arch/ive/ief (2000 - 2005)

Le 2 juillet dernier, la municipalité d'Anvers a ordonné la fermeture d'un immeuble dans la Charlottelei. L'action faisait partie de la campagne contre les taudis («Actie Krot-op») menée par la commune. Elle les déclare insalubres et oblige les propriétaires à effectuer des travaux de rénovation. Les deux familles roms qui habitaient la maison dont certains membres étaient en résidence illégale en Belgique, ont été conduites au centre d'asile à Steenokkerzeel. Pour protester contre cette mesure «Frontières Ouvertes» et «Fond de soutien Sans Papiers» ont organisé une action symbolique et déposé des fleurs devant l'immeuble évacué.
La campagne contre les taudis ne doit pas servir de prétexte pour la chasse aux roms.

«Nous ne voyons évidemment aucun inconvénient à ce que la ville agisse contre les propriétaires exploiteurs», déclare Paul Lambert, l'un des organisateurs de la manifestation. «Mais la campagne contre les taudis ne doit pas servir de couvert pour la chasse aux tziganes roms. J'estime d'ailleurs qu'il est significatif que cela se fasse pendant les mois d'été. Un moment où tout le monde est en vacances et où personne ne sonne l'alarme». Lambert craint que l'administration communale ne se limite pas à cette intervention. «Je ne serais pas étonné de voir d'autres immeubles ainsi `évacués' dans les semaines à venir. Cela m'indigne. Les roms ont déjà la vie très difficile. Ils ne touchent aucune allocation et dépendent entièrement de l'aide de certaines organisation comme `Frontière ouvertes' et `Fonds de soutien pour les Sans Papiers'. Nous faisons fonction de filet de protection, le CPAS se dérobant à ses responsabilités».

La majorité des manifestants étaient des roms. Quelle est leur opinion? Un homme en résidence illégale, qui souhaite rester anonyme pour des raisons compréhensibles, observe: «Pourquoi croyez-vous que seulement quelques dizaines de roms participent à cette action? Beaucoup n'osent pas venir, de crainte d'être arrêtés. Si on les renvoie au Kosovo, c'est la fin».

Expulsion vers le Kosovo, c'est la crainte qui hante tous les esprits. Imr Kajtiezr, un rom résidant légalement dans le pays et actif dans l'organisation rom Rotano Dzuudipe, explique: «Que voulez-vous? L'UCK effectue des opérations d'épuration ethnique en Albanie. Mon peuple ne voit plus d'issue». Alfonsine, qu'on appelle `Mama Roma' dans le quartier populaire De Seefhoek à Anvers, acquiesce: «J'ai été moi-même au Kosovo et je sais que les roms n'y ont plus de moyens de subsistance. Leurs maisons sont occupées par les Albanais ou détruites par l'UCK. J'ai été menacée à plusieurs reprises, uniquement parce que je sympathisais avec les tziganes roms».

Apportez la preuve que vous êtes rom!

Le gouvernement a fini par reconnaître que la vie des roms est menacée au Kosovo. Koen Dassen, chef de cabinet de Verhofstadt, a même affirmé que la Belgique n'expulserait plus de roms. Une victoire? «Non, répond Jozef Hertsen: «A présent, un autre problème surgit. Les roms doivent prouver qu'ils sont roms. (soupir) Essayez toujours. Cela conduit à des situations comme celle de la famille qui vient d'être expulsée de sa maison. Des cinq frères, trois ont obtenu un permis de séjour. Les deux autres ne disposaient pas des preuves nécessaires. C'est révoltant».

Dimanche 7 juillet, les tziganes roms mènent à nouveau une action, cette fois au centre d'accueil de Steenokkerzeel. Rendez-vous à 14 heures.