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DHKC 284: 100e mort!
by DHKC Tuesday December 03, 2002 at 09:08 AM
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Date: Le 30 novembre 2002 Communiqué: 284 100e MORT dans la résistance contre la torture et l'isolement dans les prisons de type F

DHKC 284: 100e mort!...
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NOUS RAPPELONS LA REALITE DE LA TURQUIE AU GOUVERNEMENT AKP!
NOUS RAPPELONS A CEUX QUI FONT MINE DE NE PAS SAVOIR, QUE LES TORTURES ET LES DECES CONTINUENT!
CONTINUEREZ-VOUS ENCORE LONGTEMPS A FAIRE L'AUTRUCHE?

La Turquie compte ses morts.
Mais ceux qui ne font que compter et observer cette scène tragique sont véritablement ceux qui meurent lentement.
Gouvernement, opposition, organisations non gouvernementales, syndicats, partis, associations, chambres professionnelles, intellectuels, scientifiques : ce que vous comptez, ce ne sont pas nos morts mais la courbe hyperbolique de votre honte !
Ce que vous comptez, c'est la réalité de la répression et par la même, la réalité de la Turquie.
Ce chiffre suffit seul à montrer que « la Turquie est un pays où règne l'oppression ». Quoique l'on en vienne à tout modifier dans ce pays, si ce chiffre continue à augmenter, cela signifie que la Turquie reste un pays d'oppression.
C'est la réalité que trahissent les prisons de type F qui viennent de nous séparer de notre 100e camarade martyre Zeliha Ertürk.
COMBIEN DE TEMPS LE GOUVERNEMENT AKP COMPTE-T-IL ENCORE IGNORER CETTE HECATOMBE?
Dans notre communiqué datant du 19 novembre et après avoir donné un 99e martyr, nous avions indiqué « Ceux qui prétendent être du côté des opprimés, qui se disent démocrates et qui affirment que les droits et les libertés fondamentaux ne seront plus bafoués : ENTENDEZ-VOUS LE CRI DE NOS MORTS? ».
Depuis, 11 jours sont passés. Vous n'avez pas entendu le cri de la mort d'Imdat Bulut.
11 jours sont passés et un prisonnier de plus est mort le 30 novembre. Dans le même communiqué, nous nous étions adressé au gouvernement en ces termes : « Avec deux cercueils à son actif en trois jours de fonction, que peut avoir un nouveau gouvernement à régler de plus urgent que ceci ».
Le nombre de morts depuis votre arrivée au pouvoir est de trois.
Or, les prisons de type F ne figurent toujours pas dans vos priorités et ne sont donc toujours pas digne d'une « action urgente ».
Zeliha Ertürk était une jeune camarade de 24 ans. Vous qui siégez dans les ministères, vous l'avez tuée.
Les prisons de type F tuent depuis 772 jours.
Le nombre de morts est désormais de 100 personnes. Existe-t-il encore un discours qui puisse voiler cette réalité?
Avec des propos comme "La torture est répandue mais n'est pas une politique d'Etat", vous ne pouvez pas tenir vos promesses d'appliquer la " tolérance zéro " pour la torture. Alors que la réalité de l'isolement dans les prisons de type F est toujours aussi terrible, tout ce que vous direz sera MENSONGE.
Si vous dites que « le conseil national de sécurité définit la politique d'Etat » et que vous n'avez « aucun pouvoir face au conseil national de sécurité », dites-le sans détours. Dites-le que l'on sache que le pouvoir n'est pas entre vos mains.
En revanche, si vous dites que vous êtes le pouvoir et que vous comptez faire durer le carnage dans les prisons de type F, dites-le aussi sans ambage. Dites-le, que tout le monde sache qui est le tyran et qui est l'opprimé.

C'EST LE PEUPLE QUI RESISTE ET MEURT!
Zeliha et Imdat sont les filles et les fils du peuple pauvre, celui dont on vole le pain, dont les moindres droits et libertés nous sont usurpés, dont on veut éliminer l'avenir et les rêves. Si l'on veut tant en finir avec nos convictions, c'est pour arriver à ce que 70 millions de personnes se résignent au FMI, à la faim et à la tyrannie.
Aucun prétexte ne permettra à ce que la démagogie sur le « terrorisme » fasse oublier que l'on tente d'assujettir le peuple et que les résistants sont le peuple.
Le 3 juin 2001, lorsque Zeliha Ertürk a entamé son jeûne de la mort, elle était détenue à la prisons de Kartal et faisait partie de la 5e équipe de volontaires. Elle est née en 1978 à Istanbul. Elle est originaire de Zara dans la province de Sivas. Elle est de nationalité kurde et sur le plan cultuel, d'origine alévie. Issue d'une famille modeste, elle n'a pas pu poursuivre ses études après ses primaires. Elle travailla durant toute son enfance et sa jeunesse, notamment dans les ateliers de textile et dans la vente itinérante. Elle fit connaissance avec les révolutionnaires mais aussi avec le fascisme durant le soulèvement de Gazi. Elle avait alors 17 ans mais elle habitait un autre quartier. Cependant, elle s'installa à Gazi pour se retrouver aux côtés de sa famille. C'est là qu'elle connut les Frontistes, qu'elle découvrit leurs publications et qu'elle sympathisa avec eux. Elle monta la garde au pied des barricades à Gazi. Elle épaula les cercueils des victimes du fascisme. Puis, de retour dans son quartier initial, elle se mit à la recherche des Frontistes. Elle commença donc à participer aux activités du quartier. Durant le jeûne de la mort de 1996, elle fut arrêtée. Elle subit la torture. Puis elle fut incarcérée dans la prison cellulaire d'Eskisehir. En l'an 2000, voici ce qu'elle écrivit durant les discussions sur l'ouverture imminente des cellules d'isolement, discussions qui allaient conduire les prisonniers à prendre la décision unanime d'observer leur jeûne à outrance. Se proposant de devenir volontaire, elle dit ceci:
"Quand le Jeûne de la Mort de 96 débuta, j'étais à l'extérieur. Peu de temps après, je participais à la résistance du fond de ma cellule-tombe d'Eskisehir. Finalement, nous avons triomphé en donnant 12 martyrs. A l'époque, je n'avais pas bien saisi le motif du jeûne de la mort. Mais les images de Berdan ne quittait pas mon esprit. Maintenant, c'est notre tour car nous sommes confrontés aux mêmes attaques. Nous ferons de notre corps notre arme comme l'avaient fait les 12."
Depuis 772 jours, ils livrent un combat au sacrifice illimité.
Pour cette raison, 100 corps se sont consummés cellules après cellules.
Ces 100 corps ne sont pas un simple chiffre. Ils sont l'honneur de ce pays et de l'humanité. Ils écrivent depuis 772 jours, une geste avec leur martyr dans l'enfer de l'oppression. Cette résistance est l'une des plus impressionnantes épopées que l'humanité ait écrite pour la défense de ses opinions, de ses convictions et de ses idéaux. C'est une épopée écrite en 772 jours par l'extinction lente de milliards de cellules et par le sacrifice des centaines de camarades.
Nous résistons pour faire vivre nos convictions et notre foi, pour faire vivre les espoirs du peuple pour l'indépendance, la liberté, le pain et la justice.
Ceux qui veulent éliminer nos convictions sont des tyrans et les assassins de 100 camarades.
Ceux qui veulent éliminer nos opinions sont au service de l'impérialisme et du fascisme.
Ceux qui poursuivent la politique des prisons de type F sont les responsables de notre mort.

Devrimci Halk Kurtulus Cephesi