"Mourir sur le chemin de la justice et de la liberté" by DHKC Monday January 13, 2003 at 01:22 AM |
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Article paru dans l'hebdomadaire turc "Ekmek ve Adalet" (Pain et justice), 13 janvier 2002, n°43 adresse web: www.ekmekveadalet.com
En déclarant : « plutôt mourir sur le chemin de la justice et de la liberté que de vivre comme un mouton », le soldat de la marine américaine et vétéran de la première guerre du Golfe, Ken Nichols O'Keefe démontre que la cause des peuples du monde n'est jamais désespérée. Au plus fort des agressions, encerclements et persécutions des impérialistes et de leurs collaborateurs, les peuples trouvent de nouvelles formes de résistance.
D'aucuns qualifient l'action « bouclier humain » de « désobéissance civile » en raison de son caractère passif. Or, il s'agit d'une action où la conséquence peut être la mort. Et comme toute action fedayin, cette mort sert à faire vivre. Les actions de "désobéissance civile" peuvent elles aussi se solder par la mort cependant, il n'y a pas de confrontation préalable avec la mort. Dans le cas de l'ex-soldat américain, non seulement, il risque sa vie mais en plus, il s'apprête à se sacrifier pour un autre peuple. Vu sa dimension internationale, cette action est pour le moins remarquable. La question de l'efficacité et du succès de cette action est une autre chose.
Quelle que soit la forme, porter préjudice à l'ennemi en actionnant une ceinture d'explosifs ou en s'exposant aux bombes, revient au même.
En Palestine, en Turquie, en Irak, en Afghanistan, il s'agit de formes de résistances élues par le peuple et basées sur le sacrifice.
C'est l'oppression américaine qui produit ce sacrifice
Ce n'est autre que l'Amérique qui pousse les gens à se sacrifier ainsi. Avec ses armes de haute technologie et sa violation du droit et de la justice, l'Amérique tyrannique et spoliatrice ne laisse aucune alternative aux peuples qui veulent le pain et la justice.
Les peuples peuvent uniquement choisir entre l'esclavage et le combat pour la justice et la liberté en défiant la mort et en se sacrifiant. L'Histoire grouille d'événements caractérisés par cette dualité.
Ceux qui ne veulent pas comprendre cette réalité peuvent développer les théories qu'ils désirent. Cependant, celles-ci ne sont que paroles en l'air.
En effet, on ne peut expliquer ce sacrifice sur base religieuse, ni en parlant de manipulation, de lavage de cerveau, ou d'aventurisme.
Ceux qui ne connaissent pas l'oppression, ni la soif de justice et de liberté des peuples ou qui voient ses idéaux comme futiles ne peuvent pas comprendre ces actes.
Si les impérialistes et leurs collaborateurs imposent « la mort ou la capitulation » et leur « domination au monde », n'est-il pas indiscutablement logique qu'il faille soutenir ceux qui refusent leur condition de "moutons" et se battent pour la cause des "peuples" ?
Les révolutionnaires forment l'avant-garde de cet esprit de sacrifice
Malgré les attaques farouches et les calomnies de l'Empire américain et de ses collaborateurs, cette morale magnanime, cet esprit de sacrifice sont sujets à réflexion parmi des milieux de plus en plus vastes.
On constate aujourd'hui que ceux qui créent cet esprit de sacrifice, qui en sont l'avant-garde et qui en ont fait une arme aux mains des peuples, ce sont les révolutionnaires.
Munis de cette conscience, les révolutionnaires, de Che à Mahir, des combattants fedayin aux héros du jeûne de la mort et à tous les guerriers de libération populaire qui combattent aux quatre coins du monde, montrent le chemin à ceux qui n'ont rien à voir avec les révolutionnaires. Ils combattent l'impérialisme sur la même base mais avec des formes différentes.
Les "ni, ni" qui se disent être "en dehors de la mêlée" ne peuvent rien faire dans un monde pareil
Il est curieux d'entendre certains éditorialistes, comme cet intellectuel qui, hier, avec sa sensibilité, écrivait dans ses colonnes aux grévistes de la faim: "vous mourez en vain, ne mourez pas" et qui, après avoir déclaré que la neutralité n'avait pas de valeur dans une guerre, a écrit ceci : "oui, je pense participer pour mon compte à un groupe de 'bouclier humain' en Irak.
J'ai peur et je ne veux pas que mon petit-fils naisse dans un monde dévasté par la guerre."
Le Palestinien qui se sacrifie veut cela aussi. Le résistant du jeûne de la mort aussi : il veut un pays qui ne soit pas entraîné dans une guerre américaine et où les gens puissent vivre leur liberté à pleine gorgée. Il veut un tel pays mais pas pour lui. Lui, il ne le verra pas. On peut dire : "d'accord, mais cela ne se réalisera pas avec un jeûne de la mort".
Cependant, on peut développer ce point de vue pour toutes les formes d'action. Certains disent que les « actions martyrs » sont vaines alors qu'elles paralysent Israël, y sèment la débâcle sur le plan politique, économique et militaire et torpillent les plans d'occupation sionistes.
D'autres disent la même chose à propos du jeûne de la mort.
Posez-vous la question; acceptez-vous un système répressif qui dans notre pays et dans le monde entier, tente d'anéantir la volonté populaire et de liquider toute forme de pensée dissidente ? Si vous n'acceptez pas, que faites-vous ? Vous devez être à même de pouvoir répondre à cette question. Ceux qui se sacrifient avec une grande conscience morale et avec une grande foi donnent une réponse indiscutable à cette question avec leurs propres formes d'action.
Il n'y a aucun sens à dire : "je suis contre ceci et contre cela". Dans un monde et un pays pareils, il n'y a aucun sens à faire de la démagogie en reprenant le discours de l'impérialisme sur le « terrorisme » et le « caractère sacré de la vie »
Plus que jamais, on voit aujourd'hui que ceux qui se considèrent être « à la fois contre la guerre et contre le terrorisme », sont les défenseurs passifs de l'agressivité US.
Face à cette bestialité qui s'exprime dans l'agression contre l'Irak, ils ne peuvent rien dire et rien faire.
Vous pouvez crier « non à la guerre » tant que vous voulez –nous ne méprisons pas ce slogan, nous le mentionnons parce que nous le considérons insuffisant - créer les plates-formes et organiser les meetings que vous voudrez ; si l'on n'est pas écouté, il faut trouver des moyens alternatifs. En ce sens, les boucliers humains sont un exemple de « moyens alternatifs ». Cet exemple n'est pas si ordinaire car il y a dans le fond de cette décision, la conscience du sacrifice. Comme nous l'avons déjà précisé, c'est l'oppression qui oblige à faire un tel choix. Il ne s'agit pas uniquement de protester contre un fait mais de se dresser contre la tyrannie avec toute son existence, viser des résultats, donner un message puissant sur l'irréductibilité des peuples en défiant l'empire américain. Dans un contexte pareil, le débat sur l'autosacrifice ne pourra que s'intensifier. En particulier parmi ceux qui veulent détruire le fascisme néo-colonial et le pouvoir des collaborateurs de l'impérialisme en vue de bâtir le pouvoir du peuple. En conclusion, toute polémique sur des questions de forme dans le cas des actions sacrificielles est dérisoire et futile.