Bolivie: La révolte populaire fait reculer l'impôt du FMI by RISBAL Friday February 14, 2003 at 04:28 PM |
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Plus de 13 morts, 89 blessés par balles, le saccage du Ministère du Travail et un blessé, un cameraman de Toribio Canqui, tel est le bilan de la répression gouvernementale contre la révolte populaire consécutive à la présentation d'un projet de Loi sur le Budget Général de la Nation dans lequel est inclue l'intention d'appliquer un "impuestazo" (un impôt massif) de 12,5% aux salaires des travailleurs du secteur public.
La
révolte populaire fait reculer l’impôt du FMI Plus de 13 morts,
89 blessés par balles, le saccage du Ministère du
Travail et un blessé, un cameraman de Toribio Canqui,
tel est le bilan de la répression gouvernementale contre
la révolte populaire consécutive à la présentation
d’un projet de Loi sur le Budget Général de la Nation
dans lequel est inclue l’intention d’appliquer un "impuestazo"
(un impôt massif) de 12,5% aux salaires des travailleurs du
secteur public. Le Fonds Monétaire
International (FMI) a insisté, le 12 février jusqu’à
3 heures de l’après-midi afin que le gouvernement maintienne
sa décision d’appliquer l’impuestazo en tant que mesure
"nécessaire pour réduire le déficit fiscal
de 9 à 6%". L’insistance du FMI a été confirmée
par des sources gouvernementales mais le soulèvement populaire
a finalement forcé le FMI et le chef du gouvernement à
annoncer officiellement leur intention de faire marche arrière.
Le gouvernement
décrète un congé bancaire et la suspension
des activités publiques et privées Le gouvernement a
ensuite décrété un congé bancaire et
la suspension des activités publiques et privées pour
le jeudi 13 février sur tout le territoire national du fait
de la situation sociale critique que connaît le pays. L’annonce a été
faite par le Ministre du Travail, Jaime Navarro, qui a affirmé
que cette mesure a été décidée à
cause des graves événements qui se sont déroulés
au siège du gouvernement, événements au cours
desquels les affrontements se sont soldés par la mort de
10 personnes : militaires, policiers et civils. Navarro a rendu compte
que le gouvernement analysera avec le président Sanchez de
Lozada la situation du pays et les arguments pour l’annulation de
l’"impuestazo". 33 morts en un
mois de conflits sociaux Le gouvernement de
Gonzalo Sanchez de Lozada a battu les records de répression
au cours de ces dernières semaines, en dépassant même
les taux de répression enregistrés lors des périodes
de dictature. En un mois, la répression déclenchée
par le gouvernement a fait 33 victimes mortelles. En septembre 2002,
les producteurs de coca du Chapare ont présenté au
gouvernement leurs revendications tournant autour du plan de développement
alternatif et de la nouvelle politique d’éradication des
plantations de feuilles de coca. Cependant, malgré quelques
points d’accords entre le gouvernement et les producteurs de coca
représentés par le député du Mouvement
au socialisme (MAS) Evo Morales, l’accord espéré n’a
pas eu lieu, ce qui a provoqué par la suite la mobilisation
des cocaleros à travers des actions de blocage des
routes du pays. Les paysans et les
cocaleros ont occupé les routes à partir du
13 janvier dernier et ont installé des barrages pour mettre
sous pression le gouvernement. Ils ont immédiatement dû
affronter la répression violente de nombreux effectifs militaires
et policiers, provoquant la mort de 17 personnes dans les régions
de Cochabamba, Chuquisca et Oruro, où un mineur a été
victime de la violence militaire. Les retraités,
un autre secteur social mécontent face aux promesses non
tenues du pouvoir exécutif, ont également lancé
depuis la localité de Patacamaya une marche jusqu’au siège
du gouvernement pour exiger l’annulation de l’article 3 de la Loi
de Maintien de la Valeur qui ajuste les retraites sur base de l’Indice
des Prix au Consommateur (IPC). Lors de leur marche, ils ont été
réprimés à Pan Duro par des forces policières
et lors de leur retour de la capitale, au cours d’un supposé
accident routier, 8 d’entre eux ont été tués.
Les propriétaires des motos qui ont provoqué cet accident
font partie de la famille du ministre de la Présidence, Carlos
Sanchez Berzain… Un peu plus tard,
les travailleurs de différents secteurs ont uni leurs forces
pour mettre sur pied un dénommé "Etat-Major du Peuple"
exigeant la démission du premier mandataire Sanchez de Lozada
tout en négociant avec lui les revendications des différents
secteurs sociaux mais également des exigences de caractère
nationale et structurelles tels que le rejet de l’Accord de libre
échange des Amériques (ALCA), de l’exportation du
gaz bolivien par un port chilien, de la capitalisation et la feuille
de coca. Après différents
affrontements où ont perdu la vie de nombreux paysans, cocaleros
et forces de l’ordre, un accord a été conclu avec
le gouvernement en vue de mettre sur pied 7 "tables de dialogue"
qui n’ont finalement donné aucun résultat jusqu’à
aujourd’hui. La situation sociale
du pays s’est ensuite considérablement tendue lorsque le
président a annoncé aux Boliviens son "impuestazo".
Cette mesure a été la goutte d’eau qui a fait débordé
le vase de la colère et de l’impatience de la population
et des différents secteurs de travailleurs. Les partis d’opposition
se sont également mis à critiquer durement le gouvernement
en évoquant son incapacité à gouverner et son
absence de programme. Certaines sources
soulignent que ce sont les policiers qui ont mis le feu aux poudres
lorsqu’ils se sont mutinés le mardi 11 février afin
d’exiger une hausse salariale de 40% et l’annulation des mesures
d’austérité qui leur sont imposées. Cette mutinerie a
obligé le pouvoir à faire appel à des troupes
militaires afin de protéger le Palais gouvernemental qui
a subi des jets de pierres de la part d’étudiants du Collège
d’Ayacucho, de la population et de policiers en civil. Mais ce n’était
là que le début car un affrontement a eu lieu entre
des forces policières et des militaires provoquant 89 blessés
et 13 morts par balles! Malgré le
fait que le président Sanchez de Lozada a annoncé
son intention de retirer l’"impuestazo", la situation sociale
est loin de se normaliser. Il reste toujours à résoudre
les demandes des policiers ainsi que l’exigence de la démission
du premier mandataire, une exigence qui est aujourd’hui avancée
par tous les travailleurs, les partis d’opposition et la population.
La Paz, Bolivie,
13/02/03. Bolpress.com/La
Haine. * Traduction: Ataulfo
Riera *** RISBAL
- BOLIVIE:
http://www.collectifs.net/risbal/bolivie/bolivie.htm
RISBAL - Expo Photo dans un atelier de traitement de la coca:
http://www.collectifs.net/risbal/bolivie/expo01.htm