arch/ive/ief (2000 - 2005)

Manifeste
by Absinthe & Compañero Sunday May 12, 2002 at 02:45 AM
garagognia@iquebec.com

Manifeste du collectif Garagognia

Nous décidons de nous unir sous les mots d'un poète de la marge, parce que nous voulons combattre la langue de bois étatique ou corporatiste. Puisque les voix de la marge ou discordantes font peur à la forêt médiatique, parce que nous ne correspondons pas aux valeurs dominantes et troublons l'ordre établi, nous nous ferons des oiseaux rares aux noms étranges. Garagognia se veut donc une réappropriation du langage. Les mots, contrairement à ce que l'on veut nous faire croire, ont un sens.

Dans une économie de marché comme la nôtre, où les médias sont concentrés entre les mains d'un nombre de propriétaires de plus en plus restreint, la démocratie n'existe pas. Les nouvelles technologies de l'information et de la communication accentuent cette situation dans le contexte d'une mondialisation accélérée de l'économie néolibérale. Puisqu'ils sont leur propriété, les médias de masse protègent les establishments économique et politique (qui n'est en réalité que le valet du premier). Le politique n'existe plus, nous sommes désormais à la merci de l'économisme. Les médias n'y échappent pas. Nous refusons de consentir.

Dans la logique néolibérale et capitaliste, les médias ne nous informent pas, ils nous divertissent. Procédant par matraquage, le pouvoir se sert des médias de masse pour mieux nous asservir, nous inculquer ses idées, ses opinions, ses buts. La seule vertu de la boîte où passe le journal télévisé est de réduire notre réalité. Peu importe la véracité des faits ou du traitement de ceux-ci, l'information diffusée par les médias tient office de vérité. Et ce qui passe sous silence devient faux. Tout est désormais flou. Il n'y a dès lors plus de vérité. Garagognia se veut donc une riposte aux mensonges médiatiques, à la manipulation et à la colonisation de l'esprit.
À travers les nouvelles présentées dans les téléjournaux, presse écrite ou à la radio, on ne nous propose qu'une vision, une optique : celle du pouvoir. À travers les émissions, le cinéma, la musique, le monde du spectacle, la publicité, on nous acculture, on nous assimile, on nous tend un mode de vie, on nous crée des besoins, on nous programme à servir le pouvoir.

Les médias de masse ne sont qu'au service de son propriétaire : le grand capital. Le pouvoir économique ou financier, capitalisme, libéralisme ou néolibéralisme, nouveau en rien si ce n'est que par l'étendue de sa domination, a su au fil du temps développer une arme nettement plus efficace que la répression militaire. Plus que les armes, le pouvoir des médias permet non plus de rendre les citoyens dociles, mais plutôt consentants et favorables. La propagande médiatique, par son caractère aliénant, fait des téléspectateurs, auditeurs, lecteurs de loyaux et fidèles serviteurs d'un ordre qui, en réalité, les opprime. Ce conditionnement va même jusqu'à pousser ces gens, complices sans le savoir, à s'opposer aux quelques voix dissidentes qui refusent de servir le système, qui refusent l'aliénation.
Soyons déraisonnable et cessons d'applaudir ! Refusons la manipulation mensongère ! Ne laissons pas le monde médiatique nous assommer et nous divertir. Soyons subversifs, sauvages et envahissons l'espace médiatique maintenant !

Dans la société spectacle, il n'y a ni scène, ni rangées, ni sièges, ni tickets, ni murs. La création, ou l'action, doit absolument se séparer de toutes les structures conventionnelles de consommation d'art (galeries, publications, médias) : des poèmes gribouillés dans les toilettes des palais de justice, de petits fétiches abandonnés dans les parcs et les restaurants, des photocopies artistiques placées sous les essuie-glaces des pare-brise des voitures en stationnement, des slogans écrits en caractères énormes collés sur les murs des cours de récréations ou des aires de jeux, des lettres anonymes postées au hasard ou à des destinataires sélectionnés (fraude postale), des émissions radio pirates, etc.

Décolonisons les esprits en contre-attaquant ! Prenons l'espace de la parole qui nous revient ! Que ce soit en nous appropriant les lignes ouvertes, les courriers du lecteur, en faisant de la photographie, en publiant des textes, etc. Faisons-nous créateur de sens contre les médias menteurs qui sont la simple courroie de transmission au maintien du chaos social.


Garagognia propose une guerre à la désinformation !
Joignez-vous à nous !
Ne les laissons pas aplanir notre réalité !
Ne les laissons pas nous marginaliser
Ne les laissons pas étouffer notre voix !
Notre résistance sera création !