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Death Is A Star
by Red Ant Monday January 13, 2003 at 01:01 AM
DJRedAnt@htotmail.com

Tribute to Joe Strummer

Death Is A Star...
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Death Is A Star

23 décembre 16h, je discute avec un pote au téléphone tout en surfant sur le net distraitement…Les pages défilent devant mes yeux sans que je fasse très attention…Puis, le flash…Sur un site de news musicales, une photo d'une gueule bien connue et une épitaphe. Le choc…Je ne peux plus parler au téléphone…mon pote a l'autre bout du fil dit : " Allo ? ", je raccroche…
Sur l'écran, je vois cette phrase que j'ai du mal à croire :

" We are deeply saddened to confirm that Joe Strummer has passed away. "

Impossible…On m'avait dit que les héros ne mouraient jamais, qu'ils étaient indestructibles…J'ai cru à ces foutaises plus qu'au Père Noël…Le Père Noël n'a jamais existe tandis que Strummer oui.
Le premier choc musical de ma vie, celui qui a déclenche une passion pour la musique qui ne me quittera jamais c'est lui et les Clash.
A 14 ans, sous l'influence de copains plus ages, j'ai plonge. Sandinista fut le premier disque que j'ai acheté avec mon propre argent et ce triple album a bouleverse ma vie. Pour ceux qui ne connaissent pas cet album, il faut savoir que les Clash l'ont écrit et enregistre en quelques mois, quelques mois pour 36 morceaux qui partent dans tous les sens ; Rock, Funk, Jazz, Rhythm & Blues, Disco et même Hip Hop toujours avec cette liberté créatrice inhérente au mouvement punk.

Taking cover in the bunker tonight
Waiting for Bo Diddley's headlights
I feel alright
Gotta Fender Stratosphere
I can do anything tonight

Beaucoup de critiques et spécialistes considèrent l'album London Calling comme le meilleur des Clash et comme le point culminant de leur carrière. Mais personne ne contredira que Sandinista a pousse le processus de création des Clash a un niveau supérieur avec une liberté musicale rarement vue a l'époque. Cette diversité dans la création et cette exploration de nouveaux chemins a surpris plus d'un fan de la première heure et a engendre de nombreuses critiques défavorables. Il est vrai que compte tenu de l'ampleur de l'œuvre, celle-ci est inégale et la première écoute est souvent difficile. Les Clash disaient eux-mêmes qu'un simple album aurait été suffisant mais cet album était le résultat de leur rencontre avec le monde et sa diversité, et le monde ne peut être résume à un simple disque, il en faut au moins trois. En 1980, année de la sortie de Sandinista, ils avaient pose les jalons d'une fusion qui aura une grande influence sur de nombreux courants musicaux à venir. Cette diversité musicale et l'utilisation de l'électronique se retrouvent dans de nombreuses créations actuelles. De plus, vendre un triple album au prix d'un simple en mettant leurs royalties personnelles en jeu, a ma connaissance personne n'a réédité cet exploit.

When you living inna fame
You got to live up to your name
Or else you suffer and you die inna shame
It's all in the game, eh!

Mais revenons un peu en arrière au debut de l'une des histoires les plus intenses du Rock'n'Roll… En 1977, tandis que les Pistols représentaient la mode et le nihilisme Punk, les Damned la rébellion adolescente naïve et simpliste, les Clash avait une approche différente et un idéalisme positif qui contrastait avec le côté destructeur de leurs contemporains précités. Pas le punk comme beaucoup de gens le voit, c'est à dire des petits anarchistes qui veulent tout détruire. Je crois que le vrai esprit punk (du moins ce que j'en ai tire) ne se trouve pas la. Cette image négative n'est que le reflet que l'homme de la rue en a. Les médias ayant mis en exergue ce côté négatif et spectaculaire. Pour beaucoup, le punk n'est que destruction et nihilisme mais les Clash ont montré que tout est permis et qu'il faut tenter le coup a tout prix.

