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Compte-rendu de la manif du 22/07/02
by lettuce Tuesday July 23, 2002 at 12:39 PM

Au troisième jour du camp international de lutte contre les frontières et le contrôle social, "NoBorder", se tenant à Strasbourg, une large manifestation de solidarité avec les sans-papiers et réfugiés a eu lieu. Voici un compte-rendu des événements.

Au troisième jour du camp international de lutte contre les frontières
et le contrôle social, "NoBorder", se tenant à Strasbourg, une large
manifestation de solidarité avec les sans-papiers et réfugiés a eu lieu.
Voici un bref compte-rendu des événements.

Au troisième jour du camp international de lutte contre les frontières
et le contrôle social, "NoBorder", se tenant à Strasbourg, une large
manifestation de solidarité avec les sans-papiers et réfugiés a eu lieu.
Voici un bref compte-rendu des événements.

Aux environs de 10h30, plus d'un millier de personnes a quitté le
campement, situé parc du Rhin, pour se diriger en cortège vers la cour
européenne des droits de l'homme, objectif affiché de la manifestation.

Un point non négligeable est celui de la présence de sans-papiers dans
la manifestation, ayant fait le choix de venir au NoBorder de
Strasbourg, malgré les risques évidents -notamment pour ceux venant
d'Allemagne- liés à ce type de déplacement. Un bloc très remarqué de
samba déguisé a rythmé la manifestation, qui fut l'occasion de nombreux
slogans repris en coeur, et affichait divers messages par ses
banderoles, parmi lesquels : "pour la libre circulation de toutes
personnes", "détruire la forteresse europe", "la restriction de la
liberté de circulation est une persécution raciste", "l'europe déporte
les roms ; contre les discriminations, solidarité", "nous n'avons besoin
d'aucun contrôle migratoire, résistance permanente", "pas de
residenzpflicht ni en allemagne ni ailleurs" ("residenzpflicht" signifie
assignation à résidence, et correspond à une pratique instaurée en
Allemagne pour empêcher les personnes issues de l'immigration illégale
de se déplacer), entre autres expressions du refus du patriarcat, du
capitalisme, de la guerre et de la domination.

Le cortège a été suivi sur toute une partie de son parcours par la
caravane du publiX theatre de Vienne, qui anime depuis le début du camp
diverses activités publiques au coeur de Strasbourg, place de la gare,
où sont déployées diverses structures multimédia (espace d'accès à
internet, projections vidéo, réalisation de programmes de radio diffusés
sur Internet, etc.) et espaces de détente et de découverte (lectures,
boissons fraiches, etc.), accompagnés d'interventions théâtrales sur les
thèmes du camp. Leur site : http://zone.noborder.org

A 12h, la manifestation est arrivée devant la cour européenne des droits
de l'homme, pour s'y arrêter un temps. Quelques discours au micro se
sont alors succédés. Un membre du groupe allemand The Voice a notamment
pris la parole pour interpeler la cour européenne sur son absence de
position concernant les atteintes à la liberté de circulation, et
demander à ce qu'une délégation soit reçue pour entendre la réponse. Un
autre intervenant a ensuite exposé la situation de Roms d'Allemagne
originaires d'ex-Yougoslavie, qui se trouvent actuellement dans une
situation critique. Victimes des agressions policières, ceux-ci sont
également privés de services élémentaires (accès aux fluides), ne
peuvent suivre de formation scolaire ou travailler. Face à cette
précarité, ils se sont constitués en caravane en avril 2002, pour
sensibiliser la population de différentes villes allemandes dans
lesquelles ils se sont rendus. Installés depuis le 28 juin à Dusseldorf,
ils risquent désormais à tout moment la déportation. Ce que refuse
catégoriquement leur collectif de soutien présent au camp NoBorder.

Le sit-in devant la cour a aussi été l'occasion d'une action théâtrale,
lors de laquelle des manifestant-e-s déguisé-e-s en agent-e-s de
nettoyage ont astiqué les grilles extérieures du bâtiment aux cris de
"wipe the borders" (effacons les frontières), sous l'oeil méfiant des
CRS montant la garde.

Trois quarts d'heure après l'arrivée du cortège devant la cour
européenne, la réponse est arrivée : aucune délégation ne sera reçue,
ceci confirmant la validité des accusations.

La manifestation a alors choisi de se diriger vers le centre-ville, et a
croisé le conseil de l'europe sur son passage. Assez spontanément, les
manifestant-e-s s'y sont précipités, et se sont retrouvés face à une
rangée de policiers et militaires. Un face à face tendu s'en est suivi,
émaillé de quelques bousculades, et des slogans à la bombe sont apararus
sur les murs extérieurs du bâtiment. Pendant qu'une commission était
finalement reçue, un drapeau rouge et noir a été hissé au mat, des
affiches du NoBorder collées sur les panneaux indicatifs, et quelques
murs agrémentés de messages subversifs.

Après cet intermède, la manif est repartie de plus belle, et a gagné les
rues du centre. Slogans en nombre, accélérations, bombages sur quelques
symboles du capitalisme (banques, publicités...) ont rendu l'ensemble
dynamique jusqu'à la place Kleber, ou un arrêt a été marqué. Moment de
prises de parole, mais aussi carnavalesque grâce au groupe samba, et
d'actions contre les drapeaux européens et français présents sur la
place, arrachés sous les applaudissements. Il est 15h et des poussières
quand on apprend que la police a arrêté violemment trois personnes qui
s'étaient éloignées de la manifestation, dans une rue adjacente.
Quelques débats ont lieu pour décider de la marche à suivre, et la manif
se scinde alors en deux groupes : l'un retournant au camp, en nombre
pour assurer la protection des sans-papiers présents, l'autre se
rendant, à 200 personnes environ, devant le commissariat pour exiger la
libération des interpelé-e-s.

Le retour au camp s'est effectué en bus (transports en commun),
gratuitement réappropriés pour l'occasion.

Il est environ 16h30, et l'inculpation des arrêté-e-s pour dégradation
fait de moins en moins de doutes. Une action de blocage du pont du rhin,
qui relie la France à l'Allemagne est alors menée, aux cris de "libérez
nos camarades". Le traffic est très vite complètement paralysé, mais la
police ne promet que menaces, et 6 vans ainsi qu'un bus de CRS finissent
par arriver sur les lieux. Les manifestant-e-s refluent vers le camp, et
la circulation est rétablie.

Plus tard dans la soirée, ceux et celles qui avaient poursuivi la
manifestation devant le commissariat pour exiger la relaxe des trois
arrêté-e-s reviennent, en même temps que se confirme la poursuite par le
parquet des interpelé-e-s pour dégradation.

Ce lundi a donc été une journée de manifestations, d'actions, mais
aussi, sur le camp, de nombreux ateliers, discussions et échanges, en
plus d'une vie collective qui se veut la mise en pratique des idées
autogestionnaires.

Des informations sur les arrêté-e-s/inculpé-e-s suivront, et sur les
actions de solidarité qui seront éventuellement menées.