Le candidat du Parti des travailleurs (PT) à l'élection présidentielle, Lula, vient d'être élu avec 62 % des voix.
Le candidat du Parti des travailleurs (PT) à l'élection présidentielle, Lula, vient d'être élu avec 62 % des voix.
Lula, candidat du Parti des travailleurs (PT), a gagné à l'issue d'une campagne présidentielle très consensuelle.
En même temps qu'une vague rouge se développe au sein des masses mobilisées par la base militante du PT, la direction de campagne "pétiste" s'adresse, elle, aux différents secteurs de la bourgeoisie en vue de stimuler leur adhésion.
Les militants du PT cherchent à imposer aux masses et aux médias, de façon symbolique, la couleur rouge dans les manifestations et dans les rues des principales villes brésiliennes : tous arborent chemises, drapeaux, foulards et autres gadgets rouges marqués de la discrète touche jaune ou blanche de l'étoile du PT. Le tout enrobé par les chansons de campagne aux sensuels rythmes de la samba pour accompagner les centaines de milliers de personnes qui dansent avec grâce et joie dans les rues. Des chansons qui parlent de changements pour être heureux, d'amour, de tendresse...
Parallèlement, la direction de campagne de Lula a envoyé à quelque 5 100 hommes d'affaires un "kit" de luxe, constitué d'une boîte rouge contenant un film en DVD, les textes de campagne, etc.
Le deuxième tour avait commencé avec l'adhésion des deux candidats battus lors du premier scrutin. Il s'est poursuivi par le soutien affiché à Lula d'une série de personnalités issues des partis politiques conservateurs, notamment des secteurs du Parti du front libéral ; de celui de 120 dirigeants de l'Eglise évangéliste protestante, confortés par le fait que le PT défend la suppression des impôts des Eglises ; de celui enfin de Maluf, ex-maire de Sao Paulo, connu pour ses détournements scandaleux de fonds publics.
Lula, de plus en plus "ouvert", conforte certaines préoccupations patronales en affirmant que le code du travail brésilien devra être adapté aux moyennes et petites entreprises et que les négociations engagées avec le gouvernement sortant, notamment celles relatives aux accords avec le Fond monétaire international (FMI), ne seront ni interrompues ni annulées. Afin de garantir la continuité de son gouvernement, l'habile président sortant, Fernando Henrique Cardoso, avait promulgué un décret mi-octobre, contraignant son successeur à accepter un "pacte de transition", le plaçant de fait sous la tutelle du FMI.
Le PT sort renforcé des élections : avec 91 députés fédéraux et 14 sénateurs, il dispose d'un rapport de forces jamais obtenu au Parlement. Lula et la direction du PT ont joué la carte des concessions et des alliances de classes, que le nouveau président lui-même définit comme une "alliance nationale", afin d'obtenir une majorité parlementaire. Malgré ce choix, le PT n'a pas obtenu cette majorité. L'autre voie aurait consisté à gouverner sans une majorité stable au Parlement, en comptant avec les travailleurs mobilisés.
Les 115 millions d'électeurs ont davantage voté contre la situation catastrophique du pays que pour un programme alternatif. Lula obtient 62 % des votes, avec 52 millions d'électeurs. Historique !
Du Brésil, Jõao Machado (direction DS) et Sandra Whitaker.