques-un à la conférence, le reste de notre groupe s'est complètement éparpillée… Un groupe de 10 à 12 personnes est parti visiter une école de filles.Encadré par la RTBF, Fatiha me dit qu'elle est outrée par la façon dont les journalistes posaient certaines questions. Les premières furent ouvertes mais les suivantes étaient ciblées. Fatiha : « Je ne voyais pas l'impact des réponses que j'allais donner. »
Hafed raconte le contenu des dessins des enfants irakiens (nous en avons récolter plus de 500) : Bush dessiné comme un vampire aux longues dents, avec le ventre rempli d'enfants . Un autre dessin montre des enfants marchant sur le drapeau américain, un autre dessine un chien avec comme tête le visage de Bush. De manière générale, les dessins montre énormement de chars, tanks, hélicoptères envoyant des bombes sur des maisons ou sur des palmiers. Le drapeau irakien est aussi omniprésent sur les dessins. Ces enfants entre 5 et 10 ans n'ont jamais rien connu d'autre que l'embargo et les agressions militaires américaines. « La vérité sort de la bouche des enfants » dit un dicton populaire. Je pense que les USA ne parviendront pas à asservir ce peuple vaillant, courageux et fier !
Willie me raconte la visite d'un hôpital : « Nous avons été directement reçu par la direction. Nous étions 8 et avons apporter des vêtements et des jouets pour les petits enfants malades. Une aile de l'hôpital est réservée aux Palestiniens, ils sont pris en charge par le système social irakien. Magnifique preuve de solidarité. Un homme blessé par une balle DUM-DUM va perdre un oeil. Lors d'une manifestation d'une 100aine de personnes, l'armée israélienne a tiré et blessé des dizaines de personnes. Dans la presse, il ne restait que 3 blessés. »
Le médecin recevant le groupe raconte : « Il nous est impossible d'aller suivre des formations médicales à l'étranger. Le salaire moyen irakien équivaut à 2 Pepsi-Cola européens ! »
Willie termine en me disant ceci : « Je sais tout ça avec ma tête mais le voir c'est autre chose. Certains enfants de l'hôpital n'ont plus que 4 jours à vivre, 1 mois. Ils ont entre 4 et 10 ans. Mon ventre tourne, je deviens malade en voyant la situation et l'état des enfants. »
Basra - Ville bombardée chaque mois par les américains. Enormément d'uranium appauvri. Un autre jeune de firegym me dit qu'l tombe encore 35 morts par mois dans cette région par les bombardements. C'est la population la plus touchée par l'uranium appauvri. Enormément d'enfants sont victimes de malformation!!
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