Usines occupées et gestion ouvrière en Argentine: Occuper, résister, produire by RISBAL Tuesday November 12, 2002 at 08:29 AM |
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Comme résultat direct de la combinaison, extraordinaire et inédite, d'une crise sociale et politique, aussi profonde que prolongée, accompagnée d'un processus étendu d'auto-organisation sociale, l'Argentine est aujourd'hui un formidable laboratoire d'expériences sociales.
Usines occupées
et gestion ouvrière en Argentine Par Eduardo Lucita, Socialisme Sans Frontières,
septembre 2002. Comme résultat direct de la combinaison,
extraordinaire et inédite, d’une crise sociale et politique, aussi
profonde que prolongée, accompagnée d’un processus étendu
d’auto-organisation sociale, l’Argentine est aujourd’hui un formidable
laboratoire d’expériences sociales. Ces expériences acquièrent
une forme concrète dans la création et recréation
de formes de lutte et d’organisation qui correspondent aux changements
opérés dans le capitalisme mondial, particulièrement
avec les transformations rapides et profondes du capitalisme local dans
les années ‘90 et leurs impacts sur notre formation sociale. Il est clair que cette corrélation
entre changement structurel et réponse sociale peut être
vérifiée à différentes époques historiques
du pays. Cependant, actuellement, elle a lieu dans un cadre politique
dans lequel l’offensive du Capital – dans sa phase néo-libérale
- a mené à la limite de l’illégitimité le
système de représentation politico-sociale et a dilué
le rôle intégrateur que jouent les institutions de la démocratie
représentative. Dans ce contexte, le mouvement social ne
trouve pas de canaux institutionnels et tend à se radicaliser.
Une radicalisation dans la forme et le fond, qui prend une expression
concrète dans l’organisation autonome et autogestionnaire des travailleurs
sans emploi, dans l’inédite expansion des clubs de troc, dans la
persistance des assemblées de quartier. La solidarité, la coopération,
l’égalité, la résistance, le mise en cause des choses
existantes, la démocratie directe sous forme d’assemblées
et l’action directe sont des attributs qui paraissent se généraliser
à mesure que la crise s’approfondit et que se préfigurent
des valeurs constituantes d’une nouvelle société. A cette tendance générale
s’ajoute maintenant le mouvement d’occupation d’usine et de gestion ouvrière,
que nous tentons d’expliquer et de conceptualiser dans ce bref article. Crise du Capital et réponse
ouvrière Depuis plus de deux ans, un formidable
et croissant mouvement d’occupation d’entreprises et de production sous
gestion ouvrière se développe dans le pays. La base matérielle de ce mouvement
n’est rien d’autre que l’intense processus de destruction des forces productives
ayant provoqué la crise. Plus de quatre ans de récession
ont fini par faire entrer l’économie dans un cycle de dépression
et de stagnation. Dans une gigantesque faillite, des centaines
d’entreprises ferment leurs portes, ce qui provoque la perte de centaines
de milliers de postes de travail, une phénoménale chute
du taux d’occupation et l’installation de la peur et de l’insécurité
de l’emploi parmi ceux qui conservent encore leur travail et ceux qui
le perdent. Ces derniers, face à l’abandon des
capitalistes, se " retranchent " sur leur lieu de
travail : ils occupent d’abord les usines, ils résistent ensuite
aux délogements – au moyen de batailles légales et physiques
- et gèrent finalement leur production. Il s’agit alors d’un processus objectif,
il n’y a ici aucune prédétermination idéologique.
