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L'éthique de l'arc-en-ciel: semer la guerre au Népal
by pol de vos Friday August 23, 2002 at 07:46 PM

Une petite demi-heure aura suffi au Conseil restreint des ministres pour donner l'autorisation de livrer 5.500 mitrailleuses au Népal. Selon le ministre Louis Michel, ce pays est une démocratie pluraliste obligée d'affronter une guérilla. Une affirmation pour le moins douteuse...

Onkelinx (PS), Aelvoet (Agalev), Durant (Ecolo), Vandenbroucke (SP.A), Daems (VLD), Verhofstadt et Michel (MR) étaient présents à la réunion du «kern» (Premier et Vice-Premiers ministres) qui, le 11 juillet, a autorisé la vente par la FN de 5.500 mitrailleuses au Népal . Sans une révélation inattendue, cet accord secret n'aurait même pas été révélé.

Louis Michel a finalement reconnu que cette décision avait été prise en connaissance de cause, parlant d'«un pays qui est une démocratie pluraliste et doit affronter une guérilla interne». Sans que l'on puisse pour autant parler de guerre civile, selon lui. La réalité est tout autre.

Le Népal est un des pays les plus pauvres au monde. Les paysans y sont opprimés par une dictature féodale complètement soumise aux Etats-Unis, à la Grande-Bretagne et au Fonds monétaire international. (Sur l'histoire du Népal, voir http://www.ptb.be/scripts/article.phtml?obid=13716&lang=1) Bien que ce pays de montagnes possède, après le Brésil, les plus importantes réserves hydroélectriques du monde (83.000 mégawatts), 14% de la population seulement est alimentée en électricité.

La plupart des 22 millions d'habitants sont sous-alimentés alors qu'il leur faut s'échiner 15 heures par jour sur leur lopin de terre ou sur celles des grands propriétaires terriens. Les paysans qui se révoltent sont massacrés ou voient leurs habitations incendiées. De plus, entre 1960 et 1990, plus de 150 étudiants et militants communistes et autres, qui avaient pris la défense du peuple, ont été assassinés.
Tous les partis sont autorisés... à défendre la monarchie pro-US
Finalement, après vingt ans d'une résistance populaire faite de manifestations et de grèves, le PCN (m), Parti communiste du Népal (maoïste), s'est lancé en 1996 dans la lutte armée pour renverser le gouvernement (voir http://www.ptb.be/scripts/article.phtml?obid=5249&lang=1). Ajoutons que les partis représentés au Parlement défendent tous la monarchie féodale qui dirige toujours le pays et les communistes anti-monarchistes étaient exclus de ces élections.

Même Louis Michel ne croit pas à la démagogie qu'il professe: «Des sources proches du ministre Michel disent que le pays n'est pas un modèle de démocratie mais quand même une démocratie multipartite», indique ce vendredi De Morgen. Ce n'est donc pas une démocratie mais un système où il y a plusieurs partis, tous d'accord avec la politique monarchiste pro-US.

Cette guerre n'est pas non plus une guerre isolée, ni même une guerre civile: en réalité, elle fait partie de la guerre internationale de l'impérialisme, particulièrement US, contre toutes les forces qui veulent empêcher cette domination mondiale. En novembre 2001, le gouvernement népalais refusait toute avancée de la négociation avec la guérilla dirigée par le PCN(m) (http://www.ptb.be/scripts/article.phtml?obid=10329&lang=1) et la guerre avait repris.

Il répondait ainsi directement aux attentes américaines dans sa «croisade contre le terrorisme». Selon le PCN (m), (http://www.ptb.be/scripts/article.phtml?obid=13571&lang=1) depuis la visite du secrétaire d'Etat américain Powell en janvier 2002, l'administration US a systématiquement oeuvré pour justifier une intervention armée au Népal et construire ainsi une base militaire permanente dans le pays. Une façon d'affirmer sa mainmise sur la région, notamment contre la Chine. Ainsi, le 7 mai, Bush a reçu le Premier ministre népalais Sher Bahadur Deuba, qui lui a officiellement demandé une aide pour mener sa guerre contre la résistance populaire. Il a qualifié celle-ci de «terroriste», l'expression consacrée pour écraser tout mouvement de résistance dans le tiers monde.

En livrant des armes au gouvernement népalais, les masques sont tombés pour l'arc-en-ciel: les discours de Louis Michel sur l'«éthique», la «coopération internationale» et la volonté de «maintenir la paix», repris par les verts et les sociaux-démocrates du gouvernement, n'étaient que du blabla. La coopération et l'éthique de l'arc-en-ciel, ce sont celles des marchands de mort, des complices de la domination impérialiste.

Pour combattre le danger de guerre, pour travailler à la paix, il est urgent de soutenir tous les mouvements de libération dans le tiers monde (dont le PCN (m) au Népal) qui sont aujourd'hui mis sur la liste noire de Washington.

Toutes les livraisons d'armes aux pays en guerre contre les organisations de libération – comme le Népal, les Philippines, la Colombie... – doivent être interdites.