PIQUET DE GRÈVE DE PÈRES NOËL INTERDIT !

Le Bourgmestre (socialiste) de la ville de Bruxelles, Freddy Thielemans, a interdit à une quinzaine de pères Noël de manifester leur ras-le-bol dans le centre ville, ce samedi 30 novembre 2002, à l'occasion de la journée sans achat.

Totalement épuisés par l'accélération de la cadence, le rythme démentiel auquel ils sont soumis ces dernières années, ainsi que par la grave déterioration de leurs conditions de travail, beaucoup de pères Noël, mais aussi de St Nicolas, ont décidés de se mettre en grève ce samedi 30 novembre – journée sans achat.

Persuadés que leur mouvement de protestation légitime serait parfaitement compris et se fiant à la nature démocratique de nos institutions, ils ont demandé au Bourgmestre de Bruxelles l'autorisation de manifester leur ras-le bol, en rue, à proximité de centres commerciaux, ce samedi 30 novembre (à la veille de la ruée dans les magasins pour les fêtes de fin d'année), afin de sensibiliser la population aux contraintes inhumaines que la société de consommation, devenue boulimique, fait peser sur eux, et bien davantage encore sur la planète entière.

La demande d'autorisation était la suivante: Action ludique devant l'église du finistère (rue Neuve) entre dix et quinze pères Noël en tout. Piquet de grève avec petits panneaux explicatifs du mouvement. Distribution de quelques "bons de non-achat". Tenue d'une petite échoppe à laquelle "on ne vend rien". Discussion avec les passants interressés.

A leur grande stupéfaction, le Bourgmestre , craignant qu'une telle manifestation ne provoque, on cite, "des réactions désagréables des commerçants" et qui insiste "tout rassemblement est interdit dans le pentagone les mercredis et samedis", a refusé de leur accorder l'autorisation demandée.

Infiniment déçus, vexés et inquiets, les pères Noël et St Nicolas respecteront pourtant la décision éclairée du Bourgmestre… puisqu'il représente le peuple.

Néanmoins, nous croyons que leur message vaut la peine d'être entendu.
Voici une interview à chaud d'un des pères Noël, que le Bourgmestre veut réduire au silence:

RAP: Beaucoup imaginent les pères Noël toujours bienveillants et souriants, se déplaçant dans un somptueux traineau tracté par des rennes, distribuant bonheur et cadeaux au pied des sapins illuminés, à côté de la crèche où babille le petit Jésus. Cette vision féérique ne colle-t-elle plus à la réalité ?

Perno: Une grande confusion, savament entretenue, notamment par la propagande commerciale, a fait que la plupart de vos concitoyens ne font plus bien la distinction entre le mythe et la réalité. Le conte de fée c'est génial au coin du feu, mais sur le terrain, croyez-moi, il en va d'une toute autre musique !
Au début, nous n'avions pas de problème à distribuer quelques cadeaux par-ci par-là, cela faisait partie du boulot, une sorte de "bonus" comme vous dites.
Mais actuellement, pour fabriquer le rêve, c'est à l'industrie lourde qu'on fait appel. La cadence est devenue infernale, mais surtout, le rôle qu'on veut nous faire jouer aujourd'hui nous pose d'énormes problèmes de conscience. Nous ne voulons plus cautionner la véritable orgie qui est organisée dans les pays riches lors des fêtes de fin d'année. Il nous faut dénoncer le pillage des ressources, l'exploitation honteuse de la main d'œuvre, la pollution infernale de notre milieu commun.
Rien ne va plus, même les innocents sapins de noël ont le parfum du désastre. Le roi des forêt qui a enchanté votre imaginaire, devient le roi tout court. Vos forêts ressemblent de plus en plus à des champs de piquets désertés par la faune.
Cette société de consommation est aveugle. Vous êtes les passagers d'un train fou lancé vers le vide, il est grand temps de réagir, de reprendre les commandes !

RAP: Par votre mouvement de grève, vous tirez la sonnette d'alarme ?

Perno: Bien sûr ! En tant que père Noël, nous sommes des témoins privilégiés. Nous sommes interpellés chaque fois que notre image est utilisée, lorsqu'on nous invoque, et ce, que ce soit pour la vente ou pour la réalisation de souhaits.
Force est de constater que ce sont principalement les grands acteurs de la vie économique qui croient le plus au père Noël. Ils nous invoquent tellement que c'en est une véritable dévotion. Embarqués corps et âmes dans un rêve démentiel de croissance infinie, ils ont malheureusement quitté le plancher des vaches… où les ressources sont définitivement limitées.
Vous dépensez et gaspillez à la moindre occasion et encore bien davantage pour les fêtes.
Dans les zones les plus riches, les quelques puissants raflent tout ce qui peut être pris, et le gros de la population se bat pour les miettes qui leur ont échappé. Quant au reste des terriens, ils doivent se contenter de regarder s'empiffrer les premiers.
Mais même chez les puissants, la fête s'essoufle déjà ! Prenez le caviar, par exemple, dans un proche avenir il sera synthétique car on en a épuisé les principaux producteurs. Si il vit encore un esturgeon, il doit être orphelin, tout petit et bien câché derrière une rocaille.

RAP: Une "journée sans achat" cela a-t-il du sens ? Ne sommes nous pas obligés d'acheter tous les jours ?

Perno: Dites-vous bien que "celui qui prend conscience d'un problème et qui ne fait rien… fait partie du problème". Mobilisez-vous ! Cette société de consommation est mortifère. Elle réduit l'humain à une seule dimension: consommateur. Elle nie vos dimensions politique, culturelle philosophique, poétique et spirituelle qui sont l'essence même de l'humanité.
Noël est une fête d'espoir, pas cette foire à laquelle vous convoquent les fous.
L'espoir est de réanimer vos conscience et de traduire vos idées au quotidien dans vos actions.

Ce 30 Novembre, n'achetez rien ! Emettez ce signal fort autour de vous. Un jour de jeûne pour mieux réfléchir aux funestes conséquences qu'entraine un mode de vie particulièrement destructeur: celui du consommateur. Vous êtes beaucoup trop nombreux pour pouvoir survivre longtemps encore de cette manière.

RAP: Qu'on se le dise: Malgré l'interdiction incompréhensible et révoltante de Freddy Thielemans,

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