Au contraire, c’est la propre mécanique de la crise du Capital
qui a déplacé le centre de la lutte, en la sortant de l’orbite
de la distribution de la richesse pour la replacer sur le plan des propres
rapports de production. Avec sa conséquence inévitable :
le questionnement du sacro-saint principe de la propriété
privée. C’est un processus objectif mais qui se
rattache à la tendance historique qui montre comment, à
des étapes et des périodes distinctes, avec une force et
une intensité distinctes, le Travail a essayé de suppléer
au Capital, en le remplaçant par l’organisation ouvrière,
en cherchant à prendre en mains le contrôle des entreprises. Echec au patron, tout
le pouvoir au travailleur! Ernest Mandel, dans son anthologie classique
" Conseils ouvriers, contrôle ouvrier et autogestion ",
signale qu’en 1819 déjà " des ouvriers anglais
du tabac, après 11 mois de grève, commencèrent à
produire pour leur propre compte ", ou qu’en 1833, " les
ouvriers français du vêtement s’accordèrent ‘pour
travailler seulement en association’, en éliminant les patrons." En plus d’un siècle et demi
de luttes, les travailleurs du monde entier ont prouvé que cette
tendance est permanente et résiste au temps. Les exemples sont
si nombreux qu’il n’est pas possible de les citer tous ici, mais il y
en a un plus emblématique que les autres, celui de l’usine d’horloges
Lip, en 1973, en France, qui commotionna toute l’Europe. " Les
patrons licencient … Licencions les patrons! " ; " on
travaille, on vend, on se paie ", des consignes qui résument
parfaitement le caractère des actions développées
par ces travailleurs et qui démontrent le contenu universel qu’ils
donnèrent à leur lutte (Gilbert Marquis, Il y a vingt
ans... Lip! Rev. Utopie Critique nº1, París, 1973). Dans notre pays [l’Argentine], au début
de la seconde moitié du siècle, ces tendances réapparaissairent
de temps en temps. Au début des années 50, avec la crise
du secteur exportateur et son impact sur le marché local, les occupations,
spécialement dans le secteur textile, furent nombreuses (1). Dans
la période 1958-1962, avec la crise du modèle d’accumulation
de capitaux par l’investissement étranger, une nouvelle vague d’occupations
se développa. Dans la plupart de ces cas, l’occupation
d’entreprise s’est vue immédiatement suivie par la mise en route
fonctionnement et la commercialisation de la production. Le niveau
qu'ont atteint ces actions montre la profondeur et l'orientation des réflexions
politiques de cette époque qui ont été synthétisées
dans les programmes historiques "la Poitrine" (1957) et le "Grand
Potager" (1962) (2). Plus récemment, au début
des années 70, les cas de l’entreprise pétrochimique PASSE,
à Rosario, et de la usine à papier Mancusso & Rossi,
à La Matanza, ainsi que l'occupation et le développement
de la production de l’entreprise de véhicules à moteur FORD,
à Pacheco en 1985, sont les antécédents immédiats
du processus en cours actuellement. Désorganisation
patronale & gestion ouvrière Telle est l'ampleur de la crise dans le
pays où - au moment où est écrit cet article - quelque
120 entreprises, la majorité d’entre elles abandonnées par
les capitalistes, occupant quelques 10.000 travailleurs et couvrant une
gamme variée de branches industrielles, ont été récupérées
par leurs travailleurs et ont repris la production – ou vont la reprendre
-; la majorité sous le régime de la coopérative,
une minorité sous gestion ouvrière directe, et en exigeant
l'étatisation sous contrôle ouvrier. Cette réalité a réintroduit
avec force au sein des secteurs les plus avancés du mouvement ouvrier
et populaire le débat historique entre contrôle ouvrier et
coopératisme. Ce débat trouve dans le pays
une base matérielle concrète avec une centaine d'usines
occupées, mais il renferme toutefois une question plus profonde.
Comme tout le monde le sait, sous le régime
de production capitaliste, les travailleurs, comme producteurs collectifs,
sont formellement privés de la connaissance intégrale et
de toute autorité sur le processus productif, sur ce qui est produit
par leur travail et sur le résultat de la vente de ce produit.
Le monopole de cette connaissance et de cette autorité est formellement
hors de sa portée, entre les mains du Capital. De fait, et au-delà duquel ces faits
sont rendus conscients, l'action autonome d'occuper, de résister,
de produire, de commercialiser par les travailleurs eux-mêmes
questionne le monopole de l'autorité et celui du savoir (3). De
fait, et encore de manière larvée ou embryonnaire, un pouvoir
différent commence à s'opposer au pouvoir constitué. Sous la loi du Capital, le Travail
devient virtuel, le produit de ce travail apparaît comme une chose
extérieure au travailleur, comme quelque chose qui a une existence
hors de lui. Ce n'est pas autre chose que l'aliénation du travail
ouvrier, que l’appropriation du Travail par le Capital. Base idéologique
sur laquelle s'appuient, ainsi que cela se confirme tous les jours, les
relations sociales sous le mode de production capitaliste présentées
comme "naturelles". Cela est présenté comme un fait assuré
et définitif, que ces relations résultent de rapports d’exploitation
et de domination, qui dans le meilleur des cas, peuvent s'améliorer
ou être modifiés pour les rendre simplement plus humaines,
