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Escalade répressive á Buenos Aires
by jb Monday October 28, 2002 at 08:00 PM
jb@indymedia.org

Le 26 octobre, une micro manif finit avec des balles de gommes avec la presse indépendante comme cible.

Tout commence le 26 au matin par une manif de Greenpeace argentina devant le congres, contre la réforme de la loi interdisant l´importation de déchets nucléaires. La sympatique petite manif, qui fait la joie du public et de quelques assembléistes devient rapidement absurde quand la PFA (police fédérale d´Argentine) décide d´embarquer tout le monde, y compris Andres, un correspondant d´Indymedia venu pour couvrir l´évenement. Ce dernier est libéré par le public présent au cours d´une rixe qui suit les arrestations. L´assembléiste qui le tire des mains de la police est arrété á sa place et roué de coups.

Green Peace proteste

Le ton de la journée est donné: le 26 de chaque mois est chaud, á Buenos Aires, depuis que la PFA á assasiné Dario et Maxi, le 26 juin dernier.

Les détenus, 29 de Green Peace et un assembléistem sont conduits au 6iéme commissariat de Buenos Aires, á proximité du Congrés, une partie du public, quelques activistes de Green Peace, quelques assembléistes, et 3 correspondant d´indymedia s´y rendent aussi. Quelques 30 personnes sont bientot devant ce commissariat, ils sont vite rejoints par des membres de diverses assemblées (dont ceux de Plaza de Mayo et Congreso, entre autres). A la télévision, la plupart ont vu Andres (membre d´indymedia et de l´assemblées plaza de Mayo) aux mains de la police, et tous croyaient qu´il était en cabane; il est aussi question de sortir tout le monde de ce commissarait rapidement. Que se passe-t´il á l´intérieur, pourquoi la police a-t´elle appelé une ambulance ?

Durant quelques heures, la manif se prolonge devant le commissariat et l´intimidation joue á plein: un hélico montre son nez et les robocops sont déployés aux deux extrémités de la rue. A 4 heures de l´apres-midi, il est évident que tout cela va mal finir. On n´attend plus que la provocation policiére qui fait qu´ils vont pouvoir réprimer.

c est parti...

Ca commence cinq minutes aprés: devant le commissariat, le sit-in de la cinquantaine de personnes s´agite quand la volaille pousse l´assembléiste arrété dans une voiture de police: ils veulent l´emmener on ne sait oú parce qu´il a résisté lors de l´arrestation (on n´est jamais assez passif). Tous se levent pour empécher le départ de la voiture et déboule du commissariat, comme par magie, une file de robocops pour réprimer: bien qu´ils tapent sur tout le monde, il est assez clair qu´ils ont choisi leurs cibles: les assembléistes en prennent plein la tete. Un groupe d´entre eux et 2 indy sont isolés du groupe de manifestant et se font matraquer. Les indy s´en sortent on ne sait comment mais trois assembléistes sont se sont fait aligner, ils sont trainés dans le commissariat lors de la débandade: la police charge.

Le délire continue et la danse absurde commence. Green Peace a disparu, seuls restent les assembléistes; ces derniers reculent et la police avance avec, en mains, tout l´attirail standard de répression, fusils et tout le tremblement. On n´est pas fiers dans la manif: ils sont vraiment beaucoup, on est une trentaine. Les filles de la place de Mayo ont la rage: elles étaient toutes dans la rue le 20 décembre, le 26 juin et dans toutes les autres manifs; les autres assembléistes, de Lezama Sur (qui hébergent maintenant Indymedia Argentina), de Caballito, de Congreso et les autres, ne vont pas laisser tomber. Ils nous poursuivent au pas sur l´avenue Entre-Rios et s´insérent dans le trafic, entre voitures et bus de ville: ca n´est pas anormal, les flics font ce genre de choses ici.

L´avenue est rapidement bloquée, les chants et les insultes continuent, quelques poubelles prennent feu, ils avancent, on recule un petit peu á chaque fois, quelques centaines de métres en tout. Ils veulent négocier á leur maniére (libérez une voie de l´avenue, on libére les otages les prisonniers). La police a un probléme, elle cherche un corps organisé avec qui négocier mais seulent sont présentes les assemblées (le PO, trotskiste, n´est pas en position de parler pour tous: il arrive á peine, avec sa banderole): les assemblées présentes sont des organisation horizontales, la plupart travaille par consensus, toutes choses difficies á comprendre pour une cervelle de volaille, aussi gradée qu´elle soit.

