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[Free-Parties] Interview de Vanx (France)
by Future World Funk Sunday July 21, 2002 at 07:36 PM
futurewf@wol.be

Interview réalisée au Festival Bang Your Head.

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Je m'apelle Vanx, et je suis venu participer à ce que vous entendez en Belgique par Festival gratuit, qui est une forme que nous avons découvert ce week-end, et qui est ni plus ni moins une forme de boum pour les 12-16 ans, organisée dans la propriété de Papa-Maman. Voila ce qu'on est venu faire ici ce week-end.

Et ce que vous faites d'habitude, c'est quoi ?

Ce qu'on fait d'habitude, c'est plutôt faire de la musique en plein air, là ou on peut respirer, là ou on a envie de se poser, sans contrainte, sans qu'on nous dise ce qu'on a à faire, les règles... et il nous arrive parfois de nous ralier à d'autres cause un petit peu plus politiques, et on essaye de trouver le juste milieu entre faire la fête et militer...

C'est quoi ces autres causes ?

On sait très bien qu'actuellement, beaucoup des lois sécuritaires qui nous concernent et nous touchent directement en France sont issues directement des lois que le gouvernement Bush a imposées au monde entier suite aux attentats du 11 septembre. D'après moi ils ont bien tout orchestré pour pouvoir encore plus resserer l'étau. Et indirectement, même nous, artictes musiciens qui voulons simplement être libres, on est traités au même titre que les terroristes d'Al-Quaeda. Ce qui moi me surprendra toujours, parce que moi je ne tue personne, je ne force personne à venir m'écouter. Les autres causes sont toutes les personnes qui sont opprimées et qui luttent pour une forme de liberté.

Pourquoi tu penses que l'état français s'est attaqué aussi aux free-parties dans son attaque générale contre les mouvements sociaux ?

Tout simplement parceque premièrement, c'est pas controlé. Ce qui veut dire que l'état n'a aucune manière de savoir se que pense la jeunesse, quel est son état d'esprit général. Tous les gouvernements totalitaires et toutes les dictatures ont compris ça dès le début: contrôler la jeunesse, c'est s'assurer la pérénité dans le futur. La deuxième, c'est qu'ils ne controlent pas l'argent. Alors il dit que la drogue c'est dangereux, etc, mais il veut simplement sa part du gateau. En hollande, les free parties sont déclarées à l'avance, les organisateurs estiment un certain nombre de personnes qui vont être là, leur chiffre d'affaire, et là dessus payent une taxe... et comme ça l'état touche son du, et il n'y a pas de problèmes, parce que la drogue est légalisée. En France, comme c'est pas le cas, on sort des faux prétextes et des fausses excuses...

Une solution pareille, en France, avec une "légalisation" des frees, ça te parais réalisable ? Et bénéfique ?

Rentrer quelque chose de pas rentrable dans un cadre légal ? Pour moi non. En Hollande, ça fait 20 ans qu'ils ont un système assez libéral, ils ont adaptés ce système à ce genre de soirées. Mais c'est pas possible en France, parce que les nouveaux dirigeants qui viennent d'arriver ont affirmés qu'il n'y avait pas de drogues douces ou dures, et dès que il y a drogue, c'est mauvais pour la santé. Donc toute discussion est close, il n'y a aucun débat possible sur ce qui est effectivement dangereux ou pas. A partir de là, ils prendront toujours comme prétexte: Ah vous consommez ! Et c'est pas a moi, en tant qu'organisateur, de faire en sorte qu'il n'y ait pas de revendeurs et de dealeurs dans les soirées, mais c'est à l'état français, si il veut vraiment faire son travail, a l'entrée, de fouiller vraiment tout le monde, et d'arrêter les personnes concernées.

Et tu serais d'accord qu'il y ait un système ou l'état s'occuperait de controler les gens à l'entrée ?

Pour qu'il n'y ait pas des mecs avent des sachets de 200 / 300 extasy à la criée, ah ouais, bien-sur. Après, ce sera a chacun de faire en sorte de se démerder pour apporter ce dont il a besoin. Mais les mecs qui rentrent avec des kilos et des kilos...

Je te parlais de légalisation de frees et toi tu me répond sur le plan de la drogue, en quoi est-ce que c'est tellement lié ?

En hollande, y'a pas cette hypocrisie. "Vous en consommez, nous on a besoin de toucher des impôts, on se met d'accord et moi je touche ma part" Il y a un dialogue possible entre la free party et l'état, même si c'est un dialogue monétaire, on peut trouver un terrain d'entente: l'argent. En France, c'est pas possible, on nous sort justement toujours la théorie: propriété privée, nuisances sonores, dégradations... bref, des prétextes. Peut être qu'en Hollande, parce que c'est toléré, le seul intérêt de l'état est de toucher un impot. D'ailleurs, Mariani et plusieurs autres sénateurs, pendant les discussions, ont abordé le sujet en disant: il faut instaurer une taxe, un impôt: ils voulaient leur part du gateau, qu'ils estiment collosal mais qui ne l'est pas du tout.

