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anti-globalistes responsable pour l'anti-semitisme en France
by le monde(posted by guido) Saturday May 04, 2002 at 11:46 PM

Dans l'hebdomadaire néoconservateur The Weekly Standard (daté 6 mai), sous le titre "Liberté, Egalité, Judéophobie", Christopher Caldwell estime que l'antisémitisme d'aujourd'hui n'est pas porté par M. Le Pen, mais par les islamistes et par la gauche antimondialiste et antiaméricaine. Il rappelle que, pour José Bové, chef de file français des antimondialistes, "les attaques contre des synagogues françaises sont provoquées ou fabriquées par le Mossad", l'un des services secrets israéliens.

Les Américains n'attribuent pas le regain d'antisémitisme en France à Jean-Marie Le Pen

George W. Bush condamne ce "mal ancien" qui s'est exprimé, selon lui, par l'incendie de synagogues.
Le Monde | 03.05.02

Washington de notre correspondant

Le succès de Jean-Marie Le Pen au premier tour de l'élection présidentielle a été perçu d'abord, aux Etats-Unis, comme l'expression électorale de la vague d'antisémitisme des dernières semaines. Très vite, les correspondants et envoyés spéciaux des médias américains ont corrigé cette impression. Ils ont expliqué que, si M. Le Pen est bien l'homme qui a qualifié les chambres à gaz nazies de "point de détail de l'histoire de la seconde guerre mondiale", les voix qu'il a recueillies le 21 avril ne sont pas celles des auteurs d'attentats antisémites, puisque ceux-ci sont d'origine arabe et, donc, membres du groupe social contre lesquels le vote d'extrême droite est dirigé avant tout.

Le niveau atteint par M. Le Pen est généralement mis au compte de deux facteurs. Pour une part, les journalistes et observateurs américains l'expliquent par la délinquance et la criminalité, associées à l'immigration. "C'est "l'insécurité", imbécile !", titrait en "une" le Wall Street Journal, paraphrasant la formule célèbre qui imputait à la situation économique la défaite, en 1992, du premier président Bush, pourtant sorti vainqueur de la guerre du Golfe.

Pour une autre part, les journalistes américains incriminent le caractère fermé du système politique français, que symbolise l'âge des deux principaux candidats."Imaginez-vous de devoir choisir aujourd'hui entre Gerald Ford et Jimmy Carter ?", demandait le New York Times, citant les deux protagonistes de l'élection présidentielle de 1976, année où M. Chirac était déjà premier ministre et M. Jospin l'un des dirigeants du PS.

Le vote d'extrême droite, Le Pen et Mégret réunis, le vote d'extrême gauche et les autres votes "protestataires" démontrent aussi, aux yeux des observateurs américains, l'incapacité des dirigeants de gauche et de droite à comprendre les attentes de toute une partie de la société, et à y répondre. Les Américains sont informés par leurs journaux, radios et télévisions des réactions provoquées en France par ces résultats : appels à voter pour Jacques Chirac au second tour, manifestations, prises de position de personnalités diverses. Cependant, les médias prévoyant la défaite de M. Le Pen le 5 mai, leur attention se porte davantage sur l'état de la France en général. Et, là, le sentiment prévaut que si la France est "l'homme malade de l'Europe", il faut peut-être s'en inquiéter d'autant plus que sa maladie est contagieuse.

L'antisémitisme est ce qui retient le plus l'attention des Américains. Mardi 30 avril, le président George W. Bush, qui prononçait un discours sur les idéaux américains dans le monde d'aujourd'hui, a condamné "le mal ancien de l'antisémitisme, qu'il soit pratiqué par les assassins de Daniel Pearl ou par ceux qui brûlent des synagogues en France". Daniel Pearl est le journaliste américain qui a été égorgé au Pakistan après avoir été forcé à "avouer" qu'il était juif.

MESSAGES D'INDIGNATION

Le 26 avril, 99 sénateurs (le centième étant malade) avaient envoyé à M. Bush une lettre exprimant l'inquiétude que leur inspire l'antisémitisme dans le monde arabe et en Europe. Dans l'hebdomadaire néoconservateur The Weekly Standard (daté 6 mai), sous le titre "Liberté, Egalité, Judéophobie", Christopher Caldwell estime que l'antisémitisme d'aujourd'hui n'est pas porté par M. Le Pen, mais par les islamistes et par la gauche antimondialiste et antiaméricaine. Il rappelle que, pour José Bové, chef de file français des antimondialistes, "les attaques contre des synagogues françaises sont provoquées ou fabriquées par le Mossad", l'un des services secrets israéliens. Certains de ceux qui manifestent contre M. Le Pen, écrit Caldwell, "ont avec lui des différences idéologiques de plus en plus difficiles à discerner".

Les actes antisémites donnent lieu à d'innombrables messages d'indignation adressés aux représentants de la France aux Etats-Unis et auxquels le site Internet de l'ambassade (http://www.info-france-usa.org) s'emploie à répondre. Des projets de voyages touristiques et des réservations sont annulés, des visites scolaires ou universitaires sont supprimées, des importateurs de produits français changent de fournisseurs.

Patrick Jarreau