des féministes ont dit NON au système prostitutionnel by Réseau "Encore féministes !" Thursday December 12, 2002 at 07:29 PM |
Maison des femmes, 163 rue de Charenton 75012 Paris |
NON au système prostitutionnel, NON à la répression visant les personnes prostituées OUI à un monde sans prostitution.
Paris, 10 décembre 2002, anniversaire de la Déclaration universelle des droits humains : pour la première fois, des féministes sont descendu-es dans la rue en nombre pour dire NON au système prostitutionnel, NON à la répression visant les personnes prostituées, et OUI à un monde sans prostitution.
La participation d'un quart d'hommes est un événement historique. Le système prostitutionnel concerne la société tout entière, y compris les hommes qui refusent les clichés sur la prostitution, comme celui des prétendus « besoins sexuels masculins irrépressibles ». Cette manifestation, couverte par de nombreux journalistes et photographes, marque un tournant : il y avait déjà eu des actions de petits groupes féministes contre les viandards (« clients ») mais jamais, ni en Europe ni même, semble-t-il, dans le monde, il n'y avait eu une telle manifestation. Dynamique et colorée, elle a été organisée par un groupe réuni autour du Collectif national pour les Droits des femmes, et comprenant des associations féministes, des associations travaillant auprès de personnes prostituées, des partis (PS, PC, PRG, les Verts, LCR), des syndicats, la Ligue des droits de l'homme, ATTAC, etc.
Environ trois cents personnes ont marché derrière la banderole « LES ÊTRES HUMAINS NE SONT PAS DES MARCHANDISES » : elles sont entrées dans l'histoire, en ce 10 décembre, anniversaire de la Déclaration universelle des droits humains. Alors que l'un de ces droits fondamentaux devrait être celui de ne pas être prostitué-e, dans les faits, payer pour avoir accès au sexe d'autres êtres humains est trop souvent considéré comme l'un des droits des hommes. C'est ce que dénonçaient pancartes et slogans comme : « Un 'mal nécessaire'... ou 'nécessaire' aux mâles ? », « Prostitution = liberté sexuelle... pour qui ? », « Viol et prostitution sont les deux mamelles du patriarcat », et encore : « Si c'est un métier, proposez-le à vos enfants », « 'Services sexuels' = sévices sexuels », « Si ça vous démange, grattez-vous ! », « Oui au plaisir sans argent », « Oui au plaisir sans violence », etc.
Cet événement s'est produit en France, dans le pays qui a inventé en 1810 le système réglementariste (les bordels tolérés par l'État), dans le pays où la féministe Marcelle Legrand-Falco a fondé en 1926 la première association abolitionniste (qui demandait l'abolition de la réglementation de la prostitution). La présence à la manifestation de sa nièce Denise Pouillon-Falco, militante de 86 ans, faisait le lien avec ces générations de féministes qui, depuis plus d'un siècle dans les pays occidentaux, proclament leur refus du système d'oppression machiste qu'est la prostitution. Autre figure historique présente, Yvette Roudy, première ministre des Droits de la femme en 1981. Parmi les personnalités venues manifester, les socialistes Anne Hidalgo et Christophe Caresche, adjoints au maire de Paris, la députée Martine Lignières-Cassou, ainsi que les Vertes Martine Billard et Francine Bavay, et aussi l'avocate algérienne Wassyla Tamzali, ex-directrice des droits des femmes à l'Unesco. Au coin de la rue Saint-Denis, lieu de prostitution, une dizaine de femmes, portant sur le visage un masque blanc, attendaient les manifestant-es, et deux militantes de France-Prostitution ont distribué des tracts.
Le défilé s'est poursuivi sans encombre sur les boulevards. Il s'est conclu par le rappel de l'opposition au projet de loi Sarkozy, et l'annonce de nouvelles manifestations, notamment quand celui-ci sera discuté à l'Assemblée nationale. Sur le constat qu'un ample réseau féministe et abolitionniste est en train de se constituer, le groupe s'est dispersé aux cris de : «Vive l'amour libre et gratuit!»
À bientôt !
Adelphiquement*,
Florence Montreynaud
*Adelphiquement dérive de adelphité, mot de mon invention qui désigne un sentiment entre fraternité et sororité. Ce mot est formé sur la racine grecque adelph- qui a donné les mots grecs signifiant soeur et frère, tandis qu'en français soeur et frère proviennent de deux mots différents.