mais pas pour les éliminer. Que les travailleurs se chargent des
entreprises que les patrons abandonnent met en lumière une des
grandes mystifications sur lesquelles fonctionne le système : " que
ce n'est pas un produit de la nature ni d'un fait divin inévitable
que le patron soit celui qui commande ", ni " que
la machine appartienne à un autre et non à celui qui la
fait fonctionner et produire tous les jours ". De là,
le caractère universel des consignes qu'a universalisées
la lutte de Lip : "Nous produisons, nous vendons, nous nous
payons" ; " les patrons licencient … Licencions
les patrons", parce qu'elles portent implicitement une solution de
classe à la crise nationale. Dans le débat entre coopératisme
ou contrôle ouvrier, une question est sous-jacente, celle de l'opposition
entre la rupture avec la logique du Capital ou la réintégration
à cette même logique. Sous la forme coopérative, qui présuppose
une adhésion volontaire et une gestion autonome, la récupération
des postes de travail, une distribution plus égalitaire des revenus
à l'intérieur de chaque unité de production, y compris
la possibilité d’un plus grand rendement produit d'une rationalité
administrative différente sont obtenus. Il est clair que ce sont des conditions
infiniment meilleures de celles existantes, - qu’elles soient sous la
domination patronale et encore plus quand le patron abandonne l’entreprise
-, mais on ne peut toutefois échapper à la logique du système:
la concurrence sur le marché. Ce qui implique que les niveaux de
salaire, les conditions de travail et les niveaux de productivités
soient toujours en jeu. Parce que tant les rémunérations,
les conditions de vente de la force de travail et le temps et les rythmes
de la production influencent les coûts finaux du produit, et c’est
fondamental pour la concurrence inter capitaliste. Dans les cas concrets du pays, il faut
ajouter que beaucoup de ces expériences sont soumises au fait que
les législateurs provinciaux ou municipaux puissent déclarer
ces entreprises sujettes à une expropriation qui peut être
totale ou se limiter aux machines, à des équipements, à
des marques et des brevets pour un temps limité, deux ou quatre
années. Au bout de la période, les biens expropriés
sont vendus au rabais et les travailleurs se retrouvent face au dilemme
de capitaliser leur part par des indemnisations et/ou de sortir à
la recherche de capitaux. Il s’agit ici de réformes que le
système peut réintégrer. Au contraire, le contrôle ouvrier,
qui suppose aussi une adhésion volontaire et une autonomie, maintient
l'entreprise sous la responsabilité du Capital, qu’elle soit privé
ou public, mais les travailleurs assument le contrôle de tout le
processus, ainsi que des registres comptables. Il s'agit "d'une réforme non
réformiste", propre à une période d’accentuation
de la lutte de classes, qui ne puisse être intégrée
par le Capital et dont le futur dépend d'une généralisation
et d’une modification profonde du rapport de forces sociales. En Argentine, depuis les 19 et 20 décembre
passés [2001], il y a une modification de la situation générale,
une chance de virement à gauche de secteurs de la société.
Mais ce changement est-il aussi profond qu’il permette une généralisation
de ces caractéristiques? La conjoncture argentine actuelle présente
des particularités propres, puisque face à la fuite des
capitalistes et au refus de l'État d'assumer des responsabilités,
il y a des entreprises qui fonctionnent sous une forme de contrôle
ouvrier sui generis puisqu’il n’y a plus de patrons, qu’ils soient
capitalistes ou étatiques, que l’on puisse. D'autre part, dans
ces entreprises où les travailleurs ont choisi la forme coopérative
et sont en attente de la déclaration d’expropriation par les législateurs,
cela a l’habitude d’être tellement lent qu'ils passent de nombreux
mois à produire et à commercialiser les produits de fait,
sans légalisation de la situation. Dans ce contexte, ce qui prédomine
est la gestion ouvrière directe, où les travailleurs se
chargent de l'administration intégrale de l'entreprise, dans un
processus qui possède des traits évidents d’autogestion. Cette solution de classe est le résultat
direct du caractère de la crise que traverse le pays. Il ne s'agit
pas d'une crise révolutionnaire mais c’est une situation où
le haut degré de concentration du capital ne paraît pas laisser
d’espaces, au moins pour le moment, à des sorties de type réformiste
généralisées. Il s’agit à la rigueur d'une
crise organique latente qui n’arrive pas à trouver un terme, et
dont l'extension dans le temps est impossible à prédire. Dans ces conditions, quel est le cours
à suivre par l'intervention politique? Est-il nécessaire
de s’affirmer dans l’idée du contrôle ouvrier indépendamment
de ses réelles possibilités futures? Ou les formes coopératives
sont-elles les seuls viables, celles qui ont un avenir mais qui ne questionnent
pas la logique ultime du Capital? (4) Une réponse plus adaptée
paraîtrait surgir de la crise elle-même, des efforts et des
aspirations des travailleurs. Et cette réponse - conditionnée
par la priorité des travailleurs de conserver leurs sources de
travail - est la tendance à la gestion ouvrière, indépendamment
de la manière dont celle-ci est assumée, qui implique de
prendre la place des patrons. C’est une conclusion objective, qui renferme
