Meat Beat Manifesto ‘r.u.o.k ?' Quatermass / Tino Corp. Cette chronique est parue précédemment dans le mensuel gratuit "RifRaf"
Comme on vous l'annonçait dans votre magazine musical favori du mois de juillet dernier, Jack Dangers, non content de sortir un ‘Variaciones Espectrales', que nous avions alors qualifié de « fonds de tiroir », était en pleine préparation de ce qui nous intéresse aujourd'hui : un nouvel album de son vétéran de projet, Meat Beat Manifesto ! Après s'être expatrié à San Fransisco, ce producteur anglais semble s'être ressourcé musicalement et ce, très probablement grâce à son nouveau label, Tino Corp, qu'il dirige en compagnie de Mike Powell et de Ben Strokes (cfr. la critique dans le numéro de Rif Raf de juillet 2002). Le caractère ludique de toutes les sorties de cette structure fait penser que Jack nous revient bien défoulé, prêt à revenir aux choses sérieuses. En effet, ‘R.u.o.k ?' est un album qui reflète une certaine maturité musicale qui, avec le temps, se sera sans doute lacée de toute futilité sonore. La chose est intimiste, sérieuse et cérébrale. Lors de l'écoute, le cerveau est bien plus accaparé que le corps et le travail minutieux opéré sur chacun des innombrables sons générés ou utilisés par Mr. Dangers, a tendance à scotcher l'auditeur sur sa chaise, le casque rivé sur les oreilles, le cervelet agonisant de séquence en séquence. On est donc bien loin des dancefloor killers que furent, pour ne citer qu'eux, ‘Radio Babylon' ou ‘Helter Skelter', pour davantage se rapprocher du bonus lp à tendance électro vendu avec les premières éditions de ‘Subliminal Sandwich', album sorti en 1996. Jack s'est entouré cette fois-ci du batteur Lynn Farmer, d'Alex Paterson de The Orb et d'un turntablist confirmé : Z-Trip qui, tout au long des 12 tracks intervient grâce à son impressionnante technique de scratche. Cet album a vu le jour dans le propre studio de Dangers grâce, entre autres, à la mise à contribution d'une pièce maîtresse de sa collection de matériel hardware : un synthé des années 70, l'EMS Synthi 100… Les spécialistes apprécieront.. L'univers de cet énième opus de Meat Beat Manifesto est donc relativement hermétique pour toute personne novice au travail de ce grand monsieur de la musique électronique. Un parcours initiatique qui perdure depuis 1985 aide incontestablement à comprendre et à apprécier à sa juste valeur le génie créatif de ce maître du loop. Pour les fans, les ingrédients qu'ils aiment tant retrouver dans une sortie de MBM sont bel et bien là, à savoir : les rythmiques ciselées de manière millimétrique, les scratches, les slogans politiques intelligents, les bonnes grosses basses dub, les sons synthétiques psychédéliques et hypnotiques, les petites touches funky,… tout est y est ! A l'exception de la voix de Dangers lui-même qui, visiblement, a préféré laisser son micro au placard.