All the young punks
Laugh your life
Cos there ain't much to cry for
All the young cunts
Live it now
Cos there ain't much to die for

La formation initiale des Clash comprenait Joe Strummer (chant, guitare), Mick Jones (chant, guitare), Paul Simonon (basse) et Terry Chimes (batterie). Ce dernier quitta le groupe après le premier album et fut remplace par Topper Headon qui est considéré comme le vrai batteur des Clash. Strummer avait déjà un long passe musical derrière lui lorsqu'il rencontre Jones et Simonon qui le convaincront de quitter son groupe les 101ers pour fonder The Clash. Pendant que Simonon apprenait tant bien que mal a jouer de la basse, Strummer et Jones écrivaient et créaient des brûlots comme London's Burning, White Riot ou I'm So Bored With USA. Le mariage des deux guitares, la voix de Strummer, les textes aussi efficaces que ravageurs et une attitude que seul les grands groupes possèdent.
Musicalement ils ont prouve que le punk ne se résumait pas a trois accords plaqués et a " 1-2-3-GO ! " mais qu'il pouvait être aussi un point de départ vers des directions multiples. Des leur premier album, ils ont intégré des ingrédients divers a leur punk corrosif. Un des singles de ce premier opus était une reprise d'un standard reggae de Junior Murvin, " Police & Thieves", ce single fut produit par Lee 'Scratch' Perry, que la légende considère comme l'inventeur du Dub et qui a produit Bob Marley entre autres.
Leur liaison avec la Jamaïque et les communautés caribéennes se poursuivit avec le périple que Strummer et Mick Jones, têtes pensantes des Clash, entreprirent dans l'île Rastafari dans le but d'écrire le deuxième album. Un voyage dont ils reviendront mitigés suite a leur rencontre avec la réalité de la Jamaïque, très éloignée de l'idée qu'ils s'en faisaient.

I went to the place where every white face is an invitation to robbery
And sitting here in my safe european home
I don't wanna go back there again

Suite au deuxième album (Give'em Enough Rope), les Clash firent leur première tournée américaine. Ils foulaient enfin le sol du pays géniteur du Rock'n'Roll qui a berce leur enfance. Cette première tournée US sera la source inspiratrice pour London Calling leur troisième album, considère comme chef d'œuvre et qui se retrouve souvent dans les classements historiques des meilleurs albums du Rock'n'Roll. C'est avec cet album qu'ils agrandiront leur univers musical avec des influences Rhythm'n'Blues, Rockabilly, Reggae et même leur première chanson d'amour (Train In Vain) qui fera crier a la trahison les punks purs et durs.

Everybody smash up your seats and rock to this
Brand new beat
This here music mash up the nation
This here music cause a sensation

Cette ouverture a d'autres musiques et d'autres cultures sera le berceau de l'album suivant, Sandinista, triple album fourre-tout qui démontre que la révolution peut être aussi musicale. A New-York, ils découvrent le Hip Hop dont ils s'inspireront pour certains morceaux de Sandinista. Une kyrielle d'invites, l'expérimentation de nouvelles techniques de son et une des six faces du triple album conceptuelle font de ce disque une perle rare dans le monde formate de la musique. Sandinista est aussi l'album le plus engage avec de nombreux textes autour de sujets d'actualité de l'époque.

'N' if you can find a Afghan rebel
That the Moscow bullets missed
Ask him what he thinks of voting Communist...
...Ask the Dalai Lama in the hills of Tibet,
How many monks did the Chinese get?
In a war-torn swamp stop any mercenary,
'N' check the British bullets in his armoury
Que?
Sandinista!