un conflit, non explicite , le conflit au terme duquel seule une classe
en tant que telle pourra sortir le pays du marasme dans lequel il est
plongé. Et il est nécessaire de soutenir cette conclusion,
parce que même si ces expériences sont limitées ou
conditionnées par la situation générale, elles constituent
néanmoins des actions pratiques concrètes dans le maniement
et le contrôle des entreprises, un exercice indispensable pour la
maturation de la conscience collective. Toutefois il est nécessaire d’être
prudent. Quelles que soient les formes qu’elles acquièrent, si
les travailleurs qui gèrent ces entreprises leurs efforts et leur
créativité exclusivement vers l'intérieur de leurs
établissements, s'ils abandonnent toute tentative de coordination
et de solidarité avec d'autres usines et expériences, elles
sont indéfectiblement condamnées à retomber dans
la concurrence capitaliste et dans l'auto-exploitation. Si le mouvement d’occupation d’usines et
de gestion ouvrière est capable de dépasser les limites
étroites des usines en question, si le caractère social
de sa production est affirmé - différenciée pour
autant de la logique du profit - et s’il avance dans la coordination et
la planification de ses productions – en les différenciant pour
autant du capitalisme anarchique -, il sera prouvé à la
société, qui fait preuve d’une adhésion et d’une
sympathie envers le mouvement rarement vues, que d’autres formes de produire
et de planifier sont possibles, et que d'autres rapports de production
sont nécessaires pour résoudre la crise du pays. Bien qu’encore de manière contradictoire,
la situation actuelle présente des conditions favorables. Le mouvement
d’occupation d’entreprises et de gestion ouvrière a des contacts
avec les autres mouvements. Il partage avec eux le caractère d’organisation
en assemblées, c’est-à-dire la discussion pour savoir qui
décide et comment c’est décidé. Avec le mouvement
piquetero, il partage les pratiques d’autogestion des initiatives
qu'ils effectuent, c’est-à-dire prendre en mains la résolution
des problèmes, un aspect qu'ont aussi commencé à
adopter les assemblées. Dans l'ensemble, ils coïncident dans
le caractère démocratique et de pluralisme politique qui
doit prévaloir, une caractéristique indispensable pour maintenir
l'unité du mouvement. Bien au-delà du temps durant lequel
ces expériences formidables peuvent subsister et de la profondeur
qu'elles atteignent, elles montrent objectivement qu'il y a des secteurs
de travailleurs qui, poussés par la crise, ont pris la parole,
ont cessé d'être seulement des ouvriers, des employés,
des techniciens, des professionnels, des intellectuels … pour commencer
à devenir des sujets collectifs, des sujets sociaux conscients. C’est de la capacité dont font preuve
les travailleurs pour tirer leurs propres conclusions du processus en
cours, et aussi du caractère qu’aura notre intervention politique
pour les soutenir, que dépendra l’engagement de ces sujets sociaux
conscients dans la modification des rapports de force et dans la construction
d’un autre modèle de société. * Eduardo Lucita est
directeur de la revue Cuardenos del Sur. Traduction : Frédéric
Lévêque. ** "Jaque al patrón,
todo el poder al peón" repris d’une pancarte dans la fabrique
occupée Grissinopoli. Notes : (2) Ces contrôles
furent le résultat de la combinaison d’une récession économique
aiguë avec des conflits à l'intérieur de la CGT entre
les différentes fractions du mouvement syndical. Ceci a mené
"à un virement à gauche" de la centrale ouvrière
qui a facilité particulièrement l'influence de secteurs
de gauche, des courants trotskistes, qui furent ceux qui, entre autres
consignes relatives au programme, ont promu le contrôle ouvrier
de la production. (3) C’est plus qu’une mise
en question, il s'agit de la ré-appropriation du savoir ouvrier,
que le Capital exproprie cycliquement avec la rationalisation et la systématisation
des processus productifs, l'implantation de nouvelles technologies et
le remplacement du travail "vivant" par le travail "mort". (4) Dans l'actuelle conjoncture,
deux tendances contestent l'orientation générale du mouvement.
D'une part, le Mouvement National d'Entreprises Récupérées
(MNER), où se regroupe la majorité des entreprises occupées
sous la forme coopérative, clairement orienté par l'Église,
des membres du Parti justicialiste (péroniste) et la Centrale
des Travailleurs Argentins (CTA). D'autre part, un pôle d'entreprises
sous gestion ouvrière directe (GOD) ayant comme axe l’entreprise
de textile Brukman, de céramique Zanón et
minière re-étatisée Rio Turbio, gérées
sous contrôle ouvrier et qui rassemble en outre un important nombre
d'entreprises autogérées comme coopératives, et comptant
sur l'appui des mouvements de travailleurs sans emploi, de quelques assemblées
populaires et des partis de gauche.
Occuper, résister, produire
(1) L’occupation des entreprises
de textile Produtex, Royaltex & Medias Paris
fait partie de cette expérience historique. Dans le premier cas,
les travailleurs parcourraient les quartiers avec les camions de l’entreprise
en vendant la production. A Medias Paris, une assemblée
de travailleurs décida, face à la chute de la demande sur
le marché local, envoyer une délégation en Uruguay
pour arranger la vente de leur produit.