Lettre ouverte - Président Congo - situation journalistes Alerte Plus by Daniela Bîciu Saturday October 19, 2002 at 01:12 AM |
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Lettre ouverte - Président Général Majeur Kabila Situation grave deux journalistes Alerte Plus - Liberté d'expression
Monsieur le Général Majeur Joseph Kabila
Président de la République Démocratique du Congo
Palais de la Nation – Kinshasa
CC: Monsieur Ngele Masudi - Ministre de la Justice Congo
Ambassade du Congo à Bruxelles
Monsieur le Président,
Le 6 septembre 2002, Monsieur Delly Bonsange, journaliste, a été condamné à six mois de prison et obligé à payer 100.000 USD, comme dédommagements pour un article publié dans le journal Alerte Plus, de Kinshasa. Il était accusé d'avoir fait des spéculations concernant l'état de santé d'un membre du gouvernement, Monsieur Mwenze Kongolo.
En même temps, Monsieur Raymond Kabala, le directeur de cette publication, doit payer la somme de 200.000 USD et effectuer 12 mois de prison pour la même raison.
En plus, il affirme qu'il a été torturé, pour dénoncer le journaliste qui avait écrit l'article.
C'est une situation d'une gravité exceptionnelle, qui met en danger la liberté de l'expression, reconnue par l'article 19 de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, et crée des précédents dangereux. L'état de santé d'une personne, membre du gouvernement ou non, est une affaire privée et elle doit être traitée en conséquence. Mais beaucoup d'attention s'impose quand une présomptive maladie du ministre concerné, dans cette situation même le Ministre de la Sécurité et de l'Ordre Public, pourrait empiéter sur l'objectivité du processus décisionnel dont il a la responsabilité, suite aux attributions officielles assumées.
C'est vrai que votre pays passe à présent une période de bouleversements politiques, économiques et sociaux qui mettent leur empreinte sur la vie quotidienne, dont les journaux font partie intégrante. Mais même pendant une situation si complexe, comme celle que le Congo passe maintenant, l'intérêt personnel ne doit jamais primer sur l'intérêt global, donc accepter une telle situation pour protéger un membre du gouvernement. D'autre part, si le journaliste et le directeur du journal seraient coupables, les mécanismes judiciaires du pays sont les seules qui ont la compétence de se prononcer sur ce sujet et de disposer en conséquence, sans faire recours à aucune forme de violence.
PEN Club International considère que rien ne peut justifier l'utilisation de moyens coercitifs pour punir les deux journalistes. Leur métier exige, tout en respectant la vérité et les normes déontologiques, d'informer les lecteurs sur un sujet si important qui pourrait avoir des conséquences directes sur leur vie
Dans ces circonstances, Cher Monsieur le Président, votre intervention en tant que Chef d'État, pour libérer sans délai les deux journalistes et établir la vérité, tout en suivant les lois, sera un signe pour le respect des Droits de l'Homme dans votre pays. Une preuve que le monde entier, mais d'abord votre peuple, sera heureux de recevoir, comme garantie nécessaire que le Congo se trouve sur la voie de la démocratie et des réformes.
En espérant que cette lettre vous parviendra sans retard, en temps utile pour résoudre la situation de deux journalistes d'Alerte Plus, je vous prie d'agréer, Monsieur le Président, l'expression de ma considération la plus distinguée.
Daniela Livia Bîciu
Writers in Prison Section
PEN CLUB INTERNATIONAL BELGIUM