Elections - QUEL SEISME ?

Le séisme c'est l'effondrement de la gauche gestionnaire (un heureux événement !) qui a rendu de nouveau visible une extrême droite qui est une constante (hélas !) de la vie politique française. Or l'effondrement de la gauche gestionnaire n'est dû à personne d'autre qu'à elle-même. Elle a plus libéralisé le système financier que la droite, Jospin a plus privatisé que Juppé ; elle a créé des camps d'internement et réduit le droit d'asile a rien ; elle a voté l'immonde loi Chevènement faisant de l'obtention du moindre papier un impossible parcours du combattant ; elle a fait voter une loi sur les 35 heures, plus utile aux loisirs des cadres qu'aux ouvriers devenus encore plus " flexibles " avec, le plus souvent, une baisse du salaire réel ; elle n'a donné aux chômeurs que des réponses en forme de matraques et de contrôle accru par PARE du Medef interposé ; elle n'a cessé d'être aux ordres des nucléocrates.

En matière de politique internationale le bilan est tout aussi éclairant. Droite et gauche ont soutenu le gouvernement américain dans les aventures de plus en plus violentes, impériales et cruelle en Irak, en Yougoslavie, en Afghanistan. Il n'est guère cohérent maintenant de lever contre Le Pen l'étendard de la révolte des âmes, si la même âme approuve sans complexe la guerre d'un Bush (aussi réactionnaire que toutes les questions, que le Front national) ou celle d'un Sharon (aussi brutal dans sa guerre coloniale que le fut, dans la sienne, en Algérie, le parachutiste Le Pen). Cette politique est donc responsable de leur désastre, et non d'une quelconque montée de l'extrême droite ! Moins d'une personne sur dix que vous pouvez croiser dans la rue a voté Le Pen. Le nazisme n'est pas à notre porte. L'extrême droite a toujours malheureusement existé en France... et toujours également les forces institutionnelles classiques (droite et gauche parlementaires) s'en sont servi honteusement à des fins électoralistes comme d'un repoussoir ou pour accuser l'autre camp de collusion avec le fascisme rampant.

Que des lycéens et des collégiens qui n'étaient pas nés à la belle époque où Mitterrand introduisait une dose de proportionnelle dans le système électoral français à seule fin de faire entrer des députés FN au parlement et coincer ainsi la droite, prennent conscience de l'implantation électorale du FN et s'en alarment, c'est compréhensible et encourageant. Que des militants politiques et syndicaux associatifs, plus âgés, feignent de découvrir la chose et l'exagèrent à plaisir pour vendre leur soupe démocratique et culpabiliser celles et ceux qui les ont lâché en votant extrême gauche, nul, ou en s'abstenant, est immonde. Les leaders de la gauche plurielle savaient, deux jours avant le scrutin, que Le Pen risquait de passer devant Jospin. Pourquoi Mamère et Hue ne se sont-ils pas retirés au dernier moment pour assurer la seconde place au PS ? Ce sont eux la gauche plurielle, qu'ils se débrouillent maintenant. Laissons donc voter Chirac celles et ceux que les " mauvaises odeurs " n'incommodent pas trop et passons enfin aux choses sérieuses. Parlons de guerre sociale et pas de
cuisine électorale. Défendons dans la rue le projet d'un autre futur, sans races ni frontières, sans président ni patrie, une société égalitaire, communiste et libertaire, où on ne verra d'épouvantails que plantés dans les champs.

arch/ive/ief (2000 - 2005)