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Stan Goff, ancien sous-officier américain, à propos des attentats du 11 sept
by stan goff Wednesday September 04, 2002 at 02:10 PM

Un interview intéressant en cette veille de commémoration... Stan Goff est un sous-officier américain à la retraite. Il a quitté l'armée après l'intervention US en Haïti, début des années 90. Déjà connu pour sa critique de la politique américaine en Colombie, il publie aujourd'hui un texte sur les attentats du 11 septembre. Dans Les prétendues preuves? Une vulgaire farce!, il se montre très critique et perplexe vis-à-vis de l'administration Bush et de sa «guerre contre le terrorisme».

Stan Goff, ancien sous-officier américain, à propos des attentats du 11 septembre

«Leurs prétendues preuves
ne sont qu'une vulgaire farce!»
Stan Goff est un sous-officier américain à la retraite. Il a quitté l'armée après l'intervention US en Haïti, début des années 90. Déjà connu pour sa critique de la politique américaine en Colombie, il publie aujourd'hui un texte sur les attentats du 11 septembre. Dans Les prétendues preuves? Une vulgaire farce!, il se montre très critique et perplexe vis-à-vis de l'administration Bush et de sa «guerre contre le terrorisme».

Stan Goff. Je suis sergent-chef retraité des Forces spéciales. (...) Mais je n'étais pas tout bêtement dans l'armée. J'ai étudié, puis j'ai enseigné la science et la doctrine militaire. J'enseignais la tactique au Centre d'Entraînement aux Opérations de Jungle à Panama, et j'enseignais la science militaire à West Point. (...)

Fort de cette expérience et de ma participation aux opérations dans huit conflits différents, depuis le Viêt-Nam jusqu'à Haïti, je puis affirmer qu'on ne peut accorder aucun crédit à ce que nous entendons aux informations ou lisons dans les journaux aujourd'hui. Le plus élémentaire coup d'oeil sur les faits vérifiables qui se sont produits avant, pendant et après le 11 septembre, ne confirme nullement la ligne officielle et ne justifie certainement pas les actions que mène actuellement le gouvernement américain.

Deux postulats non fondés

La ligne officielle ne peut s'appliquer que si le gouvernement peut faire en sorte que tout le monde accepte les postulats qui la sous-tendent. Le premier veut que l'actuelle politique de l'administration Bush consiste en une «réponse» aux attentats du 11 septembre. Le second dit que les attentats contre le World Trade Center et le Pentagone ont été perpétrés par des personnes installées en Afghanistan. Selon moi, aucun de ces postulats n'est fondé.

Je ne suis pas du tout surpris d'entendre les partis républicain et démocrate les répéter à n'en plus finir. Ces partis ne sont que deux factions au sein d'une seule classe politique dominante, et tous deux sont financés par les mêmes moteurs économiques. Ma principale déception, en tant que personne de gauche, vient de l'acceptation tacite de ces postulats par d'autres personnes de gauche, souvent naïvement. (...)

Dick Cheney est un PDG du pétrole et Donald Rumsfeld
de l'industrie pharmaceutique

(Le gouvernement formé après l'arrivée de Bush) est très intéressant. Le vice-président Dick Cheney est un PDG du pétrole et ancien secrétaire d'Etat à la Défense. La conseillère à la Sécurité nationale, Condoleeza Rice, est présidente du conseil d'administration d'une compagnie pétrolière transnationale et est spécialiste de la Russie. Le secrétaire d'Etat Colin Powell n'a pas la moindre expérience diplomatique, mais est l'ancien patron des états-majors réunis. L'autre nomination intéressante est celle de Donald Rumsfeld, ancien PDG de la Searle Pharmaceuticals, au poste de secrétaire de la Défense. Lui et Cheney se sont illustrés comme orateurs, lors du forum américano-russe des plus importants hommes d'affaires, en mai 2000. Ainsi donc, les principaux intérêts de ce cabinet sont le pétrole, l'ancienne Union soviétique et l'armée.

En me basant sur le palmarès de Bush père dans divers domaines ainsi que sur la trajectoire générale de la politique étrangère américaine depuis l'administration Carter, j'estime pouvoir conclure raisonnablement que les ressources pétrolifères et gazières du Moyen-Orient et de l'Asie du Sud ont constitué, et constituent toujours, l'une des préoccupations majeures de la politique américaine. (...)

J'en conclus par ailleurs que la colonisation économique de l'ancienne Union soviétique figure en très bonne place dans l'ordre du jour et est fortement liée à la question du pétrole (...)


