Avancée dans l'abolition de la peine de mort ; L'Illinois montre l'exemple.

«Le fait d'imposer la mort par sanction judiciaire a diminué la valeur de la vie humaine et de la dignité, sans qu'en retour on ait le bénéfice d'une justice rendue de façon équitable, rapide et humaine» a estimé ce samedi 11 janvier 2003 George Ryan , le gouverneur républicain de l'Illinois.

A 48 heures de la fin de son mandat, il a annoncé que quelque 160 détenus actuellement dans le couloir de la mort verraient leur peine commuée en prison à vie. Vendredi, M. Ryan avait deja annoncé, dans un premier discours, qu'il avait décidé de gracier quatre condamnés victimes d'une "injustice manifeste":Madison Hobley, 42 ans, Aaron Patterson, 38 ans, et Leroy Orange, 52 ans, devaient être libérés immédiatement. Le quatrième, Stanley Howard, 40 ans, restera en prison pour un autre délit.

Les quatre hommes avaient tous dénoncé des brutalités policières, certains affirmant que leurs aveux avaient été obtenus sous la contrainte. A eux quatre, ils avaient passé 56 ans en prison.

Sa décision a été immédiatement applaudie par la Coalition Nationale pour l'abolition de la peine de mort (NCADP). L'exemple du moratoire décidé en Illinois a été suivi par le Maryland. Le fait important, dans le cas de M. Ryan, est que cet ancien ministre de la justice de l'Etat avait fait campagne pour le poste de gouverneur, en 1998, en défendant la peine de mort. Son évolution apparaît d'autant plus significative. Il avait été encouragé à suspendre les exécutions, en 2000, par l'ancien maire de Chicago, le démocrate Richard Daley, lui aussi partisan de la peine de mort, l'ayant plusieurs fois requise en tant que procureur, mais convaincu que ses conditions d'application étaient devenues inacceptables.

La Maison Blanche s'est refusée à tout commentaire sur la décision de M. Ryan, mais une porte-parole a déclaré que le président George W. Bush «est favorable à la peine de mort pour les crimes violents et odieux, et pense qu'en fin de compte elle permet de sauver des vies innocentes».
Au total 38 des 50 Etats américains disposent de la peine capitale dans leur arsenal juridique.

En revanche, les partisans du châtiment suprême ne voient dans ce geste de clémence qu'un écran de fumée destiné à faire diversion à un scandale politique qui risque de ternir sérieusement le bilan du gouverneur.
George Ryan quittait ses fonctions lundi à la veille de l'ouverture d'un procès pour racket mettant en cause son ancien secrétaire général, Scott Fawell, et son comité de campagne. Depuis que Ryan a pris ses fonctions en 1999, une enquête sur une affaire de corruption remontant au temps où il était secrétaire d'Etat du Michigan a été ouverte et de proches collaborateurs et amis inculpés. S'il n'a pas encore été mis en cause lui-même par la justice, les procureurs affirment qu'il savait que ses collaborateurs détruisaient des documents-clés compromettants. Espérons que ça ne viendra pas discrédité sa décision.

Malgré cela c'est une avancée significative et historique dans la lutte pour abolir la peine capitale aux U.S.A. . De plus ,le nouveau gouvernement kényan a annoncé ce lundi qu'il espérait abolir la peine de mort d'ici six mois. M. Murungi a jugé "hautement probable" l'abolition de la peine de mort par le Parlement lors de l'adoption de la nouvelle Constitution du pays d'ici la fin juin. Le projet de Constitution contient un article qui abolit la peine de mort.

arch/ive/ief (2000 - 2005)