France: nouvelle "révélation" sur le mensonge de Tchernobyl by Infonucléaire Monday March 04, 2002 at 05:23 PM |
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Le gouvernement français alors dirigé par Jacques Chirac connaissait l'ampleur des retombées radioactives mais s'est refusé à les communiquer
Voir: le JT de 20h00 (France 2)
Commission sur les conséquences de Tchernobyl: une
"manipulation", selon le réseau "Sortir
du nucléaire"
LYON, 1er mars - Le réseau "Sortir du nucléaire"
a dénoncé vendredi comme une "manipulation"
l'annonce mardi par le gouvernement de la création d'un
groupe de travail sur les conséquences en France de la
catastrophe nucléaire de Tchernobyl.
Le réseau, qui déclare fédérer 612 associations, déplore que la formulation officielle des missions du groupe de travail soit "pour le moins ambiguë" et demande que le champ d'investigation "soit étendu à la recherche de la vérité et à l'établissement des responsabilités".
Il s'étonne également de la nomination à la présidence de la commission d'un expert qui se trouve par ailleurs être membre du conseil d'administration d'EDF. Il demande que la commission "soit présidée par une personnalité non soupçonnable de défendre les intérêts du lobby nucléaire".
La Commission de recherche et d'information indépendante sur la radioactivité (CRIIRAD), qui a publié mardi un atlas des retombées de Tchernobyl en France et en Europe, affirme avoir des "preuves" que l'Etat a menti sur le niveau de contamination en France, minimisant la gravité de la situation.
"L'Etat français a menti et n'a pas respecté la réglementation relative à la protection contre les rayonnements ionisants", assure la CRIIRAD, mettant ainsi, selon elle, la santé des personnes en danger.
Le réseau "Sortir du nucléaire" a récemment remis à la presse, et présenté comme la copie d'un document officiel, une lettre du Service central de protection contre les rayonnements ionisants du ministère de la Santé expliquant, en 1986, peu après l'explosion de Tchernobyl, que la distribution d'iode n'était "pas justifiée".
La CRIIRAD a remis son atlas au juge parisien chargé d'instruire la plainte déposée par 200 malades de la thyroïde.
Le collectif anti-nucléaire bordelais Tchernoblaye
demande à Alain Juppé (porte parole
du gouvernement en mai 1986) de s'expliquer.
Retombées de Tchernobyl en France : une nouvelle expertise (Le Quotidien du Medecin 1/3/02)
Tchernobyl : l'atlas qui accuse - avec carte - (Le Progres 1/3/02)
Tchernobyl : l'État français
aurait menti (La Nouvelle République 1/3/02)
Une malade : « Après Tchernobyl on
nous a menti » (Le Parisien 28/2/02)
Un nuage dans le brouillard (l'humanité
28/2/02)
Communiqué de presse du 27 février
2002
(du Réseau
Sortir du Nucléaire)
Aujourd'hui, le Réseau Sortir du Nucléaire, fédération
de 613 associations, apporte une nouvelle pièce au dossier
sur le mensonge d'Etat lors de la catastrophe de Tchernobyl.
Le document (disponible sur le site internet du Réseau)
est le texte intégral d'un telex envoyé le 2 mai
1986 au service central de médécine nucléaire
de Nancy par le SCPRI.
Ce texte écrit par le professeur Pierre Pellerin (directeur du Service Central de Protection contre les Rayonnements Ionisants - ministère de la santé) est suffisament explicite pour que chacun puisse se faire sa propre opinion sur le sujet.
C'est dans ce sens que le Réseau Sortir du Nucléaire
a fait le choix de le rendre public.
Une pièce supplémentaire pour bien resituer d'information
diffusée en France juste après, ce qui reste encore
à ce jour, une catastrophe industrielle majeure .
Le culte du secret nucléaire n'a que trop duré. Nous exigeons la réouverture de tous les dossiers du nucléaire et leur libre accès à tous les citoyens.
Nous demandons la mise en place de comités de contrôle citoyens de toutes les installations nucléaires française, civiles et militaires.
Contact presse : Pascal Braud 06 80 127 720 André Crouzet 06 85 22 71 33
VALENCE 26 fév - Les responsables de la Criirad (Commission de recherche et d'information indépendante sur la radioactivité) ont accusé le gouvernement français d'avoir caché en 1986 les conséquences pour la France de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl.
Une quinzaine de jours après la catastrophe dans la nuit du 25 au 26 avril 1986, le gouvernement français alors dirigé par Jacques Chirac connaissait l'ampleur de certaines retombées radioactives mais s'est refusé à les communiquer, ont-ils affirmé lors d'une conférence de presse à Valence, dans la Drôme.
Le laboratoire indépendant s'appuie sur des documents saisis par le juge d'instruction Marie-Odile Bertella-Geffroy.
