arch/ive/ief (2000 - 2005)

Boycott des produits israéliens, pourquoi ? Comment ?
by Oxfam Friday June 14, 2002 at 07:50 PM

Palestine, supporterons-nous encore longtemps l'occupation ? Une campagne de boycott des produits israéliens : pourquoi ? comment ? quoi ? Un mouvement pour le respect des droits humains

INTRODUCTION

Dans le cadre de la campagne "Stop à l'occupation de la Palestine", la plate-forme d'action Palestine appelle le public à ne plus acheter de produits israéliens. Cette action doit renforcer les revendications pour stopper l'occupation israélienne des territoires palestiniens et pour la création d'un état palestinien indépendant et durable. Ce n'est qu'à cette condition que la paix pourra être durable au Proche Orient. Les revendications plus spécifiques sont :

· le respect par Israël du droit international, notamment des résolutions 194, 242 et 338 pour l'arrêt de l'occupation et la reconnaissance du droit au retour des réfugiés palestiniens
· le retrait total de l'armée israélienne des territoires palestiniens occupés en 1967 (La Cisjordanie, la bande de Gaza et Jérusalem est)
· le démantèlement des colonies israéliennes dans ces territoires occupés
· un moratoire sur la politique discriminatoire menée par Israël dans les territoires palestiniens et en Israël
· un dialogue entre Israël et les autorités palestiniennes sur la base des résolutions de l'ONU, en vue d'une paix durable dans la région, et avec une attention particulière à la situation des réfugiés palestiniens.

Ces revendications sont poursuivies par nos partenaires palestiniens et par les organisations israéliennes pour la Paix. Bien entendu, cette action de boycott s'arrêtera lorsque Israël mettra ces revendications et le droit international à exécution.

L'appel au boycott est la conclusion que nous tirons d'une étude portant sur le secteur agricole israélien et palestinien, réalisée suite au voyage de Stefan Deconinck (CDO). Le rapport complet de cette étude se trouve sur le site http://www.11.be/Palestina. L'étude révèle un étranglement structurel de l'économie palestinienne par Israël. Cette étude porte essentiellement sur le secteur agricole et la période du processus de paix d'Oslo. Cette marginalisation de l'économie palestinienne a provoqué d'énormes frustrations, et a déclenché la deuxième Intifadah en septembre 2000. Le rapport récent de la Banque Mondiale montre clairement que la situation s'est dramatiquement détériorée depuis (http://www.worldbank.org). Dans la suite du texte, nous détaillons les raisons du choix de cette action, la manière de la mener, et les produits spécifiques qu'elle vise.

Pour terminer cette introduction, nous tenons à préciser que cette action ne vise absolument pas les communautés juives en Belgique ou dans d'autres pays. Nous condamnons les attentats suicides et autres violences à l'encontre des Juifs en Israël ainsi que partout dans le monde. Cette campagne est menée à l'encontre de la politique du gouvernement israélien : une politique de colonisation des territoires palestiniens, de répression de la population palestinienne, de destruction des infrastructures économiques palestiniennes, d'extension des colonies juives, et des violations du droit international, des droits humains et des conventions de l'ONU.


POURQUOI ?

1. Un boycott est un message fort

Une campagne de boycott utilise un moyen économique pour arriver à des fins politiques. Le boycott des produits israéliens donne aussi bien un signal aux politiques israéliens qu'aux politiques belges et européens. Ces derniers ont un moyen pour faire pression sur Israël (la violation du Pacte d'Association par Israël, reconnue par le parlement européen), mais ne font rien ou pas grand chose. C'est pour cela que nous appelons les consommateurs à se mettre en action. L'impact réel d'une action de boycott dépend largement de l'ampleur que prend l'action en Belgique et dans le monde. L'Afrique du Sud par exemple sait, de part son histoire, combien une action de boycott peut être importante. Le conflit interne et l'action de boycott poussent les acteurs économiques à faire pression sur les acteurs politiques.

2. Un boycott est mobilisateur

Une campagne de boycott donne l'occasion à nos sympathisants et aux consommateurs d'agir concrètement. Par ailleurs, un boycott incite à la réflexion.

3. Nos partenaires palestiniens sont parti prenante de l'action

Après de longues discussions au beau milieu de l'escalade d'occupations, nos partenaires sont demandeurs de toutes formes d'actions politiques et économiques, y compris une campagne de boycott avec les consommateurs.
D'ailleurs, en Palestine, circule un appel au boycott de la première cargaison de produits (des raisins) qui ont été refoulés par l'Europe et qu'Israël essaye d'écouler sur les marchés palestiniens.


POURQUOI DES PRODUITS AGRICOLES ISRAELIENS ?

