Dix usagers du Collectif sans ticket (CST) interpellés et détenus ce mardi 23/04 by CST Wednesday April 24, 2002 at 07:36 AM |
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Le réseau de la STIB* est-il une zone de non droit, dans laquelle l'application des ordonnances rendues par la Justice est soumise au bon vouloir des agents des Brigades Intervention ?
Des usagers du CST, vêtus d'une tunique blanche distinctive et pourvus pour l'occasion d'un titre de transport payant, avaient choisi ce mardi pour aller à la rencontre des autres voyageurs de la STIB, susciter des discussions autour du projet de l'accès gratuit aux transports publics et diffuser un dépliant d'information intitulé « Paroles d'usagers ». Ce faisant, nous respections scrupuleusement l'ordonnance prononcée en référé le 22/10/2001 par le Tribunal de première instance de Bruxelles, qui, si elle interdit à 18 usagers du CST d'informer le public des contrôles et de placarder des affiches sans autorisation, stipule en revanche que « l'édition et la distribution en soi de tracts, autocollants, affiches (du CST) ne constituent que la liberté d'expression des défendeurs » et ne peuvent comme telle subir de censure.
Malgré ce jugement limpide, dix usagers du CST, traversant la station Rogier aujourd'hui à 17h., y ont été interceptés par des agents de la Brigade Intervention, secondés par des membres de la Police Fédérale du Métro. Une vérification d'identité « pour raisons préventives » ( ?) s'est alors vite transformée en interpellation dans les locaux de la Police du Métro, avec prise de photos pour chacun, audition et saisie de l'ensemble des tracts et cartes de droit aux transports. Les dernières personnes retenues n'ont été autorisées à quitter les lieux qu'environ deux heures plus tard.
Que nous reprochait-on ? « L'officier de garde sait pourquoi vous êtes ici » nous ont d'abord répondu les Policiers Fédéraux auxquels les patrouilleurs STIB nous avaient confiés. Après plus de 20 minutes, l'officier en question apparaît. Nous l'interrogeons, en faisant référence à ce qu'autorise noir sur blanc le jugement en référé. Extrait du dialogue : - (il bredouille) « Vous êtes ici pour… infraction ». Nous : « Infraction à quelle disposition ? ». Lui : « Infraction. Il y a un règlement sur la police des transports… ». Nous sortons ce règlement et le lui montrons : « Infraction à quel article ? ». Lui, pris de court : « Vous troublez l'ordre public par votre présence »…
Au fil de la détention, nous avons du nous rendre à l'évidence : les Policiers Fédéraux improvisaient, contraints d'assumer des interpellations que la Brigade d'Intervention de la STIB leur avait refilées sans mode d'emploi… et sans raison. Les Policiers ont par exemple d'abord saisi nos tuniques blanches, avant de nous les redonner au beau milieu des auditions : ils venaient de découvrir l'ordonnance en référé et n'y avaient pas trouvé mention d'une astreinte pour « port de vêtements de peintre »…
Cette affaire éclaire crûment le sentiment de toute-puissance des vigiles de la Brigade d'Intervention, théoriquement chargés de « porter aide et assistance aux membres du personnel (…) ou aux voyageurs mis en danger ».
Alain Flausch, l'administrateur-directeur général de la STIB, a-t-il étendu leurs missions à la chasse aux usagers « politiquement incorrects » ? Aujourd'hui, Mr Emonds, responsable du service Contrôle et gardiennage, s'est d'abord assuré de notre arrestation, puis a envoyé ses hommes à la recherche d'éventuelles affiches collées par le CST, histoire de légitimer notre interpellation « préventive ». De telles méthodes vident de tout contenu pratique la notion même de liberté d'expression.
A-t-il agi de sa propre initiative ? Ou, plus probablement, s'est-il conformé aux consignes du directeur général de la STIB ? Voilà l'une des questions dont nous entendons obtenir la réponse sans délai, sous peine de voir le fait accompli et le rapport de force devenir les seuls modes d'expression licites à la STIB.
Le Collectif sans ticket-Bruxelles, 23/04/02