Suivit Combat Rock, cinquième album des Clash ou ils développeront cette fusion de genres et le cote plus funk de leur musique. En invite spécial, Allen Ginsberg, le vrai Allen Ginsberg qui récite un de ses poèmes sur un morceau de l'album Combat Rock. Comme pour Sandinista, les hits se succèderont et avec eux toute la pression médiatique et financière qui va souvent de pair. Des conflits internes et cette pression aboutirent à l'éviction de Mick Jones, deuxième tête pensante et compositeur, chanteur du groupe. Le batteur Topper Headon ayant déjà du laisser la place à Terry Chimes en raison d'une dépendance à l'héroïne devenant ingérable, les Clash explosaient et rien ne sera plus jamais pareil.
Le dernier album Cut The Crap, fait sans Mick Jones et Topper Headon, n'est pas considéré comme un vrai album des Clash pour beaucoup. Strummer et Jones formaient une paire de compositeurs/auteurs semblables à d'autres grands comme Lennon/MacCartney ou Jagger/Richards. Lorsque cette collaboration prit fin, les Clash ne furent plus que l'ombre d'eux même. Ce dernier album Cut The Crap est d'ailleurs souvent omis de la discographie officielle du groupe. L'histoire du seul groupe qui compte vraiment (the only band that matters) touche a sa fin. Si les Pistols était la plus grande arnaque du Rock'n'Roll, les Clash furent sa plus belle histoire, une histoire d'hommes, de bruit et de fureur.

An' I wanna move the town to the clash city rockers
You need a little jump of electrical shockers
You better leave town if you only wanna knock us
Nothing stands the pressure of the clash city rockers

Etre fan des Clash n'a rien à voir avec être fan d'Elvis, des Beatles ou de n'importe quel groupe ou star ; être fan des Clash implique une prise de conscience politique et sociale, on ne peut écouter les Clash sans tenir compte de leur message, on ne peut être fan des Clash en ignorant le monde autour de nous, on ne peut être fan des clash à moitié. Les Clash c'est à la vie, a la mort, comme les copains.
Les Clash sont des hommes avant d'être des stars. Nombre de leurs fans ont ce sentiment de proximité, comme s'ils connaissaient personnellement les membres du groupe. Ce sont des potes avant tout, écouter un de leurs albums c'est comme refaire le monde avec une bande de copains. Stummer fait partie de ces stars accessibles et attachantes, avec sa gueule édentée et sa bouille de vieux rocker, il inspire la sympathie et l'intérêt. Il suffit de lire ou d'entendre une de ses interviews et vous comprenez tout de suite que cet homme est d'utilité publique. Même s'il n'était pas un grand penseur, il pensait et parlait vrai. Un humanisme à décourager les pires obscurantismes et une volonté de fer couplée à des convictions qu'il n'abandonnera jamais. Refusant toujours de se vendre comme un produit, anti fasciste et pro-créatif, Strummer fut l'un des rares à mêler politique et musique de manière positive au risque de s'attirer les foudres de l'establishment.
L'un des rares à mettre ses tripes en avant comme seul les bluesmen pouvaient le faire, l'un des derniers à s'être mis en danger au nom de la musique. Voir ou entendre une interview de Strummer était un bol d'air pur dans la fétidité et la morosité habituelle des médias.

Well the black man's got rhythm, and the white man's got the law', an' I know which one I've been searchin' for...

Si on observe le parcours des Clash depuis leur début, on note une évolution musicale bien sur mais aussi idéologique. La notoriété, le business et ce genre de choses auxquelles le groupe n'était pas habitué vont leur imposer une réflexion et influencer leur manière de voir le monde. Strummer se posait des questions perpétuellement et y apportait ses propres réponses sans tomber dans le consensus ambiant. Il s'est aussi remis en question plusieurs fois par rapport à ses propres textes et a l'évolution de la carrière du groupe.
Apres la séparation des Clash, hormis une carrière solo en dents de scie, Strummer s'est lance dans le cinéma. Une gueule pareille et son goût pour les vieux films américains qui ont berce sa jeunesse le prédisposait à faire l'acteur. Il incarna des rôles fait sur mesure qui laissaient percevoir sa personnalité réelle. Des rôles proches de lui…
Du sandiniste physiquement méconnaissable de Walker au pilier de bar de Mistery Train, son charisme explose à l'écran comme il explosait sur scène…
Le genre de second rôle qui bouffe la vedette au héros du film. Ces apparitions fugaces au grand écran en tant qu'acteur et les bandes originales de films qu'il a composés démontrent qu'il avait une passion pour le cinéma aussi grande que pour la musique.
Death or Glory becomes just another story il chantait et longtemps encore son message et sa voix resteront graves dans nos esprits et dans le paysage de la culture populaire du XXeme siècle.
So long Joe…