Privatisations: la voie de la mort by Dagmar Walgraeve Monday June 03, 2002 at 09:47 AM |
Sept morts et plus que 70 blessés, voilà le bilan du dernier accident ferroviaire britannique. Selon toute probabilité l'accident est dû à un manque d'entretien des voies. De plus en plus de voix se font entendre outre Manche pour la renationalisation des chemins de fer. Alors que partout en Europe on privatise à tour de bras!
Sept morts et plus que 70 blessés, voilà le bilan du dernier accident ferroviaire britannique. Selon toute probabilité l'accident est dû à un manque d'entretien des voies. De plus en plus de voix se font entendre outre Manche pour la renationalisation des chemins de fer. Alors que partout en Europe on privatise à tour de bras!
En Belgique, Isabelle Durant (Ecolo) est en train de privatiser le transport de marchandises. D&L-Cargo fera rouler des trains de marchandises privés en Belgique. Cela servira alors de prétexte pour faire accepter, au nom de la "libre concurrence" de profondes réformes chez B-Cargo (le transport de marchandises par voie ferrées) et chez Inter Ferry-boats (entreprise de transbordement) et en fin de compte les forcer à fusionner avec ABX pour former New-Cargo.
Les conséquences pour le personnel et pour les passagers seront importantes. Aujourd'hui déjà, il est clair que beaucoup d'emplois vont disparaître. Le machiniste ne conduira pas seulement le train, il devra également accrocher les wagons, exécuter les tests de freinage, faire l'inspection et remplir des tâches administratives. De cette façon, cinq fonctions seront réduites à une. Aujourd'hui déjà, les règles de sécurité sont foulées au pied afin de respecter les horaires. Les voyageurs seront confrontés à des retards importants car priorité sera donnée au privé, c'est-à-dire le transport des marchandises au lieu du transport des voyageurs. Maintenant, c'est l'inverse car un train de marchandises roule au maximum à 100km/h contre 160 km/h pour un train de voyageurs.
La branche la plus profitable des chemins de fer, les trains à haute vitesse (Thalys, Eurostar) sont cédés au privé. Et cela alors que les dettes de la SNCB (100 milliards d'euros selon la meilleure estimation) sont beaucoup plus importantes que celles de l'ex-Sabena.
Heinzmann, le nouveau manager de la SNCB, a jeté l'éponge après une semaine. Il a déclaré après sa démission *seul un manager qui sait négocier choisit la SNCB+. Heinzmann a choisi la sécurité: Luxair. Les travailleurs de la SNCB, eux n'ont pas le même choix. Passer au secteur privé, avec le stress dû au travail, les horaires de plus en plus flexibles, et moins de droits syndicaux. Ou alors rester à la SNCB qui agonise et qui devra encore réduire ses coûts.
Le chemin de fer doit rester un service public, mais sous le contrôle démocratique des travailleurs et des usagers. Au lieu de désigner des attachés de cabinet au conseil d'administration, au lieu d'un administrateur délégué qui ne connaît pas la différence entre une automotrice et un train remorqué par une locomotive, la SNCB doit être dirigée par les travailleurs eux-mêmes, ceux et celles qui connaissent de près la réalité de l'entreprise. Ils doivent être élus par le personnel et être révocables à tout moment. Ils ne peuvent pas toucher plus que le salaire moyen d'un travailleur.
Le personnel et les voyageurs doivent lutter ensemble contre la privatisation des chemins de fer. Non seulement les conditions de travail se détériorent, mais la sécurité du personnel et des voyageurs est compromise par la recherche de profit à tout prix. Nous devons exiger que le gouvernement continue à investir dans les transports en commun car c'est la seule garantie d'assurer un minimum de sécurité. Plus de transports en commun ne signifiera pas seulement une solution aux problèmes de mobilité, les accidents de route diminueront fortement.
Nous ne pouvons réaliser une organisation générale des transports tenant compte des travailleurs, des voyageurs et respectueuse de l'environnement qu'en luttant avec le personnel, les usagers des services publics et le mouvement ouvrier pour une société socialiste démocratique.
Dagmar Walgraeve