Nous appelons au boycott de tous les produits israéliens en mettant un accent particulier sur les produits agricoles. Le dossier sur lequel nous nous basons a aussi trait au secteur agricole. Les raisons de cette priorité sont les suivantes :

1. Le lien direct avec les consommateurs

Les produits agricoles sont des produits que les consommateurs côtoient tous les jours. Des marques tel que Jaffa et Carmel sont connues. De plus, la provenance de la plupart des produits agricoles est mentionnée dans la grande distribution, ce qui n'est pas le cas des produits transformés.
D'autres secteurs, tel le diamant, la communication, l'informatique ou les armes sont importants dans les relations commerciales entre la Belgique et Israël, mais ne sont pas des produits de consommation courante et sont plus difficiles à tracer. Ces secteurs requièrent de plus amples recherches et d'autres formes d'action que le boycott par les consommateurs.

2. L'intérêt symbolique en Israël même

Les produits agricoles prennent, il est vrai, une place discrète dans l'économie israélienne (2%) ainsi que dans les exportations. Le véritable intérêt porte sur la valeur symbolique du secteur. Le travail de la terre est toujours essentiel dans l'idéologie sioniste et la construction de l'état d'Israël.

3. Notre position juridique est forte

En se focalisant sur les produits agricoles, nous disposons aussi d'un sérieux argument juridique. Israël vend un certain nombre de produits agricoles, provenant de colonies juives dans les territoires occupés, sous la mention " Made in Israël ". Cette pratique a été clairement interdite dans le Pacte d'Association signé entre Israël et l'Europe. Ce Pacte octroie des tarifs préférentiels pour l'exportation de produits israéliens en Europe. Par ailleurs, le Pacte mentionne une clause relative aux droits humains qu'Israël viole.
Les ministres européens refusent de se mettre à l'œuvre malgré le vote favorable du parlement européen. Avec une campagne de boycott, nous voulons mettre les politiciens européens sous pression, afin de suspendre le pacte d'association. L'Europe est un des partenaires commerciales les plus importants d'Israël. Le boycott permettra de mettre petit à petit une pression forte sur Israël. De plus, le label "Made in Israël " couvre autant les produits d'Israël que ceux des territoires occupés, les consommateurs ne peuvent les distinguer.

En outre, il existe d'autres raisons pour lesquelles nous boycottons tous les produits agricole d'Israël. Ces produits sont cultivés sur des terres volées, avec de l'eau volée et une main d'œuvre bon marché.

4. Sur des terres volées

Pendant et après la guerre de 1948, 750.000 à 900.000 Palestiniens ont du prendre la fuite. Leurs terres ont été confisquées par Israël sans aucune forme de compensation. Ces terres agricoles ont ensuite été affectées aux immigrés juifs. Si on ne trouve pas une solution pour ces réfugiés palestiniens (retour ou compensation), aucune paix durable ne sera possible. Nous voulons aussi informer de cette situation au travers de la campagne de boycott.

5. Avec de l'eau volée

80 % de l'eau d'Israël est utilisée à des fins agricoles. Cette eau provient en majeure partie des territoires occupés. La gestion actuelle de l'eau est totalement sous contrôle israélien. Résultat : on constate sur les photos satellites, une ligne verte de démarcation. Israël est un pays vert avec beaucoup d'agriculture alors que la bande de Gaza apparaît en brun, signe de sécheresse.

6. Avec de la main d'œuvre bon marché

Beaucoup de Palestiniens travaillent dans l'agriculture israélienne. En moyenne, les salaires palestiniens représentent 34,3% des salaires israéliens. De plus, ce travail n'est pas stable. Il arrive régulièrement qu'Israël ferme les régions occupées où travaillent les Palestiniens qui se retrouvent alors sans travail et sans revenu.

7. L'agriculture palestinienne n'a aucune chance

En s'appropriant toutes les ressources agricoles disponibles (terres, eau, main d'œuvre) et en poursuivant cette politique dans les territoires occupés, Israël entend bien ne laisser aucune chance au développement d'une agriculture palestinienne. Des terres palestiniennes ont en outre été détournées en zone militaire ou en " réserve naturelle ", des plantations ont été détruites, les exportations sont bloquées ou sérieusement entravées. L'exportation de produits palestiniens est normalement possible mais les blocages juridiques et administratifs mis en place sont tels qu'en réalité, il et parfois impossible d'exporter des produits agricoles. Ils doivent alors transiter par des sociétés d'exportation israéliennes sous la mention " Made in Israël " avec les tarifs favorables du pacte d'association. Cela constitue une violation du pacte : Israël risque une amande, à savoir, une taxe européenne supplémentaire de 14 % à l'importation en Europe. Bien qu'Israël n'ait jamais du payer cette taxe de 14%, Israël se décharge du risque en obligeant les producteurs palestiniens à payer une taxe équivalente.