L'Afghanistan est l'endroit exact où les Etats-Unis doivent se trouver pour contrôler le pétrole

En fait, nous n'avons pas un, mais trois membres du cabinet Bush qui présentent des références militaires, ce qui tend à donner à ce même cabinet des allures d'état-major. Et tout ceci est antérieur au 11 septembre.

Ensuite, il y a la question de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord. (...) L'Otan est une formation militaire dont les Etats-Unis se servent pour contrôler leurs intérêts. (...) Désormais, à partir des Balkans, l'Otan va poursuivre sa poussée le long du 40e parallèle en traversant les Républiques asiatiques du sud de l'ancienne Union soviétique. Les militaires américains se sont déjà assuré le contrôle d'une base en Ouzbékistan. Personne ne parle de cette façon de procéder, mais elle semble l'extension très logique d'une stratégie déjà enclenchée vingt ans plus tôt. Une fois que nous aurons reconnu ces plans visant à renforcer simultanément le contrôle sur le pétrole du Moyen-Orient et du Sud asiatique et à coloniser l'ancienne Union soviétique, on verra que l'Afghanistan est exactement l'endroit où les Américains devront se rendre pour poursuivre leur programme.

L'Afghanistan a des frontières communes avec l'Iran, l'Inde et même avec la Chine. Mais, chose plus importante encore, il a des frontières communes avec les républiques de l'Asie centrale faisant partie de l'ancienne Union soviétique, avec l'Ouzbékistan, le Turkménistan et le Tadjikistan. Ces derniers touchent le Kazakhstan qui, lui-même, jouxte la Russie. Le Turkménistan, lui, se situe sur le quart sud-est de la mer Caspienne, dont l'administration Bush convoite avidement le pétrole.

L'Afghanistan est nécessaire pour deux choses: comme base d'opérations pour entamer le processus de déstabilisation, de morcellement, et établir le contrôle sur les républiques asiatiques du sud -ce qui, à mon avis, débutera d'ici 18 à 24 mois- et pour construire un oléoduc qui traversera le Turkménistan, l'Afghanistan et le Pakistan en vue d'acheminer le pétrole sur le marché asiatique. (...)


Sur 70 «preuves», seules neuf faisaient référence aux attentats contre le WTC et toutes étaient
des suppositions

Les prétendues preuves (de la culpabilité de Ben Laden, ndlr), que les Etats-Unis ont présentées au gouvernement fantoche de Tony Blair, ne sont qu'une vulgaire farce. Sur septante «preuves», seules neuf faisaient référence aux attentats contre le World Trade Center et toutes étaient des suppositions. Toute cette affaire est cousue de fil blanc du début à la fin. Si on lui présentait les faits disponibles, tout gosse de 16 ans amateur de drames courtois enverrait cette histoire à la poubelle comme un vulgaire chiffon. Mais notre presse traditionnelle nous la ressert régulièrement sans faire preuve du moindre esprit critique. (...)

Cette grossière caricature qu'ils ont faite de Ben Laden est totalement absurde, quand on se penche sur la complexité et la synchronisation des attentats. En tant qu'ancien militaire impliqué dans l'élaboration d'innombrables ordres d'opérations, je peux vous affirmer qu'il s'agissait d'une entreprise très sophistiquée et coûteuse et qui aurait laissé ce que nous appelons une lourde «signature». En d'autres termes, il aurait été particulièrement malaisé de dissimuler toute cette affaire.

Ainsi, la véritable question qui se pose est celle de savoir pourquoi il n'y a pas eu d'avertissement ou de signe avant-coureur? La question peut concerner l'efficacité des services de renseignements du gouvernement. Elle peut également concerner différentes politiques dans les agences, lesquelles ont dû être trompées pour pouvoir orchestrer cette action. Et on peut également se demander si, oui ou non, il y a eu connaissance préalable de l'événement et, si oui, pourquoi on a passé sous silence ce qu'on l'on savait.

Mettre de côté ce raisonnement comme étant un «délire de cinglés criant à la conspiration» serait prématuré. L'histoire ne manque pas d'exemples de coups montés par des présidents, y compris l'enfant chéri des libéraux (la gauche aux Etats-Unis, ndlr), Franklin D. Roosevelt lui-même. Les preuves abondent pour accuser l'administration Roosevelt d'avoir choisi délibérément de ne pas empêcher l'attaque de Pearl Harbor, afin de mobiliser à suffisance la colère nationale et de pouvoir ainsi entrer dans la Seconde guerre mondiale.

