arch/ive/ief (2000 - 2005)

Paraguay: grande victoire populaire contre les privatisations ...
by (posté par Frédéric Lévêque) Sunday June 09, 2002 at 03:16 PM
fleveque@brutele.be

TRIOMPHE DE LA MOBILISATION PAYSANNE. LE GOUVERNEMENT CORROMPU DE GONZALEZ MACCHI RENONCE A LA LOI DE PRIVATISATION.

Le gouvernement de Gonzalez MACCHI a été mis en échec par la mobilisation populaire, au milieu d'une profonde crise politique, économique et sociale. Crise accompagnée des tentatives désespérées de privatiser la téléphonie d'
Etat pour oxygéner les caisses vides et renflouer les finances de l'Etat à la veille d'une cessation de payement (de la dette) et face à la menace permanente d'un jugement politique au Parlement. Le gouvernement a cédé à la dernière revendication du Congrès Démocratique du Peuple (mouvement de convergence de différentes forces populaires)et suspendu l'application de la Loi 1615 sur les privatisations.

Après la violente répression contre les manifestants paysans et des organisations populaires qui convergeaient vers la capitale, qui provoqua un mort et de nombreux blessés par balle, la tension politique était devenue insupportable pour le gouvernement. Des milliers de manifestants s'installèrent pour la nuit, mercredi (5 juin ) sur les places de la ville de Caacupé, à 45 kilomètres de la capitale. Il se disposaient à se rassembler
Place du Congrès et à se joindre à d'autre secteurs en différents points d'Asuncion.

La réunion du Sénat, qui était prévue pour jeudi, fut avancée au mercredi soir.

Ainsi le gouvernement organisa un blocage des routes
par la police pour empêcher les manifestants d'arriver à la capitale et que s'aiguise la crise politique qui menaçait Gonzalez Macchi. Une vague de rumeurs, entretenues toute la journée par le gouvernement, tenta d'abuser la population, insistant sur la manipulation politique menée par le Congrès démocratique du Peuple y compris au bénéfice de certains secteurs du Parlement - oviedistes ( Oviedo, général putschiste d'extrême-droite NDLR) et libéraux - qui depuis août 2000, faisaient pression pour l'éviction de
Gonzalez Macchi.

La crainte du gouvernement et des secteurs parlementaires qui l'avaient soutenu jusque-là motivèrent le déplacement de la session du Sénat. Dans une procédure accélérée furent suspendus les effets de la Loi 1615 afin de réduire la mobilisation populaire. De même, fut rendu effectif le retrait de la Loi Antiterroriste par ses promoteurs à la Chambre des députés.

RETRAITE DU GOUVERNEMENT ? VICTOIRE DES FORCES POPULAIRES

La réforme « privatisante » a reçu un rude coup avec cette victoire des forces populaires. La stabilité du gouvernement, noyé dans la corruption, se trouve compromise par la perte de prestige devant le peuple et l'état de mobilisation dans lequel se sont placés les organisations du Congrès Démocratique du Peuple pour défendre ces conquêtes.

Belarmino BALBUENA, du Bureau National des organisations paysannes ( MCNOC), un des principaux leaders de mobilisations paysannes et populaires du Congrès démocratique du Peuple, a déclaré que le moment était venu de défendre ces conquêtes, ce qui rend nécessaire que les forces populaires se maintiennent fermement pour la défense du patrimoine national, pour le développement du pays et
réduire la répression du gouvernement qui tentait de la légaliser et de l'approfondir avec la Loi antiterroriste. Le dirigeant paysan a dénoncé avec force la répression criminelle du gouvernement de Gonzalez Macchi, l'assassinat d'un camarade paysan de la MNOC de San pedro et a appelé à
consolider le nouvel espace historique que, de façon unitaire et combative, les organisations populaires du pays ont conquis.

Tomas ZAYAS, un autre dirigeant de la MNOC du département d'Alto Parana, a souligné l'attitude combative que les organisations populaires et politiques ont maintenue en se joignant, depuis le 21 mai, à la MNOC, et en dirigeant les blocages de routes, les mobilisations populaires, dans la capitale et en province, et en affrontant avec fermeté la répression fasciste du gouvernement.
Il a encouragé à maintenir l'unité de toutes les organisations de la MNOC, un des principaux bastion de cette lutte dans la majorité des départements du pays.

UNE ETAPE HISTORIQUE DANS L'ACCUMULATION DES FORCES POPULAIRES.

On peut considérer comme un fait historique cette victoire des organisations populaires unies dans le Congrès Démocratique du Peuple, ce qui ouvre une de grandes perspectives aux luttes pour la libération du peuple paraguayen face au grave discrédit des dirigeants et des partis traditionnels.

Le grand potentiel de lutte que possèdent les organisations paysannes et populaires du pays, unies aux partis et mouvements populaires révolutionnaires et progressistes est devenu très sensible. Un grand vide avait été créé par un mouvement syndical qui depuis des années s'est discrédité aux yeux des travailleurs par des faits de corruption, la politique bureaucratique des directions des centrales syndicales alignées sur la CIOLS ( la CISL, ndlt), la CLAT et le « jaunisme » ( « amarillismo » autrement dit la collaboration avec le patronat), centrales dépendantes du gouvernement.

La lutte a engendré un mouvement populaire fort, avec une capacité de mobilisation et d'influence dans les grands projets politiques nationaux comme est la réforme néo-libérale que prétend imposer le FMI et la Banque Mondiale, qui ne va pas tarder à être gelée. Les secteurs partisans des privatisations pensent qu'un processus de privatisations accélérées sera possible tout de suite après les élections de mai 2003. mais dans le futur immédiat de la politique au Paraguay rien ne permet de supposer que la situation restera stable jusqu'aux prochaines élections, sans écarter un changement de gouvernement causé par de nouvelles explosions sociales, produit de la situation désespérée créée par l'extrème pauvreté, le mécontentement général de la population face à la corruption, mise au grand jour, un parlement qui, jour après jour, par l'activité de la fraction pro-gouvernementale, dispute, vote après vote, le maintien du président Gonzalo Macchi, et de son contesté procureur général, soumis à un nouveau jugement politique dans les prochains jours.

Source « Patria Libre »