Cette dernière instruit une plainte pour "empoisonnement", requalifiée par le parquet en "coups et blessures involontaires", déposée par des malades atteints d'un cancer de la thyroïde et pour laquelle la Criirad s'est portée partie civile.
Sur l'un de ces documents, manuscrit et rédigé par un haut fonctionnaire non identifié, on lit: "Nous avons des chiffres qui ne peuvent être diffusés".
La note a été rédigée le 16 mai 1986 lors d'une réunion de crise tenue au ministère de l'Intérieur. Elle relevait, entre autres, la présence dans du lait de brebis en Corse d'une contamination par l'iode 131 de plus de 10.000 becquerels par litre.
A l`époque la réglementation européenne préconisait de retirer de la consommation tout produit alimentaire contenant plus de 500 bq/l.
La Criirad a fait ses révélations lors de la
présentation de "l'atlas France et Europe : contaminations
radioactives" qui établit à partir de dizaines
de milliers de relevés réalisés en 2000 sur
l'ensemble de l'Europe la situation actuelle de la contamination
des sols.
"MENSONGES FLAGRANTS"
Il en ressort qu'à la différence notable de l'Autriche, de l'Allemagne et de la Suisse qui avaient adopté des mesures préventives consistant en un certain nombre de conseils donnés à la population (ne pas rester sous la pluie, ne pas consommer des légumes à larges feuilles, éviter le lait...) la France a toujours minimisé l'impact de la contamination de son sol due à l'explosion de Tchernobyl.
Mettant en cause la gestion de la crise par le ministère de l'Industrie, dont le titulaire Alain Madelin était chargé d'exposer la position du gouvernement, "alors que cela aurait dû être de la responsabilité du ministère de la Santé", selon la directrice de la Criirad, Corinne Castanier, l'organisme indépendant s'interroge : "Pourquoi ces mensonges flagrants, ces erreurs manifestes, ce silence des organismes officiels et même des scientifiques ?".
La Criirad avance un élément d'explication, en s'appuyant sur des notes saisies dans les différents ministères par le juge d'instruction : "L'Etat voulait protéger son parc nucléaire", dit Corinne Castanier.
Elle a présenté une note rédigée le 18 janvier 1988 lors d'une réunion à Matignon, à l'issue d'une réunion d'un comité interministériel.
L'auteur de cette note portant sur la discussion au niveau européen des normes de radioactivité des denrées alimentaires, se félicite que la France "qui en 1986 était la seule à défendre ses positions" ait "réussi (...) à réunir la minorité nécessaire pour empêcher les décisions contraires à ses intérêts".
Plus loin, le rédacteur précise sa pensée
en s'inquiétant que les normes européennes puissent
être revues à la baisse, voire que soient instituées
des normes de rejets, "ce qui aurait alors pour nos installations
nucléaires des conséquences beaucoup plus directes
et qu'il convient donc de prévenir".
LYON 24 février 2002 - La Commission de recherche et d'information indépendante sur la radioactivité (CRIIRAD), qui assure que les autorités françaises ont minimisé la gravité des retombées de l'accident de Tchernobyl en France, publie un atlas complet de la contamination et va le communiquer à la justice.
L'atlas, publié aux éditions Yves Michel (à Barret-sur-Méouge, dans les Hautes-Alpes), recense les mesures de contamination des sols par le césium 137 effectuées par des scientifiques pour la CRIIRAD entre 1987 et 1993, en France et dans plusieurs pays européens, a-t-on appris auprès de l'organisation.
Cartes et graphiques à l'appui, la CRIIRAD, qui présentera officiellement son atlas à la presse et au public mardi à son siège, à Valence (Drôme), réaffirme que le degré de contamination du territoire français a été "considérablement sous-évalué" et que les mesures réglementaires qui auraient dû être prises à l'époque ne l'on pas été.
L'atlas sera communiqué à un juge parisien qui instruit une plainte contre X déposée par 200 malades de la thyroïde.
La cartographie est précédée d'un "dossier de référence démontant point par point la façon dont les autorités se sont efforcées - et s'efforcent encore - de sous-évaluer la réalité de la contamination de la France par les retombées de Tchernobyl", assure la CRIIRAD.
Le réacteur nucléaire, situé en Ukraine, a explosé le 26 avril 1986, envoyant un nuage radioactif, qui, porté par les vents, a traversé toute l'Europe. Alors que l'Allemagne et d'autres pays prenaient des mesures pour protéger la population - interdisant notamment la consommation de certains produits alimentaires - le gouvernement français avait annoncé que les vents avaient détourné le nuage avant qu'il ne passe la frontière française.
Selon la CRIIRAD, tout l'est de la France, de l'Alsace à la Corse, a été contaminé, avec des niveaux élevés dans le Jura, dans les Hautes-Alpes et les Alpes-de-Haute-Provence.