Je ne m'explique pas pourquoi les gens ne se posent pas certaines questions sur les actions de Bush et consorts le jour des attentats.


Quatre avions ont été détournés en même temps, un s'est écrasé sur le WTC, mais personne n'a encore averti le chef de la nation

Récapitulons les faits. Quatre avions de ligne tombent aux mains de pirates de l'air et sont détournés de leurs plans de vol respectifs, tout en ne disparaissant pas des radars FAA. Les appareils sont tous détournés entre 7h45 et 8h10 du matin. Ceci constitue déjà en soi un événement sans précédent. Mais le président n'en est pas avisé et s'en va visiter une école primaire de Floride et serrer la main des professeurs avec un sourire béat.

Vers 8 h 45, lorsque le vol 11 d'American Airlines s'écrase contre le World Trade Center, Bush est en train de poser pour la postérité avec des gosses de l'école primaire de Booker. Quatre appareils ont été détournés en même temps -un fait sans précédent dans l'histoire-, l'un d'entre eux vient de plonger sur l'une des deux tours jumelles les plus connues de la planète, et personne n'en a encore averti le chef de la nation. Personne n'a fait non plus décoller d'urgence le moindre intercepteur rapide de l'US Air Force.

A 9 h 03, le vol 175 d'United Airlines s'écrase sur la seconde tour du WTC. A 9 h 05, Andrew Card, le chef de l'état-major présidentiel, chuchote quelque chose à George W. Bush. Celui-ci «adopte brusquement une mine sombre» témoigneront les journalistes. Annule-t-il pour autant sa visite à l'école pour convoquer une réunion d'urgence? Pas le moins du monde.

Il se remet à écouter les gosses de seconde année et continue lorsque le vol 77 d'American Airlines, survolant l'Ohio, change brusquement de cap et fonce délibérément en direction de Washington, DC. A-t-il instruit le chef d'état-major Card de faire décoller l'Air Force d'urgence? Pas le moins du monde.

Vingt-cinq horribles minutes plus tard, il daigne finalement y aller d'une déclaration publique annonçant aux Etats-Unis ce qu'ils savaient déjà: il y a eu un attentat contre le World Trade Center.

Un appareil détourné fonce en ligne droite sur Washington. L'Air Force a-t-elle déjà reçu l'ordre de décoller d'urgence pour quelque mission de défense? Pas du tout. A 9 h 30, lorsqu'il fait son annonce, le vol 77 d'American Airlines est encore à dix minutes de sa cible, le Pentagone.

Plus tard, l'administration prétendra qu'elle ne pouvait pas savoir que le Pentagone était une cible et qu'elle pensait que le vol 77 se dirigeait sur la Maison-Blanche. Mais le fait est que l'appareil se dirigeait déjà vers le sud, qu'il avait dépassé la zone interdite au survol de la Maison-Blanche, et qu'il traversait le ciel à une vitesse d'environ 700 km/h.

A 9 h 35, cet appareil fait une fois de plus demi-tour, met le cap sur le Pentagone, sans cesser d'être suivi par radar. Pendant ce temps, le Pentagone n'est pas évacué et il n'y a toujours aucun appareil rapide de l'Air Force dans le ciel, ni au-dessus d'Alexandria, ni au-dessus du D.C. (District de Columbia, la zone de Washington).

Et maintenant, le gros morceau: un pilote, dont on veut nous faire croire qu'il s'est entraîné en Floride, dans une petite école minable, amorce une spirale parfaitement contrôlée, descendant les derniers 7.000 pieds (2.134 m) en deux minutes et demie, puis amène l'avion si bas et si horizontalement qu'il coupe les fils électriques de la rue partant du Pentagone avant de s'encastrer avec une précision «chirurgicale», à 750 km/h, dans le flanc du bâtiment.

Lorsque la théorie de cet exceptionnel apprentissage dans cette petite école a commencé à perdre du terrain, on a précisé que les pilotes avaient suivi des entraînements complémentaires sur des simulateurs de vol. C'est comme si vous racontiez que votre gamine a appris à conduire sur l'I-40 (une grande autoroute américaine, ndlr) en pleine heure de pointe, grâce à un jeu vidéo de pilotage! (...)

