Death Is A Star by Red Ant Monday January 13, 2003 at 01:01 AM |
DJRedAnt@htotmail.com |
Tribute to Joe Strummer
23 décembre 16h, je discute
avec un pote au téléphone tout en surfant sur le net distraitement
Les
pages défilent devant mes yeux sans que je fasse très attention
Puis,
le flash
Sur un site de news musicales, une photo d'une gueule bien connue
et une épitaphe. Le choc
Je ne peux plus parler au téléphone
mon
pote a l'autre bout du fil dit : " Allo ? ", je raccroche
" We are deeply saddened to
confirm that Joe Strummer has passed away. " Impossible
On m'avait dit que
les héros ne mouraient jamais, qu'ils étaient indestructibles
J'ai
cru à ces foutaises plus qu'au Père Noël
Le Père
Noël n'a jamais existe tandis que Strummer oui. Taking
cover in the bunker tonight Beaucoup de critiques et spécialistes
considèrent l'album London Calling comme le meilleur des Clash et comme
le point culminant de leur carrière. Mais personne ne contredira que
Sandinista a pousse le processus de création des Clash a un niveau supérieur
avec une liberté musicale rarement vue a l'époque. Cette diversité
dans la création et cette exploration de nouveaux chemins a surpris plus
d'un fan de la première heure et a engendre de nombreuses critiques défavorables.
Il est vrai que compte tenu de l'ampleur de l'uvre, celle-ci est inégale
et la première écoute est souvent difficile. Les Clash disaient
eux-mêmes qu'un simple album aurait été suffisant mais cet
album était le résultat de leur rencontre avec le monde et sa
diversité, et le monde ne peut être résume à un simple
disque, il en faut au moins trois. En 1980, année de la sortie de Sandinista,
ils avaient pose les jalons d'une fusion qui aura une grande influence sur de
nombreux courants musicaux à venir. Cette diversité musicale et
l'utilisation de l'électronique se retrouvent dans de nombreuses créations
actuelles. De plus, vendre un triple album au prix d'un simple en mettant leurs
royalties personnelles en jeu, a ma connaissance personne n'a réédité
cet exploit. When you living
inna fame Mais revenons un peu en arrière
au debut de l'une des histoires les plus intenses du Rock'n'Roll
En 1977,
tandis que les Pistols représentaient la mode et le nihilisme Punk, les
Damned la rébellion adolescente naïve et simpliste, les Clash avait
une approche différente et un idéalisme positif qui contrastait
avec le côté destructeur de leurs contemporains précités.
Pas le punk comme beaucoup de gens le voit, c'est à dire des petits anarchistes
qui veulent tout détruire. Je crois que le vrai esprit punk (du moins
ce que j'en ai tire) ne se trouve pas la. Cette image négative n'est
que le reflet que l'homme de la rue en a. Les médias ayant mis en exergue
ce côté négatif et spectaculaire. Pour beaucoup, le punk
n'est que destruction et nihilisme mais les Clash ont montré que tout
est permis et qu'il faut tenter le coup a tout prix. All the young
punks La formation initiale
des Clash comprenait Joe Strummer (chant, guitare), Mick Jones (chant, guitare),
Paul Simonon (basse) et Terry Chimes (batterie). Ce dernier quitta le groupe
après le premier album et fut remplace par Topper Headon qui est considéré
comme le vrai batteur des Clash. Strummer avait déjà un long passe
musical derrière lui lorsqu'il rencontre Jones et Simonon qui le convaincront
de quitter son groupe les 101ers pour fonder The Clash. Pendant que Simonon
apprenait tant bien que mal a jouer de la basse, Strummer et Jones écrivaient
et créaient des brûlots comme London's Burning, White Riot ou I'm
So Bored With USA. Le mariage des deux guitares, la voix de Strummer, les textes
aussi efficaces que ravageurs et une attitude que seul les grands groupes possèdent.