Non, vraiment, il ne comprend le commissaire, la négociation s´achéve rapidemment: une des filles de la place de Mayo lui dit ces quatres vérités entre deux bordées d´injures. Les insultes sont triviales et tout le monde se marre dans la manif: le commissaire est ridicule, il est vert, il est vexé, une troupe de manifestant se moque de lui, tout le monde rie a gorges déployées 5 minutes.

comenzo la represion...

Cinq minutes, c´est le temps dont il a besoin pour se rendre compte qu´il est ridicule, le temps dont il a besoin pour se vexer complétement et retourner á sa troupe: c´est devenu un probléme personnel dont il connait bien le remede: la police charge une derniere fois, ce coup ci ils vont utiliser leur fusils et le gaz de poivre, les matraques, et plus grand chose ne compte pour eux: le bon vieux temps, la libre expression de la rage policiere, les images de la dictature disent les argentins, sont de retours: c´est le 26, apres tout.

La nouvelle a circulé dans la manifestation un peu avant: quand la situation se pourrit, tous peuvent se réfugier á la Maison de l´Amitié entre Cuba et l´Argentine, une association qui a ses locaux dans le coin et qui veut nous ouvre ses portes sans le moindre probléme -- ils ont l´air de savoir ce que c´est de galoper dans la rue sans trouver un refuge. Et pour galoper, on galope: la panique s´empare des manifestant, la police utilise ses fusils et ses grenades de poivre, ils flinguent á tout va, poursuivent les manifestant, alignent qui ils peuvent.

pepper gaz

Lors de la fuite, les voisins du quartier s´en mélent: tous se rappellent de la dictature, et certains savent qu´il est utile de résister, comme ce voisin qui balance ses pots de fleurs (et du 2e ou troisieme étage, encore!) á la tete des policier.

Lali et Torni, d´indymedia argentine, filment la scene: le policier qui a juste esquivé un pot de fleurs (avec les fleurs dedans et tout) essaie d´aligner le voisin avec son fusil quand il se rend compte que quelqu´un le filme, il crie et les policiers présents voient les caméramans. Qu´ils aient une accréditation de presse bien visible ne change rien á l´affaire, la police leur ordonne de cesser de filmer (Para de filmar, hijo de puta) avant de flinguer. Lali est touché á la téte et a la jambe par les balles de gomme, Torni est touché aux deux jambes par six balles de gomme et il se prend une grenade de gaz paralysant en pleine tete. Quelqu´un les traine dans un appartement privé peu apres qu´un policier ordonne le cessez-le-feu (Paren de disparar, carajo). Dehors, les policiers se calment, ils ont un peu cassé la porte de l´association Cuba-Argentine, ils ont cessé de tirer dans tous les coins.

La police n´a pas osé entrer dans les lieux de l´assos, les manifestant respirent, chacun compte les siens, Indymedia Argentine compte ses membres: á part Lali et Torni, deux d´entre nous ont été touchées sans gravité par les balles. Personne n´a été tué, par chance, mais Lali s´était écroulé dans une rafale de balles á la tete.

Lali Torni

C´est assez clair: on sait tous dans quel but la police tire a la tete a moins de cinq metres. Que Lali et Torni soient vivants est miraculeux; que la police flingue les journalistes est caractéristique. La répression s´incrémente, la terreur s´installe.

Le matériel des vidéastes, amateur ou pro, est actuellement utilisé par la justice dans le procés du 26 juin. La police a un probleme avec la presse indépendante et il est assez clair pour les membres d´Indymedia Argentine que leurs problemes ne font que commencer.

Indymedia Argentina et les activistes argentins ont besoin du soutien de tous, soutien médiatique, financier, moral, etc. Vous pouvez écrire au collective Indymedia Argentine (argentina@indymedia.org) si vous souhaitez l´aider.

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JB, pour Indymedia Argentina.