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Passons la « Lettre d'Amérique » dans le hache-viande !
by un commando « Critique immuable » Saturday April 20, 2002 at 10:48 PM

Oyez ! Oyez ! Voici un texte écrit par un combattant d'élite mobilisé pour la nouvelle opération de réflexion radicale : « Critique immuable ». N'hésitez pas à vous rendre aux quartiers généraux de la résistance de la raison : www.critiqueimmuable.org. Le texte qui suit contient un appel à tous pour la construction du premier babillard de l'opération « Critique immuable » !

Grillez vous-mêmes les intellectuels américains qui se sont fait les défenseurs de la « guerre juste » de Bush contre le terrorisme !

N'hésitez pas à lapider et déchiqueter conceptuellement le texte des soixante talibans américains ! Allez-y sans honte !

Pourquoi inciter ainsi à la violence conceptuelle ?

Le problème posé par le projet tout à fait légitime de répliquer à la « Lettre d'Amérique » publiée le 15 février 2002 tient au fait qu'il n'y a précisément rien d'intellectuellement respectable dans cette lettre. Mais l'urgence de la réponse a fait en sorte que ce jugement essentiel n'a pas été prononcé. En effet, les critiques ont sans doute cru qu'il valait mieux atténuer leur jugement radical par des stratégies d'euphémisation dans la mesure même où critiquer trop sévèrement les soixante talibans américains, c'était du coup blâmer les journaux qui publient de telles interventions dans leurs pages prétendument consacrées à la réflexion. C'est ce dont témoignent les répliques parues le 19 février 2002 dans notre cher Devoir - répliques qui, à défaut d'être justes dans la dénonciation du scandale, n'en sont pas moins tout à fait pertinentes dans le chapelet de critiques ponctuelles qu'elles récitent en espérant contribuer à atténuer le délire des signataires de la « Lettre d'Amérique ».

Cela dit, il faut bien mesurer l'impossibilité de dire les choses telles qu'elles sont dans les pages du Monde ou du Devoir. Si on prend la page Idées du Devoir, par exemple, elle est, comme le reste du journal, soumise à la logique de la valorisation marchande de l'information et des idées elles-mêmes. L'intervention des Américains s'ajoute à une liste infinie d'indices inquiétants faisant montre d'une sorte d'harmonie préétablie entre le sens opportuniste de l'événement chez les marchands de l'information et l'arrogance propagandiste. Que cela ne puisse être dit et que cela doive en fait être caché quand on n'est pas de la boîte, la bonne volonté réaliste des critiques Thierry Hentsch et Louis O'Neil que l'on a pu lire dans le Devoir en fait foi. Mais d'autres moins scrupuleux, n'ayant pas l'impression de se compromettre en faisant du pushing pour le journal - c'est souvent qu'ils en sont des employés - laissent entrevoir tout ce dont je parle ici. C'est le cas de Jean-Claude Leclerc, chroniqueur du Devoir, sans aucun doute critique de la « Lettre d'Amérique », qui, le 18 février 2002, a tout de même écrit l'énormité suivante : « le plaidoyer des auteurs [de la lettre d'Amérique] était nuancé, équilibré et bien mené [et il] ne manquera pas d'alimenter le débat sur « l'axe du mal » »... Leclerc essaie ni plus ni moins de transformer le scandale de cette intervention et de sa publication en un « must ». Voilà un autre scandale. Et puis que penser de cet autre scandale qui consiste à laisser croire qu'il peut y avoir quelque chose de nuancé dans un texte ayant un vernis formel précisément pour signifier que le temps des nuances est terminé : les talibans d'Amérique énoncent 5 vérités fondamentales sur l'homme, la société et la nature - rien de moins - , permettant de déduire 4 « valeurs » américaines qui ne sont en fait que la redite mythologisée du contenu des 5 vérités ; tout cela culminant dans une défense de la « guerre juste », elle-même distinguée de 3 formes historiques déchues de justification ou de compréhension de la guerre - entendons ici toutes les formes de compréhension des guerres qui ont eu cours avant que l'Amérique ne devienne la police du monde.

À qui peut échapper que la « Lettre d'Amérique » est d'une arrogance et d'une condescendance insupportable, qu'elle est d'une pauvreté intellectuelle inouïe reconduisant dans le pâle vernis de l'esprit timoré la teneur hystérique de la réaction américaine devant les événements du 11 septembre 2001. La lettre enfile l'un après l'autre les raisonnements creux ou erronés ; elle adopte le ton du bilan à propos de la civilisation en étant ridiculement sélective à propos des faits marquants de l'histoire et surtout à propos de leur sens - et cela quand elle n'est pas tout bonnement erronée. Bref, loin de mériter une « réplique », cette lettre est un monstre et nécessite plutôt d'être déchirée conceptuellement sur la place publique.

Que le dépeçage commence, servez-vous un morceau à l'une des adresses suivantes :

« Lettre d'Amérique, les raisons d'un combat », version française parue dans le Monde.

« What we're fighting for », version originale en anglais

Envoyez votre pièce apprêtée à l'adresse suivante : commentaires@critiqueimmuable.org

Pour vous inspirer, n'hésitez pas à venir voir les pièces déjà apprêtées exposées dans notre comptoir !


Il s'agissait de la misson 41 contre l'opération américaine « liberté immuable ».

un point de vue perso
by arty Sunday April 21, 2002 at 11:58 AM

un point de vue perso (voir lien)