Pourquoi CNN agresse le gouvernement vénézuélien? by RISBAL Sunday December 29, 2002 at 02:34 PM |
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Contrairement à la mythologie néo-libérale, nombreux sont les négoces de l'économie globale qui ne résultent pas d'une meilleure position de compétitivité sur le marché, mais sont le fait de l'intégration de l'élite économique à des réseaux informels de pouvoir et de trafics d'influences. C'est sur cet aspect, plus que dans celui simplement économique, que le pouvoir du Groupe Cisneros et de son Chief Executive Officer Gustavo Cisneros, est redoutable et lui permet d'influencer la politique nationale et internationale.
Antérieurement, nous avions publié
sur ce site un article de Heinz Dieterich Steffan expliquant le pourquoi
de l'acharnement
du quotidien espagnol "El Pais" contre le processus
bolivarien au Venezuela. Voici une autre contribution du même
auteur mais sur CNN maintenant. (RISBAL) Pourquoi CNN agresse Par Heinz Dieterich Steffan, Rebelión,
28.12.02. L'agression médiatique prolongée
de la transnationale étasunienne CNN (Cable News Network)
contre le processus bolivarien est due à quatre facteurs: Contrairement à la mythologie
néo-libérale, nombreux sont les négoces de l’économie
globale qui ne résultent pas d’une meilleure position de compétitivité
sur le marché, mais sont le fait de l’intégration de l'élite
économique à des réseaux informels de pouvoir et
de trafics d'influences. C'est sur cet aspect, plus que dans celui simplement
économique, que le pouvoir du Groupe Cisneros et de son
Chief Executive Officer (CEO, chef exécutif) Gustavo Cisneros,
est redoutable et lui permet d'influencer la politique nationale et
internationale, comme le révèlent les données suivantes
sur sa participation à des réseaux académiques,
économiques et politiques de l'élite dominante globalisée. Cisneros est membre de conseils d’assesseurs
de plusieurs universités d'élite étasuniennes,
parmi elles: l'Université de Columbia, à New York et le
Collège Babson; le David Rockefeller Center for Latin American
Studies de l'Université de Harvard, à Boston et le
conseil d'administration du Joseph H. Lauder Institute of Management
and International Studies de la prestigieuse Wharton School of
Economics de l'Université de Pennsylvanie, à Philadelphie. Cisneros appartient aussi au groupe d’assesseurs
du Council on Foreign Relations à New York, le think
tank le plus important de l'establishment libéral
du grand capital étasunien; il est aussi membre de la Information
& Communication Technology (ICT) Task Force des Nations
Unies, du World Business Council du Forum Économique Mondial
(WEF, sigles en anglais) et participe au Conseil International des assesseurs
de l’influente The Americas Society. Au sein de cette association
"sans but lucratif", on trouve aussi David Rockefeller et le chef d'entreprise
des médias, le chilien Agustín Edwards. Edwards a un intérêt particulier
car il a été une des pièces clef de la conspiration
contre le gouvernement constitutionnel de Salvador Allende. En fait,
il joua le même rôle dans la destruction de l'Unité Populaire
chilienne que celui que joue Cisneros au Venezuela. En profitant
de ses bonnes relations avec l'ambassade de Washington à Santiago
du Chili et avec les secteurs de l'élite patronale étasunienne;
en recevant plus de 1,5 million de dollars de la Central Intelligence
Agency (CIA) des Etats-Unis, "le Mercurio et d'autres médias
soutenus par l'Agence ont joué un rôle important dans la
mise en place des conditions pour le coup d’Etat militaire du 11 septembre
1973", a affirmé un rapport du Sénat étasunien
en 1975. Quand l'ambassadeur étasunien
Edward Korry a communiqué à Edwards qu'Allende gagnerait
les élections nationales de septembre 1970, le chef d'entreprise
se réunit aux Etats-Unis avec le président de la transnationale
Pepsi-Cola, un de ses amis personnels, Donald Kendall, pour définir
les stratégies nécessaires pour détruire Allende.
