DHKC 288: Feride Harman nous a elle aussi quitté by DHKC Thursday December 26, 2002 at 01:16 PM |
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Date: 16 décembre 2002 Communiqué: 288 Feride Harman aussi est devenue martyre Nous restons patients et décidés comme au premier jour!
Elle était une bannière de résistance en plein coeur d'Istanbul depuis 3,5 mois.
Du 28 juillet 2001 jusqu'à son martyr le 16 décembre 2002, le bandeau qui ceignait son front a été le porte-drapeau de notre détermination.
Elle s'appelle Feride Harman.
La résistance, c'est comme une batteuse qui sépare le grain de l'épi lorsque lorsque les blés sont mûrs.
Avec leur sens des responsabilités, leur attitude de défi contre la tyrannie, avec leur amour pour le peuple et la patrie, avec leur courage et leur sacrifice, nos martyrs sont les femmes et les hommes les plus mûrs du peuple de la Turquie. Ils étaient aux avant-postes du combat.
Les tyrans ont leur tyrannie, mais, nous, nous avons notre Feride et les siens.
Contre la politique et les politiciens de l'impérialisme, contre l'oppression fasciste, nous avons nos camarades. C'est la raison pour laquelle les oppresseurs ne parviennent pas à nous battre. Ils assassinent, engeôlent, isolent, mais ils ne parviennent pas à nous vaincre.
Ils sont les héros des nations turque et kurde, les héros de notre peuple.
Ils sont les héros qui font de leur âme, une barricade face à la tyrannie.
Ne pensez pas qu'ils ne sont que trois ou cinq. Ne pensez pas qu'ils sont cent ou deux cents. Ils sont si nombreux qu'en 32 ans, ils n'ont pas pu être exterminés malgré les massacres, la torture, les exécutions, les enlèvements et la captivité. Quand ils tombent, ils repoussent en se multipliant comme des semences fécondes. Leur nom est Feride Harman ‘et les siens'.
Au chevet du corps de notre camarade Feride Harman, nous réaffirmons ceci : « rien ne sert d'espérer que nous disparaîtrons. Aucun de ses comptes n'est réaliste, ni cohérent. »
Nous pouvons enseigner et montrer une nouvelle fois à ceux qui font mine de ne pas voir, ni savoir, ce qu'ont été les résultats des « plans d'extermination » des gouvernements précédents.
UNE RESISTANCE QUI DEVOILE LA VERITABLE FACE DU POUVOIR!
Feride Harman est la 102e martyre depuis le début de la résistance entamée le 20 octobre 2000 contre les prisons de type F et l'isolement. En deux ans, la tyrannie et le fascisme de l'oligarchie turque se sont concrétisés dans les événements du 19 décembre et les prisons de type F qui s'ensuivirent. Les opérations consmétiques des gouvernements de l'oligarchie qui ne jurent plus que par les « normes de l'UE » se détériorent. Tout le monde sait et accepte que si l'oppression règne dans les prisons d'un pays, si chaque jour un corps quitte ses prisons, si les femmes et les hommes sont prêts à affronter la mort tant en prison qu'à l'extérieur, tous les discours portant sur la démocratie ne sont que foutaises.
Personne, aucun pouvoir ni aucune force politique ne pourra se dérober à l'expérimentation de notre résistance.
L'AKP est-il le continuateur de la répression impérialiste et fasciste ou est-il musulman démocrate? Le sujet de base qui peut déterminer la réponse à cette question est l'attitude adoptée face à notre résistance.
Aucune manoeuvre de diversion ne fera oublier l'attitude face à la résistance.
Au lieu d'essayer de résoudre la question des prisons de type F et celle des diverses franges de la population, le pouvoir AKP tente de parachever les travaux « laissés à moitié » par le gouvernement Ecevit-Bahçeli-Yýlmaz.
L'une des tentatives de l'AKP est de ratifier le projet de loi visant à légaliser les interventions médicales contre les grévistes de la faim. Si l'AKP a l'intention d'introduire les modifications légales que le ministre de la justice Sami Türk du gouvernement Ecevit a tenté de faire voter en vain, qu'il ne se dérange pas.
Ils n'ont qu'à lire les propos tenus par Ecevit, Sami Türk et Tantan (alors ministre de l'intérieur) au matin du 19 décembre 2000.
C'était pour intervenir et mettre fin au jeûne de la mort qu'ils ont perpétré ce massacre jamais égalé dans l'histoire de la Turquie. Ils étaient si sûrs d'eux qu'ils claironnaient: « le jeûne de la mort est enfin terminé ».
