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Pour l'ouverture d'un dossier disciplinaire à l'encontre d'Anne Thily
by Vincent DECROLY Tuesday December 03, 2002 at 08:25 AM
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Mensonges et acharnement d'Anne Thily contre Régina Louf : le ministre de la Justice dit qu'il ne veut pas en rester aux explications embarrassées de Madame le Procureur général.

POUR L'OUVERTURE D'UN DOSSIER DISCIPLINAIRE A L'ENCONTRE D'ANNE THILY
Mensonges et acharnement d'Anne Thily contre Régina Louf : le ministre de la Justice dit qu'il ne veut pas en rester aux explications embarrassées de Madame le Procureur général.

Vincent Decroly, 02.12.02.

Selon le Journal du mardi du 29 octobre, Mme Thily s'est laissé aller, pour la BBC, à des déclarations appuyées sur les dossiers initiés, dans le contexte de l'affaire "Dutroux, Nihoul et consorts", à partir de témoignages de victimes de pédocriminalité organisée.

Pour démolir Mme Régina Louf, Mme Thily a menti. Elle a aussi donné libre cours à une froide violence verbale contre cette victime des pires tortures sexuelles à l'époque de son enfance. On frémit au constat que ce défoulement est le fait du plus haut magistrat chargé de la politique criminelle en matière d'aide aux victimes. Dans un pays où un juge d'instruction fut dessaisi pour "apparence de partialité", en l'occurrence pour avoir participé à un souper spaghetti au lendemain de la libération, par ses soins et ceux du Procureur Bourlet, de deux victimes de pédophilie.

Interpellé, le ministre de la Justice s'est montré à la fois prudent et décidé à tirer les choses au clair. Pour, le cas échéant, sanctionner l'auteur de ce dérapage ?

Marc Verwilghen s'est en tout cas déclaré "profondément choqué" par les propos de Mme Thily. Il lui a demandé de s'expliquer. Insatisfait d'un premier rapport ne fournissant "aucune explication sur les réponses formulées aux deux journalistes", le ministre a à nouveau prié la magistrate de l'éclairer. Mme Thily s'est alors exécutée en tentant maladroitement de se disculper.

Elle nie des évidences pourtant filmées. Mme Thily a bien qualifié Mme Louf de "malade", mais "en référence, prétend-elle, au rapport d'expertise du professeur Igodt, dans lequel il a été conclu que l'intéressée souffre d'un trouble dissociatif".

"Aucune allusion n'a été faite à un classement de dossier dans le cadre du dossier X". Mme Thily reconnaît donc que le dossier 109/96 est bien resté en sa possession - et il l'est, mais sans avoir progressé d'un pouce en deux ans bien que Mme Louf se soit constituée partie civile. Pourquoi alors avoir martelé deux fois, pour conclure une phrase de l'interview, le mot "classé" - un terme qui n'a qu'une et une seule signification en procédure pénale ? Le ministre usera-t-il de son droit d'injonction positive pour susciter une reprise des devoirs d'enquête suspendus depuis l'écartement, par mise en congé forcé, de plusieurs membres de l'équipe De Baets - Bille ?

Mme Thily ment encore lorsqu'elle affirme, le 16 janvier 2002, que les analyses ADN sont terminées dans le dossier " Julie et Mélissa " et qu'elles n'ont rien donné. Il se fait qu'à l'époque, elles avaient été bloquées par le Juge Langlois, alors que certaines traces présentent, mêlées à des micro-traces de Julie et Mélissa, des profils génétiques sans rapport avec aucun des inculpés de Neufchâteau - dès lors, avec qui les fillettes avaient-elles été mises en contact pendant leur séquestration ? La décision intervenue à propos de ces analyses renvoie leur continuation à une hypothétique "instruction bis" sur le volet "réseau de pédophilie". Cette manœuvre consacre l'ultime saucissonnage du dossier "Dutroux, Nihoul et consorts" pour en estomper au maximum sa dimension "criminalité organisée" - c'est-à-dire criminalité mafieuse active dans divers secteurs (par exemple du vol de véhicules à la drogue en passant par la traite des êtres humains, adultes ou enfants), du type de celle dont la commission d'enquête a relevé divers indices.

Mme Thily reprend la vieille thèses selon laquelle "bon nombre de déclarations de Régina Louf ne pouvaient pas être démontrées par des vérifications qui s'en sont suivies". Comme si la relecture des PV des auditions de Mme Louf, pourtant cousue d'hostilité à la victime et à ses policiers de confiance, n'avait pas reconnu douze points de similitude entre sa description de la Champignonnière et la réalité du lieu. Comme si surtout il revenait à la victime de tout démontrer et au pouvoir judiciaire de ne retenir que "ce qui ne colle pas" au lieu d'indaguer sur base de ce qui "colle".

Conclusion de Marc Verwilghen : "Ces réponses ne suffisent pas. Je vais donc voir de quelle façon je peux avoir plus de clarté dans cette affaire, vu le contenu et vu les déclarations"

Il est essentiel que Mme Thily puisse et doive s'expliquer sur ses déclarations et les mobiles qui l'ont inspirée. C'est la raison pour laquelle je demande que soit ouvert contre elle un dossier disciplinaire, conformément au Titre V du Code judiciaire (en particulier à son article 414) .

Ce jeudi 5 décembre, une motion sera soumise à l'assemblée plénière de la Chambre. Elle est libellée comme suit :

- Ayant entendu l'interpellation de M. Vincent Decroly et la réponse du ministre de la Justice,

- Vu les allégations mensongères et disqualifiantes de Madame le Procureur Général Thily à des journalistes de la BBC quant à Mme Régina Louf, dont il est avéré qu'elle a subi des sévices sexuels répétés, massifs,

la Chambre demande qu'un dossier disciplinaire soit ouvert à l'encontre de Mme A. Thily suite à ses déclarations à la BBC le 16 janvier 2002"

Si la majorité ne retire pas la motion "pure et simple" qu'elle a déposée pour passer à la suite de l'ordre du jour et contourner le problème, il n'y aura malheureusement pas vote sur cette recommandation au gouvernement.

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