arch/ive/ief (2000 - 2005)

Une alliance sans principes
by Guy Van Sinoy Monday September 09, 2002 at 10:21 AM
bxl@lsp-mas.be

Dans la campagne pour la défense des 13 de Clabecq ces secrétaires du secteur industrie ont montré une solidarité sans faille avec les accusés. Albert Faust, de son côté, a participé au lancement de l'appel La Solidarité d'abord puis il a mobilisé sans relâche une fois que le procès se déroulait à Bruxelles, s'attirant par la même occasion les foudres de l'appareil national de la FGTB.

Dans la campagne pour la défense des 13 de Clabecq ces secrétaires du secteur industrie ont montré une solidarité sans faille avec les accusés. Albert Faust, de son côté, a participé au lancement de l'appel La Solidarité d'abord puis il a mobilisé sans relâche une fois que le procès se déroulait à Bruxelles, s'attirant par la même occasion les foudres de l'appareil national de la FGTB.

Deux mots sur la droite syndicale. Beaucoup de militants syndicaux sont écoeurés des méthodes bureaucratiques de Nollet junior dans son secteur (banques et assurances): pressions, chantage, menaces, promesses d'avancement.

Quelques exemples: comme son secteur est en pleine restructuration, il avertit les délégués qui ne le soutiendraient pas inconditionnellement contre Faust qu'en cas de problème social à l'entreprise ils devront se débrouiller seuls! A l'un il promet un siège au Comité exécutif (alors que c'est le congrès qui élit !), à l'autre il promet la place de Roger Wittebrouck, secrétaire national du SETCa, considéré par Nollet Jr comme "le n°2 à abattre après Faust".

A la suite des fusions, les délégations syndicales sont souvent recomposées. Nollet Jr achète ses fidèles en contrôlant bureaucratiquement la répartition des mandats. Il a fait pression sur Andrée Louis, une déléguée qui soutient Faust, pour qu'elle démissionne du Comité exécutif et a fait disparaître des justificatifs de note de frais qu'elle avait rentrés.

Certains membres du person-nel administratif du SETCa BHV qui ont fait grève pour protester contre ce qui se passe ont reçu une lettre d'avertissement (comme dans une vulgaire PME!). De nombreux militants font état de l'utilisation d'un fonds social de 30 millions de FB, financé en partie par P&V (l'assurance liée au PS où travaillait Nollet Jr) pour mener le travail de déstabilisation contre Faust.

Bref, au lieu de Bruxelles Hal Vilvorde ce serait plutôt Chicago, et former un front avec pareil spécimen c'est vraiment une al-liance sans principes.

La participation des secrétaires "de gauche" (Van der Smissen en consorts) était indispensable pour dédouaner politiquement l'attaque de l'appareil national contre le SETCa BHV et la FGTB de Bruxelles, qui globalement se situent à gauche de la FGTB nationale.

Van der Smissen était secrétaire général adjoint du SETCa BHV depuis de nombreuses années. Il a démissionné quelques jours avant le putsch en prétendant "découvrir" une situation financière catastrophique. Comme le dit Silvio Marra il est coresponsable ou irresponsable.

Van der Smissen explique: "Nous n'étions pas prêts pour aller devant le Comité exécutif. Il fallait un dossier en béton. Faust est un tribun, il a une aura, et sait retourner une salle. " (Solidaire 31/7/02).

Autrement dit Van der Smissen s'assied sur la démocratie syndicale. Ruttiens, de son côté, répète que c'est strictement financier et que cela n'a rien de politique. Il justifie l'accord sans principe entre la droite et une partie de la gauche sans doute en fonction du principe chinois du Ying et du Yang ("Le bonheur réside dans l'alliance des contraires").

Cela ressemble fort aux méthodes staliniennes qui consis-tent à privilégier les coups non pas contre la droite mais contre la gauche. Au début des années 30 en Allemagne le PC stalinien n'a pas hésité à faire front avec les nazis pour attaquer les meetings sociaux-démocrates désignés comme "sociaux-fascistes".

Bien sûr, toute comparaison a ses limites : Mia De Vits n'est pas fasciste mais social-démocrate de droite, Faust n'est pas social-démocrate mais plutôt néo-réformiste de gauche (PCF, PDS alle-mand) et le stalinisme en tant que système est tombé en poussières depuis que les dirigeants russes ont vendu l'URSS au capitalisme et que les dirigeants chinois s'apprêtent à en faire autant.

Il n'empêche que la démarche est la même que dans les années 30: forger une alliance sans principes pour attaquer une par-tie de la gauche au lieu de faire un front unique de toute la gauche pour battre la droite.

Il y a peu d'espoir que Van der Smissen et consorts fassent marche arrière: il sont dans la situation d'un automobiliste qui a emprunté l'autoroute à contre-sens. Impossible de savoir combien de km ils rouleront, mais tôt ou tard il s'écraseront sur un obstacle.

Si Mia De Vits l'emporte, le SETCa BHV risque d'être scindé entre Bruxelles d'un côté et Halle Vilvorde de l'autre. Comme la plupart des industries se trouvent en dehors de Bruxelles, on ne peut que souhaiter bon courage aux secrétaires du SETCa industrie qui vont se retrouver avec Karel Gacoms et sous la double présidence de Mia De Vits.

Guy Van Sinoy