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La conquête de « l'espace vital du peuple juif » !
by un commando « Critique immuable » Sunday April 14, 2002 at 02:23 AM

Oyez ! Oyez ! Voici un texte écrit par un combattant d'élite mobilisé pour la nouvelle opération de réflexion radicale : « Critique immuable ». N'hésitez pas à vous rendre aux quartiers généraux de la résistance de la raison : www.critiqueimmuable.org. Le texte qui suit contient une réaction aux propos délirants livrés au journal Le Monde (06/04/02) par le militaire d'extrême droite Effi Eitam, récemment intégré au « cabinet de sécurité » de Sharon.

La « guerre au terrorisme » en Palestine pour la conquête de « l'espace vital du peuple juif » !

La nomination récente de l'ultra-nationaliste religieux Effi Eitam comme membre du cabinet de sécurité du gouvernement israélien confirme dramatiquement la politique de Sharon visant à pulvériser l'autorité palestinienne et, avec elle, l'espoir d'une réelle indépendance politique de ce peuple. Haut gradé de l'armée, Effi Eitam a déclaré en entrevue au journal Le Monde (06/04/02) que le but de la présente guerre est l'instauration d'un État « réellement juif », recouvrant le territoire biblique allant de la mer au Jourdain, « espace vital du peuple juif » dont la « spécificité » est d'être « les seuls au monde à entretenir un dialogue avec Dieu en tant que peuple », ce qui lui confère une mission singulière : « rappeler l'existence de Dieu à l'humanité ».

Ce discours confirme que l'actuelle offensive israélienne participe de l'essence même du terrorisme, que l'armée américaine définit ainsi : « l'usage calculé de la violence contre des civils à des fins d'intimidation et de coercition pour atteindre des objectifs politiques, religieux, idéologiques, ou autres » (Le Monde, 22/11/01).

Jusqu'ici, cette évidence a pu passer inaperçue du fait que la terreur à laquelle nous assistons en Palestine profita de la tourmente du 11 septembre pour se fabriquer une vertu. Cette opération d'anéantissement du moral de la Palestine invoque la légitime sécurité de l'État israélien en exacerbant et en instrumentalisant l'anxiété et les craintes du peuple qu'il représente. Cette offensive, a-t-on ainsi tenté de nous faire croire, relèverait du « droit de riposte », « de la sécurité de l'État » et de la « lutte au terrorisme ».

Cependant, une fois la terreur installée partout en Palestine et en Israël, comme c'est le cas maintenant, la couleuvre devient un peu grosse à avaler, du moins, pour le reste de la planète à juste titre scandalisé par l'opportunisme et la brutalité de la politique du gouvernement Sharon. Même l'éditorialiste et américanophile en titre du quotidien montréalais La Presse, Mario Roy, condamna amèrement cette tentative d'inscrire la guerre actuelle dans la lignée de la lutte anti-terroriste. C'est tout dire ! Toutefois l'éclair de lucidité qui frappa l'éditorialiste - et plusieurs de ses confrères - ne fut pas assez puissant pour l'empêcher de tomber dans le piège tendu par Sharon. Dans un second texte (09/04/02), en effet, notre homme reconnut que la situation était sans issue tant tous les camps avaient leurs torts.

Nous ayant persuadés que la « situation était désespérée », les masques tombent et la droite radicale israélienne peut célébrer sa victoire impunément. Elle manifeste alors ouvertement son désir d'en finir avec le processus de paix ainsi qu'avec ses défenseurs qu'Effi Eitam - qui trouve décidément toujours le mot pour rire - qualifie de « psychopathes ». Tel est le but du terrorisme de la droite israélienne : nous faire perdre la raison, nous crisper d'angoisse de sorte que, catatonique, on se persuade que le cours des événements est sans issue. Il ne reste plus dès lors qu'une chose : la mort. Aussi bien celle que se donne le kamikaze que celle que donne le soldat israélien.

Dans ce programme, la fin ne fait pas que justifier les moyens, elle leur correspond en tout point ! La terreur n'est pas seulement le chemin qui mènera au Grand Israël biblique, mais bien sa loi. Loi dont le premier commandement pourrait être : « Sortons nos deux peuples du domaine courageux du dialogue et de l'effort de compréhension, lequel est toujours fragile parce que jamais totalement assumé ni assuré, et ce, afin de les jeter à corps perdu dans la clarté des grandes vérités du champ de bataille ». C'est entendu ! Le fusil sur la tempe, on comprend immédiatement l'intention de son vis-à-vis ! Les enjeux deviennent on ne peut plus clairs. De quoi contenter les simples d'esprits... et les soldats, qu'il ne faut cependant pas nécessairement confondre, comme en témoigne la résistance de nombreux sous-officiers israéliens à la démence de leur chef.