Kendall - qui - comme les représentants du grand capital et les
mécène du Parti Républicain en général
- avait accès direct au Président, organisa pour le 15
septembre plusieurs réunions, auxquelles participèrent
Nixon, Kissinger, le chef de la CIA, Richard Helms, Agustín Edwards
et Donald Kendall. Cette même nuit, Nixon donna l'ordre à
la CIA de détruire le gouvernement constitutionnel de l'Unité
Populaire par un coup d’Etat militaire ou par tout moyen nécessaire
pour atteindre cet objectif. Durant les trois années dont l’impérialisme
eut besoin pour organiser la sanglante rébellion des généraux
dirigée par Augusto Pinochet, le Mercurio a utilisé
les mêmes techniques qui sont observées aujourd'hui au
Venezuela. Éditoriaux dans la presse écrite, rédigés par des experts
de la CIA ou des journalistes à la solde de la réaction,
répétés une infinité de fois par les stations
de radio et de télévision; appels aux militaires pour
mettre fin à l’ "anarchie" et à la "dictature"
du gouvernement; désinformation et mensonges systématiques
pour exciter la population contre le gouvernement et détruire
la confiance dans l’avenir du pays, etcetera. Pendant que le peuple
souffrait de la faim et subissait la terreur de ces subversifs, Edwards
jouissait de son long séjour aux Etats-Unis, d’une vie de luxe
comme vice-président mondial de Pepsi-Cola, courtoisie
de son ami Kendall. Au niveau politique, Gustavo Cisneros
a eu de bonnes relations avec le Président Ronald Reagan, il
a été invité avec sa conjointe Patricia Phelps
à des festivités; avec le gouvernement de Bill Clinton
dont le secrétaire des Relations Extérieures Cyrus Vance
a été l’interlocuteur, ainsi qu'avec la dynastie Rockefeller
et la dynastie Bush, avec notamment l'ex-président George Bush
avec qui il pêche à La Florida et dans les rivières
vénézuéliennes. Même si son pouvoir économique
est probablement surestimé, puisque dans plusieurs entreprises,
il n’est que copropriétaire, il ne fait guère de doute
que son empire de 70 compagnies dans 39 pays, avec des recettes annuelles
supérieures aux quatre milliards de dollars, a une force considérable,
surtout dans le secteur des médias et de la communication: Direct
TV Latin America a plus de 300 canaux vidéo et audio dans
28 pays; Univisión est la plus grande chaîne de
télévision de langue hispanique aux Etats-Unis; Venevisión
le plus important canal de télévision vénézuélien
et Venevisión International, un des plus importants du
continent américain. Par le biais d'alliances stratégiques
avec Pepsi-Cola et Coca-Cola, Cisneros s'est transformé
en copropriétaire d'une des plus importantes entreprises de mise
en bouteille latino-américaines, Panamco (1), ayant des
sièges à Miami, Panama et Atlanta, et qui a été
vendue en décembre 2002 pour 3,6 milliards de dollars au groupe
des Garza Lagüera de Monterrey, au Mexique. Cisneros a touché
9% du total. En 1997, il lança aussi la Playboy TV Iberia
qui depuis lors "enrichit" le panorama culturel de l'Espagne
et du Portugal avec d’attrayantes lapines dans la style étasunien. En 1998, Cisneros forma une alliance
(joint venture) avec America Online, Inc. (AOL), d’où
est né l'entreprise America Online Latin America (AOLA)
qui offre des services interactifs, entre autres, au Brésil,
au Mexique, en Argentine et à Puerto Rico. C’est là que
l’on croise les réseaux informels de Cisneros avec CNN, AOL et
Time Warner. L'indépendance de CNN, le premier
canal télévisuel d'information continue, créé
par Ted Turner, prit fin en octobre 1996, quand la Turner Broadcasting
System, Inc. intégra le conglomérat médiatique
Time Warner, Inc., qui contrôle, entres autres, la revue
mondiale Time et la revue d'affaires, Fortune. La Time
Warner fusionna, à son tour, le 11 janvier 2001 avec America
Online qui obtint le contrôle de la majorité des actions.
