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Contre les centres fermés pour étrangers, tous à Vottem le 17 mars!
by (posté par zumbi) Sunday March 03, 2002 at 01:50 PM

Manifestation du Dimanche 17 mars à 14H30, du parc de l'Hopital de la Citadelle jusqu'au centre fermé de VOTTEM.

Bientôt trois ans que le centre fermé de Vottem est en fonctionnement. Et je n'ai pas envie de m'habituer !
Je ne peux pas et je ne veux pas accepter:

. que soient détenues des personnes sans décision de justice. C'est un déni de droit.

. que la durée de la détention soit totalement inconnue au moment où celle - ci commence. C'est un autre déni de droit.

. que ce camp soit une machine à renvoyer les détenus dans des conditions de misère, de guerre, d'emprisonnement ou de maltraitance qu'ils ont fuies . C'est inhumain.

. que les détenus n'aient pas la possibilité juridique de porter plainte puisqu'ils " n'existent pas " comme sujet de droits. Le centre est un lieu de non-droit.

. que le détenu qui va être expulsé ne l'apprenne que la veille... simplement par le fait d'être conduit à l'isolement en infirmerie; et que celui qui est "libéré" avec un ordre de quitter la Belgique endéans les 5 jours, ne l'apprenne que quelques minutes ou quelques heures avant de se retrouver seul sur le trottoir de Vottem. Cette incertitude est une torture.

. que des détenus qui résistent à l'expulsion en avion soient humiliés, injuriés, blessés, battus. c'est une autre torture.

.que la direction du centre puisse décider d'autoriser ou d'interdire une visite ou la réception du courrier sans explication, sans justification et bien entendu sans possibilité de recours. C'est quitter la sphère du droit pour entrer de plein pied dans celle de l'arbitraire et ce,.... officiellement , en toute " légalité".

Pour toutes ces raisons et pour bien d'autres, plusieurs personnes se rassemblent devant les grilles du Centre, mercredi après mercredi, samedi après samedi, de 16 heures à 17 heures, depuis bientôt 3 ans. Et chaque fois que je le peux ( en ce qui me concerne une fois par semaine ou une fois tous les quinze jours) je suis fier de faire partie de ces résistant(e)s...

Comme les grilles qui entourent le camp ont été opacifiées par des treillis et des plantes grimpantes, l'un d'entre nous monte sur une escabelle et , par mégaphone, explique : "Bonjour! Hello! How are you ? Como estan ? Comment allez-vous? Nous venons comme chaque mercredi et chaque samedi manifester notre solidarité../... Nous ne sommes pas d'accord avec notre gouvernement qui a créé ces centres fermés.../...si vous le voulez nous pouvons prendre contact avec votre Avocat... nous avons une boite postale à laquelle vous pouvez écrire dans n'importe quelle langue. Voici aussi le numéro de téléphone auquel vous pouvez nous contacter tous les jours de 17 à 18 heures 30...."

Puis nos oreilles se tendent à l'écoute des voix qui crient. A cause de la distance et du bruit de l'autoroute voisine, il est parfois difficile de comprendre :

" Pourquoi est ce que je suis enfermé , Je n'ai rien fait."
"Pouvez-vous m'envoyer un dossier expliquant les émeutes et la repression dans tel pays d'Afrique en mai 1993 ? J'en ai besoin pour mon dossier..."
" Je m'appelle M.... T..., je voudrais une carte de téléphone..."
" Je veux mourir" ou " J'ai peur, hier ils ont expulsé 6 personnes"
" Faites quelque chose . Je ne veux pas retourner dans mon pays"
" Pouvez-vous téléphoner à mon frère à tel numéro ?"
" Je vous souhaite un bon week-end"
" Have a good year..."

Souvent nous nous sentons impuissants, le cœur serré. Ainsi, un de mes plus forts souvenirs date d'un mercredi d'été lorsqu'une enfant de 11 ans est montée sur l'escabelle et a agité ses bras en criant : "On est des enfants, on veut vous aider". Le désespoir etait palpable . Ce jour là, ma fille de 10 ans sanglotait doucement, en silence, longtemps dans mes bras.... .

Mais par ailleurs, je suis persuadé que notre résistance tenace gêne la machine du non-droit. Et un détenu libéré m'a dit : " Jamais en prison quelqu'un ne s'est intéressé à moi comme cela".

Si nous nous habituons à ces espaces de non droit et d'arbitraire que sont les centres fermés, alors par contagion, ce sont d'autres droits qui seront en péril dans notre société. C'est aussi pour cela que je veux résister . Et j'invite mes enfants, mes amis, et vous lecteur, lectrice à ne pas vous résigner, à ne pas vous habituer...

Par exemple en participant à la manifestation du dimanche 17 MARS à 14H30, du parc de l'Hopital de la Citadelle jusqu'au centre fermé de Vottem.
article de Didier SOMZE in " La lettre du 32 - numéro 2 - février 2002". Article transmis par: kellneralain@hotmail.com

Site web de la manifestation à Vottem
by Fabien Sunday March 03, 2002 at 05:57 PM

Voir le site de la manifestation pour plus d'infos