I went to the
place where every white face is an invitation to robbery Suite au deuxième
album (Give'em Enough Rope), les Clash firent leur première tournée
américaine. Ils foulaient enfin le sol du pays géniteur du Rock'n'Roll
qui a berce leur enfance. Cette première tournée US sera la source
inspiratrice pour London Calling leur troisième album, considère
comme chef d'uvre et qui se retrouve souvent dans les classements historiques
des meilleurs albums du Rock'n'Roll. C'est avec cet album qu'ils agrandiront
leur univers musical avec des influences Rhythm'n'Blues, Rockabilly, Reggae
et même leur première chanson d'amour (Train In Vain) qui fera
crier a la trahison les punks purs et durs. Everybody smash
up your seats and rock to this Cette ouverture a
d'autres musiques et d'autres cultures sera le berceau de l'album suivant, Sandinista,
triple album fourre-tout qui démontre que la révolution peut être
aussi musicale. A New-York, ils découvrent le Hip Hop dont ils s'inspireront
pour certains morceaux de Sandinista. Une kyrielle d'invites, l'expérimentation
de nouvelles techniques de son et une des six faces du triple album conceptuelle
font de ce disque une perle rare dans le monde formate de la musique. Sandinista
est aussi l'album le plus engage avec de nombreux textes autour de sujets d'actualité
de l'époque. 'N' if you can
find a Afghan rebel An' I wanna move
the town to the clash city rockers Etre fan des Clash n'a rien à
voir avec être fan d'Elvis, des Beatles ou de n'importe quel groupe ou
star ; être fan des Clash implique une prise de conscience politique et
sociale, on ne peut écouter les Clash sans tenir compte de leur message,
on ne peut être fan des Clash en ignorant le monde autour de nous, on
ne peut être fan des clash à moitié. Les Clash c'est à
la vie, a la mort, comme les copains. Well
the black man's got rhythm, and the white man's got the law', an' I know which
one I've been searchin' for... Si on observe le parcours des Clash
depuis leur début, on note une évolution musicale bien sur mais
aussi idéologique. La notoriété, le business et ce genre
de choses auxquelles le groupe n'était pas habitué vont leur imposer
une réflexion et influencer leur manière de voir le monde. Strummer
se posait des questions perpétuellement et y apportait ses propres réponses
sans tomber dans le consensus ambiant. Il s'est aussi remis en question plusieurs
fois par rapport à ses propres textes et a l'évolution de la carrière
du groupe. Death Is A Star
Sur l'écran, je vois cette phrase que j'ai du mal à croire :
Le premier choc musical de ma vie, celui qui a déclenche une passion
pour la musique qui ne me quittera jamais c'est lui et les Clash.
A 14 ans, sous l'influence de copains plus ages, j'ai plonge. Sandinista fut
le premier disque que j'ai acheté avec mon propre argent et ce triple
album a bouleverse ma vie. Pour ceux qui ne connaissent pas cet album, il faut
savoir que les Clash l'ont écrit et enregistre en quelques mois, quelques
mois pour 36 morceaux qui partent dans tous les sens ; Rock, Funk, Jazz, Rhythm
& Blues, Disco et même Hip Hop toujours avec cette liberté
créatrice inhérente au mouvement punk.
Waiting for Bo Diddley's headlights
I feel alright
Gotta Fender Stratosphere
I can do anything tonight
You got to live up to your name
Or else you suffer and you die inna shame
It's all in the game, eh!
Laugh your life
Cos there ain't much to cry for
All the young cunts
Live it now
Cos there ain't much to die for
Musicalement ils ont prouve que le punk ne se résumait pas a trois accords
plaqués et a " 1-2-3-GO ! " mais qu'il pouvait être aussi
un point de départ vers des directions multiples. Des leur premier album,
ils ont intégré des ingrédients divers a leur punk corrosif.
Un des singles de ce premier opus était une reprise d'un standard reggae
de Junior Murvin, " Police & Thieves", ce single fut produit par
Lee 'Scratch' Perry, que la légende considère comme l'inventeur
du Dub et qui a produit Bob Marley entre autres.
Leur liaison avec la Jamaïque et les communautés caribéennes
se poursuivit avec le périple que Strummer et Mick Jones, têtes
pensantes des Clash, entreprirent dans l'île Rastafari dans le but d'écrire
le deuxième album. Un voyage dont ils reviendront mitigés suite
a leur rencontre avec la réalité de la Jamaïque, très
éloignée de l'idée qu'ils s'en faisaient.
