SETCa Bruxelles: L'avis de D'Orazio et de Marra by MAS Sunday August 25, 2002 at 09:08 PM |
Roberto D'Orazio et Silvio Marra sont les figures les plus connues de la lutte magnifique menée par les travailleurs des Forges de Clabecq. Ils étaient aussi les principaux accusés du procès des 13. Nous les avons interrogés séparément pour connaître leur point de vue sur l'affaire du SETCa de Bruxelles. Voici leurs réponses.
Roberto D'Orazio:
« Je pense que la méthode utilisée par la FGTB pour régler les problèmes – si problèmes il y a – est la même méthode qu'elle a utilisée contre nous. Elle ne laisse pas à Faust le droit de s'exprimer. Il est donc compréhensible que dans ces conditions Faust fasse appel à la justice.
Maintenant, dans cette histoire de gestion, la FGTB a tellement brouillé les pistes qu'il est difficile d'y voir clair. C'est la méthode habituelle de la FGTB de diffamation et de calomnies inacceptables : on lance des rumeurs qui portent atteinte à la dignité morale des militants. Et il en reste toujours quelque chose. Un autre aspect est que la lutte que nous avons menée à Clabecq était clairement une lutte entre la base et le sommet syndical. Ici on ne connaît pas tous les tenants et aboutissants Cela apparaît un peu comme un combat de chefs. D'autant plus que cela se passe devant les tribunaux et que les travailleurs sont un peu les spectateurs. Je n'ai pas les éléments pour dire si la gestion était suffisamment rigoureuse. Mais même si elle ne l'était pas, ce n'est une raison pour traiter Faust de cette façon. C'est un peu facile pour la FGTB d'instaurer un système de prêt pour acheter une voiture et ensuite de taper ça sur la gueule de Faust!
C'est comme cette histoire de bouteilles de vin ! A tous les congrès nationaux auxquels j'ai participé on recevait des bouteilles de vin… Toutes ces accusations ne sont pas sérieuses.
Si des problèmes de gestion se posaient, il fallait régler cela de façon démocratique : former une commission avec des représentants de la nationale, de la régionale et des délégués de base pour faire rapport devant le Comité exécutif régional et devant les affiliés. Tout en garantissant que le principal intéressé, Albert Faust, ait le droit de s'exprimer en toute liberté devant les affiliés et devant le Comité exécutif. Mais ce débat démocratique n'est pas la pratique de la direction de la FGTB qui préfère l'autoritarisme.»
Silvio Marra :
- Je sais que dans toutes les centrales syndicales, dans toutes les sections et dans toutes les régionales, partout il y a des problèmes de gestion. La gestion d'un syndicat n'est pas la même que celle de la Société générale. C'est bien sûr quelque chose d'important mais ce n'est pas la première priorité. Le plus important est la visibilité et la ligne politique de l'organisation syndicale. Et d'après moi, le SETCa de Bruxelles était un groupement d'avant-garde du syndicalisme en Belgique. Probablement la section régionale la plus avancée en Belgique. Et je pense que Faust a dans ce cadre-là joué un rôle politique essentiel, même si d'autres se proclament plus à gauche. Il ne suffit pas de se proclamer plus à gauche, la personnalité visible à gauche c'est Albert Faust. Le fait de l'avoir attaqué a eu pour effet d'avoir affaibli, peut-être même détruit, ce groupement d'avant-garde syndicale.
Il ne faut pas confondre les choses essentielles avec les choses secondaires. S'il y avait une mauvaise gestion, les autres secrétaires étaient soit coresponsables soit irresponsables de n'avoir pas assumé leurs responsabilités. Je suis convaincu que ces gens agissent de façon inconsciente parce qu'ils ont l'esprit des curés qui agissent comme si l'argent était sacré. Comme s'ils voulaient gérer l'argent des travailleurs de façon extraordinaire. Dans un syndicat l'argent sert uniquement à faire fonctionner l'organisation. Ni plus, ni moins.
Propos recueillis par Guy Van Sinoy