Finalement, ils ont été obligés de lécher ce qu'ils ont craché.
Les détenus révolutionnaires qu'ils n'ont pas réussi à soumettre les résistants du jeûne de la mort qui étaient à l'extérieur des prisons et les masses qui se sont rendues aux urnes leurs ont fait avaler ce qu'ils ont craché.
Nous mettons une nouvelle fois l'AKP en garde: Ne rêver pas de « briser la résistance ... en faisant voter telle ou telle loi ou en agissant de l'une ou de l'autre manière... ». Vous ne pouvez éluder l'examen de la résistance. C'est selon votre attitude face à la résistance que vous recevrez votre note en « démocratie »!
Nous sommes patients, déterminés et intraitables.
"LA FORCE NEE DE LA BRAVOURE DANS LES PRISONS ET HORS-LES-MURS..." EST INVINCIBLE ET INEXTINGUIBLE!
Feride Harman était une guerillera dans le maquis de Dersim. Elle combattait alors contre l'oppression, armes à la main. Elle fut capturée. En d'autres termes, l'ordre établi de l'oligarchie l'avait « désarmée »...
Or, en était-il vraiment ainsi? Feride était-elle « désarmée » ?
Non, elle découvrit l'arme la plus puissante des opprimés qui résistent à l'oppression et elle s'en est munie. Voici ce qu'elle écrivit dans l'une des dernières lettres qu'elle adressa à notre Front: « Le jeûne de la mort a particulièrement contribué à ma transormation. Durant cette période, je découvris ma véritable force. C'est ma captivité en cellule et la bravoure créées à l'intérieur et à l'extérieur des prisons qui m'ont donné force et courage... »
Munie de cette force, face au massacre du 19 décembre, elle a gardé la tête haute.
Malgré son confinement en cellule, elle a gardé la tête haute.
Feride a été libérée le 23 août 2002 alors qu'elle observait son jeûne. Face à la corruption de l'Etat, elle a gardé la tête haute. D'un revers de la main, elle a rejeté la corruption et elle a fait du bandeau pourpre de son front, le drapeau de la résistance en plein coeur d'Istanbul.
Ceux qui font mine de ne pas voir ce drapeau et cette volonté, que ce soient les tenants du pouvoir ou les forces d'opposition, sont condamnés à disparaître politiquement. En effet, la politique se modèle sur la guerre qui oppose les oppresseurs et les opprimés. Feride est l'héroïne des pauvres et des opprimés. Combattant l'impérialisme et le fascisme, elle incarnait l'intrépidité de notre peuple. Ses assassins sont précisément les représentants de l'impérialisme et du fascisme. Ceux qui demeurent silecieux face au meurtre de Feride rendent d'une manière ou de l'autre, un service à l'ordre impérialiste et fasciste.
Notre camarade Feride Harman est née en septembre 1973 à Akçadað, dans la province de Malatya. Elle fréquenta l'école et finit sa scolarité au lycée de Kürecik. Son père est un enseignant pensionné et sa mère, une femme au foyer. Ils étaient huit frères et soeurs. Il s'agissait d'une famille ordinaire comme on peut en rencontrer des dizaines de millions en Anatolie. Feride est devenue révolutionnaire alors qu'elle vivait comme ces dizaines de millions de jeunes de notre pays, condamnés à la misère, dont on viole la dignité nationale, subissant la répression, les interdictions et les châtiments dès leurs premières années scolaires. Elle fit la connaissance avec notre Front en 1991. En 1992, elle prit activement part à la lutte. En 1993, elle rejoint l'unité de propagande armée Ýbrahim Erdoðan du maquis de Dersim. Elle vécut ainsi près de quatre ans dans la guérilla. Elle fut ensuite capturée. Durant sa captivité, elle ne renonça pas à son idéal. Au contraire, elle s'aguerrit et se surpassa durant sa captivité.
C'est au titre de résistante de la 6e équipe de volontaires pour le jeûne de la mort qu'elle porta pendant un an et demi le drapeau de la résistance frappé de la devise « la victoire ou la mort ».
Dans son testament, elle voulait que l'on disperse une poignée de terre de Dersim sur son cercueil.
Nous allons réaliser sa dernière volonté; mais nous ne ferons pas que cela : nous irons visiter sa tombe pour lui annoncer la victoire de notre résistance. Telle est la parole que nous donnons à nos héros qui incarnent notre détermination.
Devrimci Halk Kurtuluþ Cephesi