Est-ce que le boycott touche aussi les produits agricoles palestiniens ? Oui, étant donné que divers produits agricoles sont exportés via des sociétés israéliennes et sous le label israélien. L'étendue de l'action dépendra de la tournure des événements et de l'escalade du conflit.
Enfin, les produits bio prennent une ampleur croissante dans les exportations israéliennes et les autorités israéliennes n'ont pas connaissance de l'existence de produits bio palestiniens.


COMMENT ?

La campagne devra se doter de multiples moyen d'actions. A savoir :

1. Appel à la grande distribution à éviter les produits israéliens

Des lettres seront envoyées aux supermarchés pour faire part de notre action de boycott. Au travers de nos publications et du site internet, nous proposerons des e-cartes à envoyer aux chaînes de magasins pour leur proposer de faire ce premier pas.

2. Appel au public à ne plus acheter de produits israéliens

Au travers des mêmes médias et de distribution de folders, nous appellerons le public à suivre la campagne.

3. Appel à nos sympathisants à la sensibilisation des consommateurs

A la fin mai, nous disposerons d'une brochure claire sur l'action de boycott. Le 16 juin (" Six heures pour la Palestine "), nous profiterons de l'événement pour faire mieux connaître la campagne.

4. Appel au secteur bio à éviter les produits israéliens

Les magasins de ventes de produits bio seront interpellés par les même revendications.

D'autres axes de campagne doivent encore être travaillés.


QUOI ?

Quels produits faut-il boycotter? Ce n'est pas toujours facile pour les consommateurs de reconnaître les produits israéliens. Pour les produits frais, les fruits, les légumes et les épices, c'est possible. Par contre, cela se complique pour les produits transformés qui ne portent pas forcément de trace de leur origine.

Le code barre sur un produit peut être un indice. Les produits qui sont emballés et labelisés en Israël ont un code bar israélien qui commence par 729. Mais, certains produits israéliens sont emballés en Belgique par Delhaize, Carrefour ou Colruyt avec un code barre belge.


LES PRODUITS

Les fruits

* Les tomates bio en grappes
* Les tomates bio cerises
* Les paprika rouge bio (Delhaize)
* Les avocats (Carmel)
* Les avocats bio (Carmel)

Le label Carmel est indubitablement l'un des plus connus. La compagnie d'exportation de produits agricoles AGREXCO, créée en 1957 est aujourd'hui l'un des plus gros groupes d'exportation de produits agricoles dans le monde. AGREXCO est une société gérée par le ministère de l'agriculture israélien et des entreprises agricoles à raison de 50% chacun. C'est une organisation sans but lucratif qui distribue les récoltes entre les deux groupes de co-propriétaires. Les 8 représentants des exploitants agricoles chez AGREXCO siègent ensemble pour les 12.000 exploitants qui livrent des produits à l'organisation.
Outre les deux centres de ventes en Israël (Tel Aviv pour les fruits, les légumes et d'autres produits alimentaires, et l'aéroport de Ben Goerion pour les fleurs, les plantes, et les bulbes), AGREXCO est aussi présent sur le marché international avec des magasins à Copenhague, Rotterdam, Zürich, Cologne, Frankfurt, Londres, Milan, Paris et New York.
Le port de Marseille est le port par lequel 80% des exportations européennes d'AGREXCO passe.
· Les pamplemousses (Hasat)
· Les pomelos (Jaffa)
La saison des agrumes en Israël s'étend de novembre au mois d'avril. Elle vient de passer. Jaffa est un label qui regroupe différents exportateurs d'agrumes qui font partie du Citrus Marketing Board.

Les légumes

* Les céleris (Carmel)
* Le maïs doux (Carmel)
* Les pommes de terres
* Les pommes de terres pour barbecue (pas de marque connue)

Les épices

* Baies de poivre vert (Delhaize)
* Basilic frais (Delhaize)
* Citronelle (Delhaize)

Le vin

Vin blanc et vin rouge (Yarden) (Delhaize)
En attente de plus d'informations

D'autres produits

On peut encore trouver d'autres produits que l'on vend dans les chaînes de supermarchés (Sabra, Delhaize) ou des produits d'alimentation cachères que cherchent les clients juifs.

* Des salades de houmous, aubergines,…(Sabra, Delhaize)
* Tapenade trio (Delhaize -merk)
* Pesto vert et rouge (Delhaize)
* Biscuits (Beigel en Beigel)
* Biscuits, snack, friandises (Osem)
* Barre de sésame (Achva)

Il est encore possible de trouver bien d'autres produits. Un peu de recherche dans les supermarchés est nécessaire.