Olivier Deleuze : naïf ou hypocrite ? by arty Wednesday August 28, 2002 at 09:57 PM |
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Dans un interview du journal Le Soir (24 août 2002) consacré au sommet mondial sur le développement durable de Johannesburg, l'écologiste Olivier Deleuze, secrétaire d'Etat au développement durable (Belgique) déclare " Pourquoi Bush préfère-t-il s'enfermer dan son ranch ? La sécurité mondiale, ce n'est pas uniquement créer des portiques de sécurité dans les aéroports ".
Pourquoi Deleuze n'appelle-t-il pas un chat un chat ? Pourquoi ne dit-il pas haut et fort que Bush a profité des attentats de septembre pour suspendre de facto la Constitution des Etats-Unis et s'approprier des pouvoirs dictatoriaux ?
Pourquoi Deleuze, en s'étonnant que Bush s'enferme dans son ranch, feint-il d'ignorer que si le dictateur Bush boycotte le sommet de Johannesburg après avoir dénoncé les accords de Kyoto, c'est parce que, comme tous les dictateurs, Bush n'en a rien à foutre du développement durable et que son seul objectif c'est le pouvoir et l'enrichissement personnel (d'autant plus qu'il aura toujours les moyens financiers de se protéger des catastrophes écologiques à venir) ?
Pourquoi Deleuze, en déclarant que " la sécurité mondiale ce n'est pas uniquement créer des portiques de sécurité dans les aéroports ", reconnaît-il implicitement un prétendu besoin de plus de sécurité ? Deleuze ignore-t-il qu'il n'y a pas plus d'insécurité depuis le 11 septembre qu'avant cet événement dramatique sur-médiatisé, et au sujet duquel la responsabilité au moins indirecte du gouvernement Bush est aujourd'hui un fait avéré (mais très peu relayé par le business des média) ?
Deleuze ignore-t-il que la prétendue menace terroriste internationale est utilisée faire accepter par l'opinion publique des mesures (anticonstitutionnelles) de contrôle et de répression des populations ? C'est que la révolte altermondialiste commence à prendre des proportions inquiétantes. Et tous les politiciens du monde ont très bien compris que ce mouvement, s'il prenait des proportions trop importantes, signifierait la fin de leurs privilèges.
Alors nos élus de " gauche " comme de droite ont d'abord tenté de criminaliser le mouvement altermondialiste, mais voyant que ça ne marchait pas ils tentent maintenant de le récupérer afin de le détourner de ses objectifs. Et nos chers élus de jouer au jeu de la société du spectacle. Ainsi Deleuze va donner des conférences de presse, participer à des interviews en surfant sur la vague altermondialiste. Tout est bon à prendre. Mais Deleuze passe sous silence le fait que les sommets ne sont que de grands spectacles qui n'ont jamais donné aucuns, mais aucuns résultats tangibles pour les populations.
Et pour être vraiment sûr qu'une révolte populaire ne puisse voir le jour, alors on joue également au jeu de la menace terroriste pour contrôler totalement la populace.
Certains parmi celles et ceux qui connaissent personnellement Deleuze ne croiront pas que lui aussi joue à ce jeu, car ils trouvent que Deleuze est un brave type. Mais c'est avoir une vision très naïve de la nature humaine que de penser ainsi. Il n'y a que dans les romans à l'eau de rose que les bons ont toutes les qualités et aucun défaut. Dans la réalité, même les braves types sont soumis aux lois de la nature. Et une des ces lois c'est que le pouvoir transforme, beaucoup et en profondeur. C'est là quelque chose que beaucoup de celles et ceux qui n'ont jamais eu de pouvoir ont difficile à imaginer. Le pouvoir est une véritable drogue : plus on en a et plus on en veut, et plus on fait ce qu'il faut pour en avoir. Il ne faudrait pas croire que j'ai un compte à régler avec Deleuze en particulier. Mais ce grand échalas sympa est un exemple tellement parlant de la transformation que peut produire le pouvoir sur un type sympa et qui au début de sa carrière politique était peut-être sincère. Deleuze vient d'ailleurs de proposer la création d'un ministère du développement durable, alors qu'il ne peut certainement pas ignorer que le problème fondamental du développement dans les pays riches comme dans les pays pauvres, ce sont les déficits démocratiques. Tout comme les réunions internationales, les concepts comme le développement durable relèvent exclusivement de la société du spectacle. Ces choses ont pour fonction de justifier la nécessité de leaders et des chefs aux yeux de la population. Exactement comme le scénario d'un film et les acteurs ont pour fonction de faire croire aux spectateurs que ce qu'ils voient est la réalité. La différence entre un film et la société du spectacle c'est que la seconde est un spectacle permanent, une hypnose ininterrompue.
Salauds de politiciens !