CNN a été soumise successivement au management et aux
actionnaires de Time Warner et, postérieurement, à
ceux d'AOL, avec qui Cisneros a conclu une alliance stratégique
lui offrant les contacts et des relations avec les exécutifs
supérieurs de cette gigantesque transnationale et avec ses homologues
européens et asiatiques, comme en 1999 quand il se réunit
avec le président de la transnationale allemande Bertelsman,
le vice-président de la japonaise Fujitsu et le président
de Time Warner, Levine, dans la capitale française. CNN a été réduite
au statut d’une compagnie ou d’une division de plus dans la structure
corporative transnationale d'AOL Time Warner, Inc. , ce qui signifie
que son taux de profit ne doit pas rester sous celui des autres divisions,
si elle ne veut pas courir le risque d’être transformée
ou d'être mise en liquidation. Cette pression du "marché"
– en fait, des coefficients comparatifs coût/bénéfice
- accélère la chute de CNN comme média d’information
de qualité, une tendance qui reçut son coup de grâce
politique avec la déclaration de "guerre internationale
contre le terrorisme" de George W. Bush, qui a provoqué
la soumission ouverte de la chaîne à la raison de l'État
impérial. Ce double impact économique et
politique a des répercussions de manière dramatique dans
le manque de professionnalisme de l'équipe de journalistes, modérateurs
et "analystes" de CNN en espagnol. Exempts de préparation scientifique,
sans notion méthodologique du concept statistique de la représentativité
- qui est l'axe de tout travail journalistique sérieux - les
demoiselles Ligimat Pérez à Caracas et Gwenda Umaña
à Atlanta sont restées à la merci du sens commun,
des préjugés et des intérêts des classes
moyennes locales et étrangères, quand elles parlent du
complexe problème vénézuélien. Harris Whitbeck,
qui, un jour faisait un reportage mal informé depuis Kaboul,
s’est retrouvé expédié d’urgence le jour suivant
à Caracas pour informer sur la problématique bolivarienne,
avec les résultats prévisibles. Lucia Newman, envoyée
parfois par fast track de La Havane à Caracas, est tellement
effrayée par les milieux anti-cubains à Miami qu'elle
ne s’écarte pas d’une virgule de la litanie politiquement correcte.
Dans cette équipe, seul Jorge Gestoso et Patricia Janiot conservent
un peu de qualité professionnelle, l'éthique, quand ils
se référent au Venezuela. Les agressions permanentes de CNN et
des médias espagnols pendant les trois années de gouvernement
de Hugo Chávez, sont les avant-gardes propagandistes de la guerre
d'appropriation économique pour les restes du butin latino-américain,
que les amis néo-libéraux de l'impérialisme étasunien
et du sous-impérialisme espagnol n'ont pas encore pu s’offrir.
La perle de ce butin sont les réserves pétrolières
du Venezuela, équivalentes à celles de l'Arabie Saoudite,
et l'entreprise PDVSA, qui possède environ 15.000 stations d’essence
et huit raffineries aux Etats-Unis, en plus des neuf raffineries en
Europe et autant au Venezuela et dans les Caraïbes. "La perception tue la réalité",
disent les opérateurs du marketing bourgeois et c’est la prescription
que les intellectuels du capital transnational, les médias, utilisent
dans la destruction du projet populaire vénézuélien.
Il y a trente ans, ils reproduisaient comme caisses de résonance
les mensonges des golpistas chiléno-étasuniens
contre le gouvernement constitutionnel de Salvador Allende. Durant les
années quatre-vingt, ils répétèrent l'opération
contre le gouvernement constitutionnel sandiniste au Nicaragua et depuis
les années 1990, c’est au tour du gouvernement constitutionnel
de Hugo Chávez. Rien de nouveau sous le soleil … du mensonge
impérial. Note du traducteur: (1) Il
est utile d'ajouter que Panamco possède 17 usines de mise
en bouteille en Colombie et que le SINALTRAINAL, le syndicat du secteur
alimentaire colombien, s'est portée partie civile dans la plainte
déposée par plusieurs associations et syndicats étasuniens
contre Coca-Cola et son fournisseur colombien, Panamco Colombia
S.A. Cette plainte fait état de mauvais traitements, enlèvements
et meurtres. Plus d'info: * Traduction (esp-fr): Frédéric
Lévêque, pour RISBAL. ©
COPYLEFT Rebelion
2002
Photo: Venpres
le gouvernement vénézuélien?
http://www.collectifs.net/risbal/col/cocacola.htm
Article original : ¿Por
qué CNN agrede al gobierno venezolano?