Tu parlais tout-a-l'heure de défence de tous les opprimés...

Pour moi se révolter en faisant la fête est une manière presque supérieure que de prendre une kalashnikov et d'aller tirer sur ceux qui me dérangent et ceux qui m'empèchent d'être libre. Tant que j'ai la possibilité de me révolter avec de la musique, je le fais. Et puis si un jour je n'ai plus cette possibilité là, on prendra les kalashnikov, enfin JE prendrai la kalashnikov.

En quoi la fête est une révolte ?

Pfff... En quoi la fête exprime une révolte je dirais... Quand on la fait dans un endroit ou on t'interdit de la faire, d'une manière interdite; lorsqu'on essaye de faire passer des valeurs qui vont à l'encontre des valeurs que nous impose la société. Ca c'est là révolte.

Donc la fête peut être aussi un moyen de faire passer des choses, de pousser à une prise de conscience ?

Pour moi la musique est une prise de conscience en elle-même mais c'est ma perception personelle. Je pense qu'il y a un juste milieu entre faire la fête et militer: c'est justement de militer en faisant la fête, dire qu'on est pas d'accord mais pas en geulant dans la rue, je ne vois pas l'intérêt d'aller geuler "Chirac, Fasciste" ou "Bosh, assassin", mais aller danser dans la rue... Je m'éclate et je te montre que je suis pas d'accord avec toi, c'est la manière dont on attends pas de nous de se révolter.

L'exemple de Reclaim The streets en Angleterre ?

Ca fait partie de ce type d'initiatives, après, on oublie d'où c'est parti... La-bas, c'est quand même des gens que Tatcher à jeté à la rue, en pensant qu'ils allaient trouver un travail, qu'ils allaient se "socialiser". Mais ils sont pas rentrés dans le système et ont continué leur délire... Effectivement, c'était clairement social et politique, mais ça à un peu perdu de cette consistance là, mais à la base, ceux qui ont créés ça étaient des activistes politiques à 100%, c'était pas neutre. Ca n'a rien avoir avec ce que c'est devenu actuellement.

C'est-à-dire ?

Beh, comme on a pu assister ce week-end: Une bande de boutonneux bruxellois et belges de 15 à 18 ansa donf de speed et de taz qui respectent rien, qui font de la merde et quand ils savent pas gèrer... pêtent les plombs. Et pour eux c'est ça, c'est ce qu'ils estiment être la fête en liberté, la fête en plein air, la fête gratuite... Aucun respect, aucune règle, aucune conscience, et c'est pas ça la liberté.

Et la situation en France ?

Pareil.

Vous êtes durs avec votre "mouvement" ou en tout cas ce à quoi vous participez...

Beh non, on constate juste c'est tout. C'est même pas un jugement, c'est un constat. Heureusement qu'il y a des personnes qui se rapellent de quel était le but, pourquoi ça s'est mis en place: essayer de canaliser cette énergie de révolte, et de pas la gaspiller. Essayer de faire des choses constructives: faire des choses et d'autres, essayer de se mélanger avec des gens. C'est juste un constat, c'est pas une opinion personelle.

Et comment tu vois que ça peut évoluer ?

Je ne suis pas devin ni prophète, je vis dans le présent et j'essaye de faire les choses au jour le jour, d'avancer mes miettes de micro-pions a mon niveau. Après, le reste, je laisse ça aux théoriciens, aux sociologues, aux ethnologues, aux politicards, aux représentants, aux associations légales et officielles.

Mais toi a ton niveau, tu vois ce qu'il se passe...

J'ai pas envie de me projeter dans l'avenir, parceque ça m'interesse pas.

Et tu vas continuer a faire la même chose ?

Oui. Je pense qu'on ira plus souvent dans les manifestations, dans la rue, que dans les prés, mais je vois pas pourquoi on arrêterait. Et si il faut partir de France, et bien on partira de France.

Et ça sera des manifs spécifiquement pour la défense des frees ou aussi d'autres ?

J'ai parlé de toutes les formes d'oppression, la musique est présente à tous les niveaux. Les esclaves brésiliens se révoltaient en dansant et en chantant. On l'a peut-être oublié et mis de côté, mais c'est aps en geulant des slogans militaires qu'on peut faire changer les choses. Que ce soit pour les sans-papiers, contre la mondialisation, contre les licenciements, contre la politique de droite, contre la politique sécuritaire, pour moi la musique aura toujours sa place. Jusqu'au moment ou par la simple musique, on cessera de nous écouter, et dans ce cas, je passerai à autre chose. Mais il est hors de question qu'à aucun moment de ma vie, quelqu'un décide à ma place comment doit se passer ma vie et que quelqu'un décide à ma place ce qui est bien et ce qui n'est pas bien. Voila.