Le lobby nucléaire soupçonné d'entrisme à la Commission by Infonucléaire Thursday March 21, 2002 at 11:05 AM |
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Dans "Le monde" du 19/03/02
Lorsque Margot Wallström, commissaire à l'environnement, a appris la nouvelle, elle a piqué une colère noire : le jour où les Quinze décidaient de ratifier le protocole de Kyoto, son ancien directeur général chargé de l'environnement, James Currie, rejoignait le lobby nucléaire. Depuis le début du mois de mars, ce haut fonctionnaire britannique est "directeur non exécutif" à la British Nuclear Fuels (BNFL), l'entreprise publique anglaise qui gère l'usine de retraitement nucléaire de Sellafield. Cette fonction est rémunérée 20 000 livres par an (28 350 euros).
Mme Wallström, questionnée par des eurodéputés Verts sur la nature des missions exercées par M. Currie, a répondu le 12 mars qu'il ne l'avait "pas contactée à l'avance pour l'informer de ce nouvel emploi". Eric Mamer, porte-parole du commissaire Neil Kinnock, en charge de la réforme administrative, a déclaré au Monde, lundi 18 mars, que cette fonction "présente pourtant un risque de conflit d'intérêts" : M. Currie travaille pour une industrie qu'il avait la mission de réguler ; il devait par exemple établir les normes de protection des travailleurs contre les radiations. M. Mamer affirme que "M. Currie aurait dû prendre contact avec la Commission avant d'accepter un tel poste".
M. Currie est parti de la Commission avec un "article 50", formule de licenciement réservée aux hauts fonctionnaires, qui permet de toucher pendant trois mois son salaire (environ 14 000 euros) et, par la suite, une indemnité dégressive (de 85 % à 60 %), susceptible d'être diminuée par la Commission, en fonction des nouvelles occupations exercées.
Monica Frassoni, coprésidente du groupe des Verts du Parlement européen, estime que "le geste de M. Currie confirme les soupçons que les élus écologistes nourrissaient sur ses liens avec les lobbies industriels". A Greenpeace, on estime que "M. Currie a jeté le masque" : en janvier 2001, l'ONG avait vivement dénoncé deux restructurations dans les services chargés respectivement de la politique des déchets et de la protection de la nature : elles avaient eu pour conséquence de mettre à l'écart deux fonctionnaires extrêmement pugnaces.