Un autre Venezuela est possible! by RISBAL Friday November 15, 2002 at 12:06 PM |
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Petiot article sur le processus bolivarien au Venezuela.
Un autre Venezuela est possible! C’était la 27 février
1989, à l’aube, les premiers signes de mécontentement apparurent
près de Caracas. Les tarifs des transports avaient doublé
par rapport à la veille. Très rapidement, tous les quartiers
populaires de la capitale, et puis des autres villes du pays, de manière
spontanée, désorganisée, allaient s’enflammer: voitures
brûlées, saccages des magasins, émeutes. Anarchique,
chaotique, cet événement connu maintenant comme le Caracazo
allait mettre un terme symboliquement à l’ancien régime
vénézuélien, celui du puntofijismo, celui
du parti unique à deux têtes mal en point depuis la dévaluation
du Bolivar dans les années 80. Mais le Caracazo est surtout
le point de départ d’un processus populaire puissant et permanent. Carlos Andrès Perez,
symbole par excellence de la Venezuela saoudite des années
70 et d’un certain type de développement conduit par l’Etat - il
avait nationalisé le pétrole -, dénonçant
à une époque les économistes du FMI comme des "génocidaires
à la solde du totalitarisme économique", à peine
réélu en ce mois de février 1989, revenait de Washington
avec un prêt de 4.500 millions de dollars et un ensemble de mesures
économiques propre à l’ère du temps qui allait enflammer
le Venezuela. La répression féroce
qui mit un terme temporaire à cette révolte allait inciter
un groupe de militaires patriotes à s’organiser afin, une fois
pour toutes, d’en finir avec cette démocratie représentative
formelle, corrompue, clientéliste et agonisante. Le 4 février
1992, des unités de l’armée se soulèvent et essaient
de s’emparer du pouvoir. C’est un échec et un homme prend sur lui,
à la télévision, la responsabilité de ce soulèvement
avorté, il s’appelle Hugo Chavez Frias et il affirme : "Compagnons,
lamentablement, POUR L’INSTANT, les objectifs que nous avions fixés
ne furent pas atteints". Cette phrase résonnera dans tout le
pays. Et sur les murs de Maracay, on peut lire : "Chavez, pourquoi
ne nous as-tu pas prévenus?" 2 ans de prison, de réflexion
et le choix de la voie électorale est adopté. Chavez récolte
sur sa personne les fruits des mobilisations populaires et de cette conscience
politique, sociale, culturelle qui impressionne aujourd’hui le visiteur
au Venezuela. El comandante est élu, prend ses fonctions
en 1999 et fait adopter une nouvelle constitution très progressiste.
La majorité sociale se mobilise, s’organise, fait sienne les nouveaux
droits que lui octroie la constitution bolivarienne. El negrito
est réélu largement. Chavez, ce président infiltré
dans un gouvernement assez conservateur et disposant d’une administration
contrôlée par l’opposition, personnifie la révolution
bolivarienne. Une révolution comme renversement des priorités.
Pour la première fois depuis longtemps, la majorité sociale,
métisse, noire, indienne, celle qu’on ne voit pas à la télévision,
relève la tête car un des leurs est à Miraflores. Les vieilles pratiques
autoritaires et clientélistes ne sont pas absentes. Le proceso
est plein de contradictions. Il avance , il recule. Fin 2001, l’assemblée
nationale approuve les 49 décrets-lois. On entre dans le domaine
des réformes économiques. C’en est trop pour l’oligarchie.
De nombreux chavistas retournent leur veste. La presse privée,
le patronat, les propriétaire terriens, les syndicats corrompus
et ce qui reste des anciens partis politiques mobilisent : "il
faut virer le fou, le dictateur Chavez de Miraflores". Toute la campagne
qui va mener au coup d’Etat est orchestrée depuis les beaux quartiers
de Caracas, depuis Miami , Washington, Madrid. L’opposition parle
de "cubanisation". La presse privée se plaint chaque jour
en première page de ses journaux qu’elle est bâillonnée.
L’opposition commence à croire ses propres mensonges. Le 11 avril
arrive, le 12, et puis le 13. Sept millions de personnes, ces "hordes
chavistes", ces "lumpen mobilisés à coup de bouteilles
de rhum", ces "cercles bolivariens armés par Cuba",
privés du leader qu’ils ont élu, d’une constitution dont
ils débattent dans les barrios, déjouent pacifiquement
le golpe. Un moment historique de l’histoire des peuples latino-américains
qui doit rester ancré dans notre mémoire et être célébré
comme le jour où la révolution bolivarienne s’est vue octroyée
une seconde chance, par la décision et la mobilisation d’un peuple
autonome. Loin d’attendre les directives du gouvernement, les gens s’approprient
ce proceso, construisent cet autre possible aujourd’hui au Venezuela
à travers la cogestion d’entreprises, l’auto-organisation au sein
de cercles bolivariens, dans la refondation du mouvement paysan, dans
le développement des médias communautaires, dans la difficile
mise en place d’organes de démocratie participative. Il n’y a pas
de doute, un projet alternatif au néo-colonialisme de l’ALCA se
développe sur les terres du Libertador. La patria no
se vende! Frédéric
Lévêque, le 14 novembre 2002.
Contre le terrorisme médiatique! by RISBAL Sunday December 29, 2002 at 02:23 PM |
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