A tout le moins, ce prétendu commandant en chef et son état-major, que nous sommes tous censés suivre aveuglément dans une guerre mal définie contre le terrorisme, est d'une négligence criminelle ou indiciblement stupide. Au pire, si l'on en sait (ou savait) plus et que l'on tente de dissimuler des faits, c'est qu'une conspiration criminelle a lieu.

A coup sûr, l'administration de George W. Bush affrontait une crise dont elle a été momentanément délivrée par cet événement. Quant à savoir si elle y a joué un rôle sinistre ou pas... Elle a en tout cas profité très rapidement de cet attentat pour surmonter son manque de légitimité, pour faire retomber le blâme de la récession galopante du capitalisme sur ces attentats terroristes du 11 septembre, pour légitimer son programme de politique étrangère préexistant et pour établir et renforcer des mesures répressives sur le plan intérieur et faire taire les voix discordantes. A maints égards, le 11 septembre à tiré les marrons du feu pour Bush. (...)

En première page d'un journal,
on réclame ma déportation

Le 17 septembre, je participais à un séminaire à Chapel Hill, en Caroline du Nord. Bien que personne n'ait excusé ou justifié l'attentat et que toutes les personnes présentes aient présenté leurs condoléances aux familles des victimes, nous avons été stigmatisés comme des «ennemis de l'Amérique» et ce, à peine deux jours plus tard. En première page d'un journal, on a réclamé ma déportation.

Herr Ashcroft (le ministre de la Justice, ndlr) va décidément vite en besogne pour faire passer la plus importante suppression des libertés civiles depuis la prétendue législation antiterroriste qui suivit l'attentat d'Oklahoma City.

Le FBI, de son côté, a défini les groupes terroristes non pas en fonction de leur éventuel passé terroriste, mais en fonction de leurs croyances. Certains socialistes et groupes d'antimondialistes ont déjà été identifiés nominativement comme étant des groupes terroristes, même s'il n'y a pas une seule once de preuve qu'ils aient jamais participé à quelque activité criminelle que ce soit. (...)

Je pense que ceci renvoie à un autre problème auquel devait faire face le régime Bush: la résistance mondiale à l'ensemble de ce qu'on appelle le programme néolibéral, un terme enjolivé pour désigner l'impérialisme. (...) A chaque programme économique à l'échelle mondiale, correspond toujours un programme politique et militaire. Le centre de focalisation de ces actions à court terme est l'Asie du sud, mais ils ont déjà envisagé la chose comme un combat mondial et de longue durée contre le terrorisme.. (...)

La gauche regagne force et popularité au Vénézuela, au Salvador, au Nicaragua, en Equateur, en Colombie, en République dominicaine, en Haïti, au Brésil, en Argentine. Cuba a acquis un immense prestige ces dernières années. (...) Les Etats-Unis ne peuvent pas justifier une intervention dans ces pays en prétextant qu'ils ne suivent pas leur programme économique et n'acceptent pas la domination des multinationales. Cela dévoilerait leur agenda. Ils disent donc simplement qu'ils combattent le terrorisme. (...) Ils ne répondent pas aux attentats du 11 septembre, mais au début d'un déclin permanent et rapide de la production mondiale de pétrole, au commencement d'une longue récession mondiale et à la décrépitude de l'Empire.

Le choix: socialisme ou barbarie

A l'heure actuelle, il existe une menace réelle de voir le fascisme s'installer progressivement aux Etats-Unis. (...) C'est pour ces raisons que nous ne pouvons rien accepter de cette administration, ni ses lignes politiques, ni ses fables à dormir debout. Ce qu'elle fait est très dangereux et le meilleur moment pour la combattre ouvertement, c'est aujourd'hui, avant qu'elle ne consolide son pouvoir et son programme. Une fois qu'elle l'aura fait, notre boulot deviendra beaucoup plus difficile.

La gauche doit bien comprendre l'importance du rôle qu'elle doit jouer. Nous devons être des partenaires crédibles, durs à la tâche et dénués de sectarisme au sein d'un mouvement pacifiste élargi. Nous devons étudier notre conjoncture historique actuelle. Et préparer la direction du conflit décisif qui va surgir, d'abord pour venir à bout du fascisme, ensuite pour nous emparer du pouvoir politique. Les paroles de Rosa Luxemburg sont aujourd'hui plus pertinentes que jamais. Nous n'avons pas le choix entre le socialisme et le capitalisme, mais entre le socialisme et la barbarie. (...)

Le texte original est disponible sur: http://www.narconews.com/goff1.html | A propos de Stan Goff, lire aussi: http://www.narconews.com/goff1.html