Venezuela: déclarations du Président Hugo Chavez sur la situation actuelle by RISBAL Friday December 13, 2002 at 10:54 AM |
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Déclarations traduites du Président Hugo Chavez Frias sur la situation actuelle au Venezuela.
Déclarations
du président Hugo Chavez Rebelion,
12.12.02 - Monsieur
le Président, qu'en est-il au sujet de l'industrie pétrolière? Hugo Chavez:
Nous travaillons là-dessus et nous sommes en train de résoudre
la crise. Je peux vous l'affirmer: nous sommes effectivement en train
de trouver une solution et de dépasser cette crise. Comme vous
le savez, dans ce pays, s'est mis en marche un gigantesque plan de sabotage.
On pourrait le comparer à ce qui se passe en Colombie lorsqu'un
groupe armé place une bombe sur un oléoduc ou un puit de
pétrole pour les faire sauter. Ici, heureusement, ils ne les font
pas sauter et ils ne le feront pas, mais il s'agit d'une subversion très
efficace qui a pénétré le coeur de notre industrie,
et a exproprié les Vénézuéliens depuis trop
longtemps. Il s'agit de personnes qui ont cru que PDVSA leur appartenait. Vous savez,
et c'est déplorable, que les coûts de production de la PDVSA
ont augmenté à un point tel ces dernières années
qu'il nous coûte presque trois fois plus cher de produire un barril
de pétrole comparé à une entreprise internationale
ou transnationale. Une opération
bien planifiée de sabotage s'est mise en place, mais cependant
nous démontrons notre force en l'affaiblissant car ceux qui l'ont
planifiée de l'intérieur et de l'extérieur ont le
grand avantage de manier ou d'avoir manié pendant des années
tous les systèmes d'une entreprise dont ils connaissent les moindres
détails; sur terre, sur mer et depuis l'extraction jusqu'au raffinement.
J'en ai appris énormément... Le plus importan,
c'est que nous sommes en train de dépasser la crise et cela est
une démonstration de force, parce qu'il s'agit ici d'un coup d'Etat.
Les mêmes conspirateurs du mois d'avril ont eu plus de 6 mois pour
préparer leur coup en agissant au sein et à l'extérieur
de l'entreprise. J'ai notamment
parlé de manière fréquente avec un marin sur un pétrolier.
Je lui ai demandé qu'ils n'agressent pas leur capitaine, car ils
voulaient le faire. Ce capitaine les avait littéralement séquéstrés,
lui et ses compagnons. Ces messieurs les officiers devaient décharger
le navire depuis sept jours et les marins voulaient rentrer chez eux voir
leurs familles, mais ils ne pouvaient quitter le navire. Ils étaient
séquéstrés par la décision du capitaine qui
commandait depuis l'extérieur. L'un des
marins m'a dit: "Président, ils ont préparé
leur coup depuis longtemps parce que cela fait un mois, plus ou moins,
que je vois des choses bizarres. Des gens curieux montent sur les navires
en emportant, par exemple, des plans de ces derniers. Ils ont également
amené d'autres personnes de l'étranger, d'un pays "X"
pour donner une série de conférences, chose qu'en 20 années
de travail je n'avais jamais vu". C'est dire
s'ils ont travaillé durement et avec toutes leurs capacités,
ils les ont utilisés dans un plan de sabotage, afin de susciter
le chaos dans le pays et de justifier un coup d'Etat, pour justifier n'importe
quoi. Mais je suis
actuellement très content car, tout comme en avril, le pays est
sorti renforcé de l'épreuve comme nous le démontrons
aujourd'hui. Quelle force que celle du Vénézuéla
qui, malgré toutes les violences qu'il subit du fait de ce plan
bien calculé et de grande magnitude, est là, il se défend,
réagit et répond au défi. Le peuple est en train
de répondre partout. Le peuple est sorti dans la rue, des millions
de personnnes sont sorties dans les rues ces derniers jours, pour manifester
leur rejet des conspirateurs et pour manifester leur appui au gouvernement
constitutionnel, légitime et démocratique. Les travailleurs
de PDVSA ont également répondu présents, certains
ont travaillé pendant trois jours sans interruption, sans dormir.