And sitting here in my safe european home
I don't wanna go back there again
Brand new beat
This here music mash up the nation
This here music cause a sensation
That the Moscow bullets missed
Ask him what he thinks of voting Communist...
...Ask the Dalai Lama in the hills of Tibet,
How many monks did the Chinese get?
In a war-torn swamp stop any mercenary,
'N' check the British bullets in his armoury
Que?
Sandinista!
Suivit Combat Rock, cinquième album des Clash ou ils développeront
cette fusion de genres et le cote plus funk de leur musique. En invite spécial,
Allen Ginsberg, le vrai Allen Ginsberg qui récite un de ses poèmes
sur un morceau de l'album Combat Rock. Comme pour Sandinista, les hits se succèderont
et avec eux toute la pression médiatique et financière qui va
souvent de pair. Des conflits internes et cette pression aboutirent à
l'éviction de Mick Jones, deuxième tête pensante et compositeur,
chanteur du groupe. Le batteur Topper Headon ayant déjà du laisser
la place à Terry Chimes en raison d'une dépendance à l'héroïne
devenant ingérable, les Clash explosaient et rien ne sera plus jamais
pareil.
Le dernier album Cut The Crap, fait sans Mick Jones et Topper Headon, n'est
pas considéré comme un vrai album des Clash pour beaucoup. Strummer
et Jones formaient une paire de compositeurs/auteurs semblables à d'autres
grands comme Lennon/MacCartney ou Jagger/Richards. Lorsque cette collaboration
prit fin, les Clash ne furent plus que l'ombre d'eux même. Ce dernier
album Cut The Crap est d'ailleurs souvent omis de la discographie officielle
du groupe. L'histoire du seul groupe qui compte vraiment (the only band that
matters) touche a sa fin. Si les Pistols était la plus grande arnaque
du Rock'n'Roll, les Clash furent sa plus belle histoire, une histoire d'hommes,
de bruit et de fureur.
You need a little jump of electrical shockers
You better leave town if you only wanna knock us
Nothing stands the pressure of the clash city rockers
Les Clash sont des hommes avant d'être des stars. Nombre de leurs fans
ont ce sentiment de proximité, comme s'ils connaissaient personnellement
les membres du groupe. Ce sont des potes avant tout, écouter un de leurs
albums c'est comme refaire le monde avec une bande de copains. Stummer fait
partie de ces stars accessibles et attachantes, avec sa gueule édentée
et sa bouille de vieux rocker, il inspire la sympathie et l'intérêt.
Il suffit de lire ou d'entendre une de ses interviews et vous comprenez tout
de suite que cet homme est d'utilité publique. Même s'il n'était
pas un grand penseur, il pensait et parlait vrai. Un humanisme à décourager
les pires obscurantismes et une volonté de fer couplée à
des convictions qu'il n'abandonnera jamais. Refusant toujours de se vendre comme
un produit, anti fasciste et pro-créatif, Strummer fut l'un des rares
à mêler politique et musique de manière positive au risque
de s'attirer les foudres de l'establishment.
L'un des rares à mettre ses tripes en avant comme seul les bluesmen pouvaient
le faire, l'un des derniers à s'être mis en danger au nom de la
musique. Voir ou entendre une interview de Strummer était un bol d'air
pur dans la fétidité et la morosité habituelle des médias.
Apres la séparation des Clash, hormis une carrière solo en dents
de scie, Strummer s'est lance dans le cinéma. Une gueule pareille et
son goût pour les vieux films américains qui ont berce sa jeunesse
le prédisposait à faire l'acteur. Il incarna des rôles fait
sur mesure qui laissaient percevoir sa personnalité réelle. Des
rôles proches de lui
Du sandiniste physiquement méconnaissable de Walker au pilier de bar
de Mistery Train, son charisme explose à l'écran comme il explosait
sur scène
Le genre de second rôle qui bouffe la vedette au héros du film.
Ces apparitions fugaces au grand écran en tant qu'acteur et les bandes
originales de films qu'il a composés démontrent qu'il avait une
passion pour le cinéma aussi grande que pour la musique.
Death or Glory becomes just another story il chantait et longtemps encore son
message et sa voix resteront graves dans nos esprits et dans le paysage de la
culture populaire du XXeme siècle.
So long Joe