Cette mécanique bien huilée de l'horreur témoigne aussi de son cynisme en ce qu'elle a su tirer tout le profit possible des morts du 11 septembre. Le lendemain du 11 septembre, Sharon l'a dit : « Arafat, c'est notre Ben Laden ». Ce par quoi il faut entendre que la droite radicale israélienne a compris, tout comme sa cousine américaine, que les « événements de septembre » offraient une occasion inespérée de redonner vie au grand discours sécuritaire et à la logique militaire qui l'accompagne.

C'est un classique politique de la droite américaine toujours en quête d'ennemi à diaboliser et d'impureté à combattre pour donner un sens à ses valeurs. C'est-à-dire à sa conception individualiste et moralisante de la vie. Cela s'explique. Selon elle, la solidarité sociale est inexistante. Elle se limite aux élans du coeur que l'homme égoïste s'autorise parfois le dimanche, lequel ne fait ainsi que confirmer le bien-fondé de la lutte économique et sociale qu'il mène à ses pairs le reste du temps. Cela n'empêche pas cette droite d'avoir besoin d'un État très fort pour appliquer sa politique du moindre État. Paradoxe qu'elle ne surmonte qu'en recourant à l'artifice de la menace extérieure, vis-à-vis de laquelle la société ne fait plus qu'une derrière l'Individu qui l'incarne : son président et chef de ses armées. Le principe suprême de l'individualisme se trouve alors en apparence respecté. En apparence, seulement. Car l'individu suprême, incarnation humaine de la puissance de l'État, est en réalité le représentant de l'intérêt privé faisant valoir ses droits dans le système de la concurrence généralisée dont le « sujet » est la corporation privée, et non l'individu. Ce qui se voit, notamment, à ce qu'aucune personne en chair et en os n'est prête à risquer sa peau dans les guerres « justes » de leur président. Les Américains, on le sait, veulent la guerre sans perte humaine : la guerre des drones, des étoiles et des gadgets sophistiqués, dont la principale qualité, voire l'unique, est d'être fabriqués et vendus par les grandes corporations du complexe militaro-industriel.

Vivant au Proche-Orient et non en Amérique, les Israéliens n'ont pas à s'inventer un ennemi. Il leur suffit de le provoquer. Cela simplifie la tâche de la droite israélienne. De plus, du moment où ils s'estiment élus de Dieu en tant que peuple, et non comme une masse d'individus isolés livrés à la guerre de tous contre tous, ils savent encore risquer leur vie au combat. Combat qu'Ariel Sharon s'appliqua minutieusement à enclencher dès le lendemain du 11 septembre.

Le contexte international s'y prêtait à merveille, tous ayant le regard tourné vers Kaboul ou New-York, il était assuré que personne n'entendrait les protestations des Palestiniens et des Israéliens sensés. La seule crainte du Premier ministre israélien fut que les USA « fasse un autre Munich » et « sacrifie Israël » afin de s'allier les pays arabes modérés. Le parallèle entre la condition des juifs européens en 1936 et le contexte géopolitique actuel lui fut âprement reproché. Mais cela n'empêcha rien. Tout comme les cris d'orfraie des gouvernements occidentaux n'empêchent rien aujourd'hui.

Pour empêcher le pire, il faut combattre avec force le terrorisme à sa source : la peur et le fanatisme. Le 11 septembre, des hommes sont passés à l'acte afin de donner un sens à leur désoeuvrement. L'événement donna une vie bien trop concrète au fantasme de mort et de destruction qu'abrite et entretient notre monde. Mais l'événement n'est pas absolu. Son sens se trouve autant dans les virtualités qu'il libère que dans celles qu'il actualise et retient en lui (cf. Un cri vaut combien de mots ?). La suite du monde n'a à se laisser enfermer ni dans les craintes du passé, ni dans l'anxiété générée par la terreur religieuse. Pour cela, il faut avoir le courage de reconnaître le fanatisme religieux et la peur qu'il sème là où ils se terrent tous deux. Jusqu'en Israël et aux États-Unis.


Il s'agissait de la misson 44 contre l'opération américaine « liberté immuable ».

Ce texte a été écrit par un auteur qui tient à rester anonyme et qui ne doit pas être confondu avec Mario Roy. Il oeuvre pour la nouvelle opération de réflexion radicale : « Critique immuable ». N'hésitez pas à vous rendre aux quartiers généraux de la résistance de la raison : http://www.critiqueimmuable.org.