Sans oublier les travailleurs pétroliers, ceux qui sont restés
dans les puits, dans les sites de production. A La Palito,
par exemple, les conspirateurs avaient saboté un laboratoire où
l'on mélange de l'essence, ils l'ont saboté mais les travailleurs
ont résisté sur place. Les gérants ont abandonné
le site et ce sont les travailleurs qui ont repris la production. C'est
une chose merveilleuse, c'est cela une révolution. Les travailleurs
ont pris les sites industriels. Il faut aussi
ajouter quelques gérants, techniciens moyens ou des cadres dirigeants
qui ont également résisté, j'ai parlé avec
certains d'entre eux par téléphone et personnellement, ici,
au Palais, et je les remercie infiniment car il s'agit de gens conscients
qui, malgré le fait d'appartenir aux directions, ne se sont pas
laissés faire malgré les pressions, l'énorme chantage. Il y a deux
jours, je parlais au téléphone avec un capitaine qui avait
pris un remorqueur dans la région d'Oriente. Ce capitaine m'a dit,
"je suis en train d'embarquer, président, je suis prêt
car je vais aller chercher et ramener ce bateau (un pétrolier
mis en panne, NDLT)." Alors qu'il s'appoche du pétrolier,
on a commencé à le menacer par la radio de bord de tuer
sa famille s'il agissait ainsi. Du terrorisme
par la radio. Qui d'autre manie cette radio si ce n'est les dirigeants
de la PDVSA? Ils ont donc commencé par menacer de tuer sa famille
en lui disant notamment qu'ils savaient où étudiaient ses
enfants, etc. L'équipage
du remorqueur a eu peur et ils ont demandé au capitaine de stopper
et de faire machine arrière. Le capitaine a insisté mais
il n'a pû les convaincre et il m'a dit, attristé, "Commandant,
je n'ai pas pu, mais je vais encore essayer." Il a encore essayé
deux fois et a fini par en tomber malade. - Président,
que va-t-il se passer avec ces gens? H.C:
La crise est passée, ces événements ont eu lieu il
y a deux jours. Le Ministre de l'énergie et des Mines a fait une
bonne déclaration où il a dit que le blocus du pays - nous
sommes en train de célébrer les 100 ans du blocus du pays
à l'époque de Cipriano Castro - a été aujourd'hui
un "auto-blocus". Nous sommes
en train de briser cet auto-blocus du pays. A Guaraguo, les navires sont
en train de bouger. L'anecdote que je vous ai conté s'était
justement déroulée à Guaraguo. De telles tentatives
de désobstruction ont tellement eu lieu que la situation s'est
finalement désobstruée. On vient de remplir des navires
avec 350.000 barriles de pétrole. A l'ouest, à Las Salinas,
à Maracaïbo, une bonne partie des obstructions ont été
levées. Le gaz d'Anaco, comme on vient de me l'informer il y a
peu, est de nouveau redistribué. J'ai parlé
avec le président de la CVG (Centrale Vénézuélienne
du Gaz, NDLT) car les entreprises de base de l'Etat sont là-bas
et elles sont en train de redémarrer. Comme vous
le savez, ils ont pu arrêter les entreprises de base non pas parce
que les travailleurs voulaient arrêter le travail mais parce qu'elles
n'étaient plus alimentées en gaz. La situation
est en train de s'améliorer de manière progressive, le ravitaillement
en combustible est de plus en plus fluide. Mais il reste encore quelques
problèmes dans des régions comme celle d'Apure parce qu'il
y avait clairement du sabotage de la part des autorités aux mains
de l'opposition: ils ont utilisé leurs polices pour stopper les
péniches. Nous avons dû envoyer la Garde Nationale, en postant
deux Gardes Nationaux sur chaque péniche et j'ai dit aux commandants
des garnisons qu'ils n'hésitent pas, si nécessaire, à
disposer également de quatre soldats par péniche car nous
ne pouvons pas permettre qu'un policier ou qu'un gouverneur sabote un
service social. - Est-ce
que le gouvernement pense prendre des mesures légales contre ces
personnes qui ont saboté PDVSA? H.C:
Je ne vais pas donner d'opinion sur ce sujet car cela est du ressort des
organes judiciaires. Mais je voudrais insister; est-ce que la crise se
réduit à PDVSA? La crise est historique. Je voudrais faire
une citation d'Antonio Gramsci sur le sens d'un tel mot: les véritables
crises surviennent au moment où l'ordre mourant n'a pas encore
terminé de mourir et que l'ordre naissant n'a pas terminé
de naître, là est la crise. Lorsque l'on
a nationalisé l'industrie pétrolière, cela s'est
fait sans la participation des travailleurs, sans que la nation n'ait
eu son mot à dire. C'est seulement aujourd'hui que le pays connaît
réellement son industrie pétrolière, ce qu'est PDVSA,
combien elle coûte, combien elle vaut, d'où est extrait le
pétrole, d'où provient le gaz; cela nous a permis à
tous d'apprendre beaucoup car les crises sont prédagogiques. En
réalité, il n'y a pas eu beaucoup de changements entre l'avant-1975
(date de la nationalisation, NDLT) et l'après-1975. J'ose avancer
l'idée, que d'autres pourront développer ou non, que nous
sommes seulement aujourd'hui en présence d'une véritable
et authentique nationalisation du pétrole vénézuélien. - Qu'en
est-il des forces armées? ... On parle de coup d'Etat? H.C:
Ils n'ont jamais pu le faire - et quand l'auraient-ils pu? Ils ne le pourront
jamais, mêmes s'ils le pensent. Je veux profiter de ta question
pour féliciter tous les officiers, sous-officiers et hommes de
troupes de l'armée, de la Garde Nationale, de la Force aérienne
- qui ont fêté leur anniversaire et ont fait un très
beau défilé hier à Maracay -, la Marine de guerre,
tous se sont pleinement investis dans leurs tâches pour la sauvegarde
de la souveraineté du pays. - Comment
vous sentez-vous, vous qui êtes soumis à une telle pression? H.C:
Je me sens, spirituellement, d'une grande tranquillité positive,
active, dynamique, je me sens dans mes pleines conditions spirituelles,
morales, physiques après ces épreuves. Je rends grâce
à la vie qui m'a permise de me préparer à travailler
et à vivre dans les difficultés. Je crois que depuis que
je suis né, quand quelqu'un vient au monde dans une maisonnette
au toit de paille, près d'un fleuve et dans la nécessité
de lutter pour vivre depuis tout petit, cette personne a déjà
appris à percevoir la vie comme une lutte contre la pauvreté
et contre les limitations (...) Je me sens
donc très bien, je crois que nous avons passé, même
si n'en avons pas encore vraiment fini, une épreuve de plus, le
pays a passé une épreuve de plus. J'ai confiance dans le
peuple, je suis très confiant envers le Venezuela, envers les Forces
armées et dans la capacité que le pays a développée
pour affronter des difficultés comme celles-ci et même des
plus difficiles encore. - Quel
message donneriez-vous à ceux qui ont empêché le sabotage
de la part de certains gérants de PDVSA et ont remis en marche,
par exemple, le site de Yagua? H.C: Je
pense que ce sont des héros, il faudra qu'ils soient reconnus.
Il faudrait leur faire une statue, un monument pour que tous le sachent.
(...) Les travailleurs nous avertissaient depuis longtemps déjà
qu'il se préparait quelque chose. J'ai plusieurs fois reçu
Raphael Rosales, président de Fedepetrol et il m'a dit plusieur
fois; "président, ils sont en train de conspirer dans l'entreprise".
Nous avons eu plusieurs réunions avec Ali Rodriguez, avec le ministre
et d'autres personnes qui travaillent à PDVSA et nous étions
en alerte, mais cependant, les capacités de ces gens et leur connaissance
de l'entreprise leur a permis d'avoir de grands avantages pour mettre
sur pied ce plan conspiratif et criminel, car il s'agissait d'arrêter
le coeur économique du Venezuela. Le Venezuela
est aujourd'hui comme une personne à qui on a donné un coup
de couteau dans le coeur et cependant, la personne vit, elle vit et elle
continue à marcher. Une des conséquences positives de cette
crise du pétrole va être qu'à partir de maintenant,
les Vénézuéliens vont véritablement avoir
une industrie pétrolière, qu'à partir de maintenant,
on va approfondir l'utilisation nationale de l'industrie pétrolière. (...) Lorsque
l'on a réalisé la nationalisation, ce ne fut pas autre chose
qu'un acte de plus du cynique politique incarné par le Pacte
de Punto Fijo (Pacte qui a instauté dans les faits un régime
de bipartisme, NDLT), ce fut un accord entre les élites et ils
ont fait croire au pays et au monde que le Venezuela avait récupéré
son pétrole. Mensonge! Cette élite anti-nationale, "dénationalisée"
même (...) a ensuite tout fait pour préparer la privatisation.
Mais la révolution est arrivée et les a bloqués.
(...) - Président,
vous pensez que les Vénézuéliens connaîtront
un "joyeux Noël"? H.C:
J'ai la certitude qu'après tous ces événements, qu'après
cette nouvelle embuscade et lorsque nous aurons pris toute la mesure de
cela après autant de tension, de campagnes de rumeurs et médiatiques,
nous aurons doublement ou triplement raison de célébrer
Noël! (...) Qu'elle le
veuille ou non, cette opposition déséspérée
devra finalement accepter que le Venezuela a changé. Eux, ils sont
dans le passé, ils sont totalement coupés de la réalité
du pays, tellement déconnectés qu'ils en sont venus à
s'auto-proclamer au pouvoir sans se rendre compte que le Palais était
encerclé par des millions de Vénézuéliens,
ils ne s'en sont même pas rendus compte tandis qu'ils prenaient
leur whisky... *Traduction:
Ataulfo Riera
sur la situation actuelle au Venezuela
Article original:
http://www.rebelion.org/venezuela/chavez121202.htm